Blues |
Le surdoué de la six cordes nous revient avec un nouvel opus, un de plus, déjà, dans lequel il explore de nouvelles pistes, de nouveaux espaces, de nouveaux univers qui semblent n’avoir jamais été explorés d’aussi belle manière. Le lascar n’est pas seulement doué ou surdoué, c’est un génie de la guitare qui vibre et vit au son de ses cordes. Il fait corps avec son instrument et le fait jouir de la plus belle des manières.
Encore plus d’envolées lyriques et de riffs foudroyants, voilà ce que le Joe vous réserve sur cet opus qui va faire rougir vos enceintes. L’orgasme musical est intense, illimité, et l’on se demande déjà ce que le lascar nous réserve pour la prochaine galette, car au rythme auquel il nous sort des albums, le Joe, attendons-nous à voir débouler encore quelque chose de grandiose avant fin de cette année.
Côté chant, il faut bien avouer que son aventure avec Black Country Communion et Glen Hughes a incontestablement changé quelque chose dans la voix du bonhomme. Joe a pris de l’assurance, de la bouteille, diront les marins ou mes collègues de comptoir. La voix a pris de l’ampleur, de la densité, de la profondeur et, du coup, les chansons y gagnent quelque chose de plus. On se prend même à se demander ce que donneraient les chansons de ses premiers albums avec pareille voix…
Compère devenu complice, John Hiatt s’impose magistralement au chant sur un magnifique ‘Tennessee Plates’ à faire dresser les poils, signe peut être que Joe et John se retrouveront plus souvent à l’avenir, les deux faisant admirablement la paire.
Le reste de l’opus est tout aussi admirable, avec cette inspiration et cette luminosité qui irradie tous les titres, à commencer par ce somptueux ‘Slow train’ qui ouvre l’album, invitation à une longue traversée de la côte est à la côte ouest dans un train conduit par Bonamassa et dont on ne descendrait pour rien au monde. Un train dont chaque halte serait à marquer d’une pierre blanche, comme ce superbe ‘Heartbreaker’ où la voix de Glen Hughes nous accueille, puissante et intense à la fois.
Un boulot d’orfèvre qu’aucune égratignure ou faute de goût ne vient abîmer, un boulot que vient souligner le superbe livret, un ouvrage de 60 pages avec couverture cartonnée qui fait de ce packaging un véritable ‘collector’.
Indispensable, réellement indispensable!
‘Hey Joe’, chantait Jimi Hendrix. Nous serions tentés de hurler la même chose tant nous savourons avec un immense plaisir tout ce qui nous arrive de nouveau de ce Joe new-yorkais désormais installé à Los Angeles. Les guitares miaulent, geignent et gémissent si bien qu’elles nous font pénétrer à chaque fois, enthousiastes, dans l’univers du jeune homme. De nouvelles sonorités viennent même s’entrechoquer ici avec celles qu’on lui connaissait déjà.
La chanson qui donne son titre à l’ouvrage nous fait bien entendu penser au Pink Floyd de David Gilmore, ‘Dust Bowl’, du nom de la catastrophe écologique qui a touché pendant une dizaine d’années la région des grandes plaines aux Etats-Unis et au Canada, dans les années ‘30, pendant la grande dépression, avec cette désastreuse série de tempêtes de poussières qui dévastèrent des régions entières et firent se déplacer des populations par centaines de milliers.
Ce n’est pas la première fois que Joe Bonamassa s’inscrit pleinement dans l’histoire et l’imaginaire de son pays, ‘The ballad of John Henry’ constituant l’un des précédents, et un titre comme ‘Tennessee Plates’ venant confirmer cette démarche de l’artiste.
John Hiatt, auteur-compositeur-interprète qui composa pour Bob Dylan, Willy De Ville, Linda Ronstadt, Eric Clapton et B.B. King, entre autres, est le premier hôte de l’opus. Des invités au nombre de trois, avec Glenn Hugues, le second sur la liste et compagnon de studio et de route de Joe Bonamassa au sein de Black Country Communion, formation dans laquelle il tient la basse.
Le troisième invité, Vince Gill, auteur-compositeur-interprète de musique country américaine, se fit connaître tout d'abord comme membre du groupe de country rock Pure Prairie League dans les années ‘70 puis comme artiste solo à partir de 1983.
Des invités qui contribuent à ce que la teneur de cet ouvrage soit différente des précédentes galettes de l’artiste car elle sonne plus rock et plus america roots. Cela pète toujours le feu et Joe nous arrose encore et encore de sonorités fabuleuses à la six cordes.
On découvre aussi de nouveaux sons à chaque écoute car cette galette est une mine dans laquelle on va de nouveauté en nouveauté de manière permanente. Nouveaux riffs ou nouveaux soli, tout est prétexte à lâcher un déluge de décibels de qualité exceptionnelle!
Du légendaire ‘Slow Train’ à ‘The Meaning Of The Blues’ en passant par ‘The Last Matador of Bayonne’, souvenir de la tournée de l’été dernier, de ‘Black Lung Heartache’ à ‘You Better Watch Yourself’ en passant par ‘The Whale That Swallowed Jonah’, le trip est fabuleux. Et le Vince n’a pas sa voix dans la poche! Il apporte une superbe dimension folk-rock au morceau dans laquelle il joue, ‘Sweet Rowena’, qui n’est pas sans nous évoquer le grand Clapton.
Se pose désormais la question de savoir quel autre chef d’œuvre nous sortira prochainement le Joe…