Blues |
Boulimique le Joe! A peine a-t-il sorti son DVD Live (‘Live from New-York – Beacon Theatre’) que le revoici avec son 13ème album studio, qui suit ‘Dust Bowl’ l’année dernière, sans oublier l’album en duo avec Beth Hart, ‘Don’t Explain’ et celui de Black Country Communion, son super groupe avec Glen Hughes (Deep Purple), Jason Bonham (Led Zeppelin, Foreigner) et Derek Sherinian (Dream Theater, Billy Idol)! Jamais très bon de s’éparpiller à ce point, sortir autant de trucs, même si on comprend cette soif de récolter les fruits d’une gloire durement acquise sur les routes depuis 15 ans. Et ce trop-plein se sent sur ce nouvel album. Bien sûr, Joe n’a jamais si bien joué (et chanté, quels progrès!). Il sait aussi s’entourer, puisqu’il s’est ici adjoint les services de Brad Whitford, guitariste d’Aérosmith, de Blondie Chaplin (Rolling Stones) ou Pat Thrall (Hughes/Thrall, Pat Travers, Asia), sans parler d’invités comme Jimmy Barnes qui vient ici chanter sur son propre hit de 1987, ‘Too much Ain’t Enough Love’. Joe, avec l’aide de son âme damnée Kevin ‘Caveman’ Shirley, sait aussi choisir des reprises qui vont faire le buzz, le ‘Who’s Been Talkin’ de Howlin’Wolf et le ‘Stones In My Pathway’ de Robert Johnson, ou diversifier l’offre en reprenant du Tom Waits (‘New Coat Of Paint’), du Bill Withers (‘Lonely Town Lonely Street’) ou du Willie Dixon (‘I Got All You Need’). Ben alors, c’est quoi le problème, Frenchy?? Ben, le problème c’est cette impression de déjà vu, déjà entendu plutôt, ce manque de surprise, ces compos si prévisibles avec ces suites d’accords mille fois entendues (‘Driving Towards the Daylight’,’Somewhere Trouble Don’t Go’), cinq seulement d’ailleurs, ce qui confirme que Joe en fait trop, laissant presqu’entrevoir l’album de trop dans un avenir pas si lointain. Bien que très agréable à écouter, celui-là n’est pas passé loin…
Paris-Move
Chaque nouvelle parution de Joe Bonamassa est à marquer d’une pierre blanche! Vue la fréquence avec laquelle paraissent les galettes (13 CD en 12 ans), on s’étonne tout d’abord de l’imagination créatrice du compositeur, puis l’on cherche perfidement à trouver le morceau dans lequel on aura la preuve que le jeune new-yorkais s’essouffle enfin et ne répète plus que des choses déjà entendues. Mais là commencent les difficultés, justement! Car dès la fin de son ‘Dislocated Boy’ qui inaugure la nouvelle galette, les riffs rageurs et puissants vous submergent à nouveau, sortis de nulle part, comme sur les précédents opus. Et son interprétation du ‘Stones In My Passway’ de Robert Johnson vous pénètre les ouïes pour ne plus vous lâcher, confirmant que le garçon dispose encore de ressources fabuleuses. D’autres titres soulignent, eux, que le Joe se bonifie également dans les compos au tempo moins soutenu! ‘Driving Towards The Light’ ou ‘A Place In My Heart’ en sont la preuve! Le ‘Who’s Been Talking?’ d’Howlin’Wolf, est une véritable reprise-hommage à l’un de ceux qui lui ont donné et l’envie de jouer de la guitare et l’envie de créer de si bons blues. Le riff sur ce titre évoque même certains grands classiques de Led Zep, justement. Ce qui n’est pas fait pour nous surprendre, puisque la reprise suivante est celle d’un titre de Willie Dixon, lui-même source d’inspiration pour Jimmy Page & Co. Je pourrais poursuivre ainsi longuement, en vous commentant ainsi chaque chanson de l’album, car il n’y a que des choses positives à écrire sur chacune d’entre elles. Lorsque ce n’est pas le riff qui sonne encore mieux que d’autres, c’est la voix ou la mélodie, ou le solo de guitare qui arrache les superlatifs, car s’il est vrai que la voix a gagné en maturité depuis quelques opus, le temps que Joe Bonamassa passe sur ses guitares lui permet d’être classé parmi les plus grands de cet instrument!
En tout, onze grands moments à passer avec Joe qui signe là un retour aux racines du Blues remarquable. Priorité aux reprises (sept), complétées par quatre compositions originales du garçon. Côté reprises, il a puisé dans le répertoire de Robert Johnson, Howlin’ Wolf, Willie Dixon, Bernie Mardsen, Bill Withers, Tom Waits et Jimmy Barnes, qui chante d’ailleurs (et de superbe manière) dans ce titre qu’il a composé!
Si certains des auteurs ci-dessus font figures d’icones dans le Gotha du Blues, on y trouve associés le génial Tom Waits, mais aussi Bernie Mardsen, un anglais qui s’illustra, entre autres formations diaboliques, avec Whitesnake. De son côté Bill Withers signa huit albums entre 1971 et 1985 après avoir commencé sa carrière chez Sussex Records, et l’australien d’adoption né en Ecosse, Jimmy Barnes, est un singer songwriter rock qui a déjà enregistré 14 CD, rien que ça. Et rien que du beau monde, en fait! La collaboration avec Kevin Shirley s’avérant, une fois de plus, particulièrement payante! Le son est énorme, monstrueux d’efficacité, de ceux qui donnent envie d’écouter la musique comme il se doit, haut et fort.
Le combo en studio n’est pas le même qu’en tournée, aussi est ce la raison pour laquelle nous allons mentionner les zicos qui sont de la partie: Brad Whitford à la guitare, de même que Harrison Whitford et Blondie Chaplin, Arlan Schierbaum aux claviers, Michael Rhodes ou Carmine Rojas à la basse et Anton Fig à la batterie. On aura noté au passage que seule la présence de Carmine Rojas établit un lien entre cette formation réunie en studio et celle qui sillonne les routes du monde entier. D’ailleurs, en guise de conclusion, je dirai simplemet qu’on les attend déjà, et vite, dans l’hexagone…. !