HOMMAGE À PHILIPPE PASCAL – De Quelle Couleur Est La Passion?

Note A Bene
Indie Pop, Indie rock
HOMMAGE À PHILIPPE PASCAL - De Quelle Couleur Est La Passion ?

En France, même si l’on a parfois un peu de mal à le faire pour les vivants, on sait honorer les morts. Disparu volontaire en 2019 (comme son comparse Frank Darcel quatre ans et demi plus tard), Philippe Pascal ne fut pas que la figure de proue de Marquis de Sade, puis celle de Marc Seberg. Séparés à l’aube des années 90, ces derniers donnèrent ensuite lieu à Philippe Pascale, dérivé des prénoms du couple amoureux et musical que Philippe formait avec Pascale Le Berre (claviériste de Complot Bronswick, puis de Marc Seberg). Il faut se souvenir qu’en ces eighties new-wave, la scène rennaise tenait le rang de phare musical dans l’Hexagone – et que son aura persiste encore de nos jours, à travers les trajectoires d’artistes tels que Miossec, Dominique A et Étienne Daho. Rien d’étonnant à ce que l’on retrouve donc ces deux derniers parmi les neuf condoléants entourant celle qui fut sa compagne, pour ce troublant hommage qui s’ouvre sur la mise en musique d’un texte de Baudelaire par celle-ci, avec un Marc Seberg reformé pour l’occasion, et au micro le barde breton Alan Stivell (ce “Recueillement” initialement enregistré par le groupe sur son second opus en 85, tout comme “L’Éclaircie” que reprend ici Dominque A). Issu de son prédécesseur, “Jour Après Jour” bénéficie d’une superbe interprétation de l’ami Daho. On soulignera également les prestations d’Axelle Renoir (“Jeux de Lumières”), Jeanne Cherhal (accompagnée de Nouvelle Vague sur “Les Ailes De Verre”), Nicolas Comment (“Les Nuits Chrysler”) et Denis Bortek (“Je T’Accorde”), ainsi que celles de Théo Hakola, ex-Orchestre Rouge et Passion Fodder (“Strikes”) et Blaine L. Reininger de Tuxedo Moon (“Quelque Chose, Noir”). Au milieu de ce florilège, Pascale Le Berre sème une pépite, avec le splendide inédit “I Am A Book” (enregistré par le couple en l’an 2000), où la voix de Philippe s’exprime en anglais dans une veine à faire pâlir John Cale et The Divine Comedy. Ultime occasion de goûter l’écriture fine et ciselée d’un parolier-poète (qui se targuait pourtant, par défi, de privilégier la musique à l’encontre des textes), ce disque ne célèbre certes pas la gaudriole (ce n’est ni le genre, ni le sujet), mais voilà: comme Bashung, Brassens, Nino Ferrer, Christophe, François Béranger (et même, plus récemment, Dominic Sonic, chroniqué ICI), Philippe a désormais droit lui aussi à son monument funéraire sonore… En 1980, Actuel titrait en les plaçant en couverture: “Les jeunes gens modernes aiment leur maman”. Quarante ans plus tard, comme en témoigne ce bel album, cette génération refuse toujours de jouer aux vieux cons.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, November 7th 2025

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Portrait : Philippe Pascal