GYASI – Rock & Roll Sword Fight

Alive Records Natural Sound
Rock
GYASI - Rock & Roll Sword Fight

On vous présentait ce phénomène il y a trois mois à peine, et le voici déjà de retour, avec cette fois un album live que son titre annonce saignant. “Love in the middle of a fire fight”, comme le célébrait Iggy voici un demi-siècle sur son “Search And Destroy”: décidément, les références de Gyasi Heus restent bien ancrées dans cette période cruciale de l’histoire du rock. Celle où les kids (comme les désignaient Lester Bangs et ses disciples) carburaient autant à Slade, T-Rex et Gary Glitter qu’à Bowie, Lou Reed et Led Zep, laissant à leurs grands frères le soin de réviser leur Bac à l’écoute de Yes, Genesis et le Floyd. Une époque que le jeune Gyasi n’a forcément vécue que par procuration (ses parents, dans leur ferme de West-Virginia, y disposant d’une impressionnante collection de vinyles), mais dont il restitue étonnamment de nos jours l’esprit exubérant et iconoclaste. C’est spectaculairement vers les Stooges de “Raw Power” qu’oscille la boussole du “Cheap High” d’ouverture, les guitares de Gyasi et de Ricky Dover Jr y retrouvant les accents et les crescendos du jeune James Williamson d’alors. Passé cette mise en bouche aux relents toxiques, le drumming à la Gary Glitter du “Tongue Tied” qui estampillait son second album studio (“Pronounced Jah-See”, chroniqué ICI) achève de planter le décor. Les intros majestueuses de “Fast Love” et “Baby Blue” (aux arpèges de guitares célestes sur fond de synthé vintage) renvoient, elles, au Zep de “Houses Of The Holy” (ainsi qu’au regretté Mick Ronson de “Moonage Daydream” pour le second), tandis que “Godhead” et la plage titulaire persistent à perpétuer la Marc Bolan expérience. Le quasi-flamenco “23” n’aurait pas déparé le répertoire du regretté Steve Harley, et le medley “All Messed Up” ravive les ombres des Doors et des New-York Dolls, avant que “Sugar Mama” (sans relation avec Taste ni John Lee Hooker) n’enfonce l’ultime clou glam dans le cercueil de ce début de millénaire (avec son pont façon Alice Cooper). Équivalent rock de la fameuse madeleine de Proust (du moins pour ceux qui eurent treize ans en 72), Gyasi s’avère encore plus anachronique de nos jours que ne le paraissait Ziggy Stardust en son temps. Si l’on peut certes regretter que la prise de son et le mixage de ce live poussent la reconstitution historique jusqu’à usurper les faiblesses technologiques d’époque (le “Humble Pie – Rockin’ The Fillmore” sonnait pareil en 71), on ne peut néanmoins que s’avouer bluffé par tant de conviction et de savoir-faire.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, May 12th 2024

Follow PARIS-MOVE on X

::::::::::::::::::::::::::

Album à commander ICI (en CD et/ou LP)