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Bon Dieu, la DeLorean du Doc a encore dérapé! Bref rappel historique: en 1972, le futur (largement inspiré par la science-fiction d’alors) s’incarnait en Ziggy, Sparks, T.Rex et autres Suzy Cointreau (du moins pour les teenagers d’alors, dont je confesse avoir fait partie). Quant à la nostalgie, elle était servie par Sha-Na-Na, Flash & The Continental Kids et Au Bonheur Des Dames. Bref, entre le télescope et le rétroviseur, une génération commençait à tourner la page du flower-power et de Mai 68, tandis que ses aînés se réfugiaient dans le prog, le folk et le krautrock. On aurait dû le voir venir: tôt ou tard, un glam revival devait bien se produire, mais on s’y préparait avec un scepticisme mêlé d’ironie condescendante. Bolan, Bowie, Roxy et Ronson dûment enterrés, quels artefacts de carnaval allait-on bien pouvoir soumettre à nos quolibets?.. Eh bien, question persiflage, on en sera pour nos frais: natif de West-Virginia, Gyasi s’avère l’un des phénomènes de réincarnation les plus stupéfiants que le rock ait jamais produits. Croyez le ou non, son premier album ranime les fantômes de comètes certes datées au carbone 14, mais étonnamment vivantes sous ses doigts. Bref état des lieux: si le “Burn It Down” d’ouverture et “She Don’t Care” n’auraient pas déparé le répertoire de Mott The Hoople, “Tongue Tied” emprunte éhontément le drum-pattern du “Rock & Roll Part 2” de Gary Glitter, tandis que “Androgyne” évoque le Lou Reed de “Transformer”. Et le carrousel des références ne s’arrête pas là, puisque “Blackstrap”, “Walk On” et “Fast Love” mixent le Bolan de “The Slider” avec celui d'”Electric Warrior”, pendant que “All Messed Up”, “Feed Your Face” et “Kiss Kiss” lorgnent vers le Bowie de “Suffragette City” (et “Little Tramp” vers celui du “Andy Warhol” de “Hunky Dory”, voire “Godhead” vers “Starman”, avec son solo de guitare ronsonien). Accordons nous une pause dans cet inventaire: si le pastiche s’avère aussi flagrant que savoureux, la plupart des treize plages de ce premier album n’en débordent cependant pas moins d’une confondante crédibilité. Bon Dieu, je m’étais pourtant juré de plus tomber dans ce genre de panneau… À ma décharge, tout a l’air cette fois tellement vrai que l’on s’y croirait pour de bon: pendant que mes cheveux repoussent, je vais donc m’empresser d’acheter les Best et Extra du mois chez mon buraliste de quartier, avec mon argent de poche du dimanche… Garçon, un lait-fraise, avant que la boum commence!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, February 11th 2024
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