GIULIA MILLANTA – Woman On The Moon

Ugly Cat Music
Americana
GIULIA MILLANTA - Woman On The Moon

Depuis l’avènement (pas si lointain qu’on ne le croit) de cette espèce hybride que l’on nomme singer-songwriter, qu’en espère-t-on au juste? Oh, nulle virtuosité, certes (hormis peut-être celles de la rime et de la métrique). On laisse ce type d’obsession aux générations de shredders qui ne cessent de s’échouer successivement dans leur propre écume, telles des vagues irrésolues se brisant sur la rive. Non, de Phil Ochs et Fred Neil à Billy Corgan, et de Harry Chapin et Jim Croce à Cat Stevens (en passant par Lou Reed, John Prine, Harry Nilsson, Townes Van Zandt, Paolo Conte, Michael Stipe, Dylan, James Taylor, Warren Zevon, Jonathan Richman, Gérard Manset et le Bowie de “The Man Who Sold The World”), ce que l’on attend d’eux, c’est qu’ils nous entr’ouvrent les portes de leur univers. À ce titre, on n’est guère éloigné ici du Kabuki ou du stand-up: avec une relative économie de moyens, il s’agit en effet de transporter l’auditeur vers des sphères jusqu’alors insoupçonnées, au risque de bousculer certaines de ses certitudes. À ce jeu, Giulia Millanta est devenue experte. Nous avons eu l’occasion de présenter ses deux précédentes livraisons (“Conversation With A Ghost“, chroniqué ICI, et “Tomorrow Is A Bird“, chroniqué ICI): Italienne de Florence relocalisée à Austin, Texas, elle en est déjà à son huitième album en quinze ans. Bien que toujours ancrée dans une Americana moins revendiquée, la concision avec laquelle elle délivre celle-ci (elle aux guitares, piano, chant et percussions diverses, ainsi que, pour la troisième fois d’affilée, le multi-instrumentiste, co-producteur et créateur de climats Gabriel Rhodes, sans oublier l’apport sensible de deux batteurs distincts) sertit des compositions traitant tour à tour de solitude et d’aliénation (les pétrifiants “The Guest” et “Mad Man On The Moon”, sorte de croisement entre le “Fool On The Hill” de qui-vous savez, et le Major Tom de qui-vous-savez aussi), d’émancipation (“Go South”, “Run Away”), d’inconséquence (“You Don’t Wanna Know” ou le non moins implacable “The Ghost Of Yourself”) et de résilience (“Looking For Bliss” et le mantra “The World Is In Your Heart”, proposé en deux versions), pour une expérience sensorielle immersive au possible. Ajoutons que l’expressivité de son chant n’a peut-être jamais été mieux restituée qu’ici (son interprétation du “The Way That You Are” d’Eliza Gylkison tire des larmes). Si l’on se fie à l’universalité de son propos, cette femme doit être medium, je vous en fiche mon billet…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 10th 2022

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Album à commander ICI

Recommandé par la rédaction de Paris-Move:
“Woman On The Moon” Vinyl + “Tomorrow Is A Bird” Vinyl: à commander ICI

Trailer de l’album:

Giulia Millanta – Mad Man on the Moon (Live at The Saxon Pub in Austin, Tx – “Woman on the Moon” record release party)