Americana

Italienne de Florence relocalisée à Austin, Texas, Giulia Millanta publie son septième album en douze ans. Maîtresse écuyère depuis son plus jeune âge (en dépit d’un accident de cheval qui lui valut une fracture du crâne et des semaines de coma), elle est diplomée de médecine générale (bien que n’ayant jamais exercé). Férue de voyages, elle s’établit 18 mois durant à Barcelone, avant de rentrer à Florence pour y enregistrer un premier album. Sa bougeotte ne lui laissant guère de répit, elle finit par atterrir à Austin, pour s’y lier avec la crème de la scène locale, et y enregistrer sur place son troisième effort avec divers talents du cru. Si l’on put un temps la catégoriser sous le terme générique (et valise) d’americana, elle n’en conserve plus guère que certains ingrédients de base (songwriting, instrumentation, pedal-steel), pour ne pas moins s’en libérer dès la plage d’ouverture. Ce “Castle In the Clouds” emprunte en effet suffisamment au John Lennon de “I’m The Walrus” pour lui sembler un hommage, tandis que “In A Dream” affiche une touche swing assumée, comme un mix entre la Marianne Faithfull de “Faithless” et Brian Setzer. Mais la Millanta ne s’avère jamais si poignante qu’au fil de ballades brisées comme ces terrassants “Sugar Home”, “Kiss You Goodbye” et “Violet”, à faire blêmir de jalousie Shelby Lynne, Allison Moorer, Diana Demuth et Emily Barker. Le quatuor à cordes introduisant “Breathe” et le semi-tango “Quiet Fight” achèvent de nous persuader que nous voici désormais en présence d’une artiste majeure, totalement libre de son expression. Il n’est que temps d’accorder à Giulia Millanta la place qui lui revient de haute main dans le paysage musical actuel: un classique en puissance.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 21st 2020