GA-20 – Crackdown

Colemine / Karma Chief Records / Modulor
Blues, Rhythm 'n' Blues
GA-20 - Crackdown

Que l’on y trouve ou non matière à se réjouir, ce bon vieux blues des familles est lui aussi parvenu à sa génération 5.0. Non pas que les vaines tentatives de le marier à des courants contemporains (punk rock, reggae, funk ou hip-hop) se soient révélées particulièrement probantes, mais parce que, sa vaste ressource patrimoniale aidant, ses récents convertis lui appliquent dorénavant une approche plus syncrétique. Depuis que les Stones, Yardbirds et autres apôtres successifs du british blues boom ont œcuméniquement vulgarisé Robert Johnson, Big Bill Broonzy ainsi que maints de leurs hérauts chicagoans, et qu’en réaction à la déferlante heavy des seventies, quelques thuriféraires anglo-saxons en eussent réhabilité les valeureux héritages Texan, Louisianais et West-Coast, la synthèse qu’en opérèrent les Européens (en vertu de leur distance avec ses particularismes vernaculaires) se propage à présent aux States mêmes. Comme le confirme le troisième album de ce trio guitares-batterie de Boston, le blues revival actuel tend à se focaliser davantage sur l’essence du genre, plutôt que de se préoccuper de l’orthodoxie de ses atours. Ce n’est nullement un hasard si son prédécesseur proposait une re-création (à la lettre près) de la démarche iconoclaste d’un combo vétéran qui élut en son temps résidence au Florence’s Club de la Windy City. “Does Hound Dog Taylor. Try It… You Might Like It!”  (chroniqué ICI) leur ouvrit en effet (à grands coups de Converses) les portes des charts, des radios et de la presse spécialisés. Offrant aux masses l’occasion de (re)découvrir la dimension brute et intrépide du blues amplifié (dès lors qu’on le pratique avec pour ambition d’exorciser modestement la rudesse des temps), GA-20 est en passe de rallumer la mèche – que l’on crut longtemps rancie – d’un genre n’aspirant qu’à redevenir populaire. Si, avec ses chœurs, ses effets flanger sur les guitares et son twist beat, le “Fairweather Friend” d’ouverture ne manquera pas d’alimenter les comparaisons avec les Black Keys, le mix country-swamp de “Dry Run” renvoie pour sa part au trio twangy des Paladins, avant que le claudiquant “Easy On The Eyes” n’évoque à son tour Jimmie Vaughan reprenant Howlin’ Wolf. La plage titulaire s’avère un rhythm n’ blues instrumental, dans la veine des PPX Studio sessions de Jimi Hendrix avec Curtis Knight (wah-wah inclue), et la cover du “Just Because” de Lloyd Price et Giuseppe Verdi – yes – (repris bien vite par Larry Williams, et dont Lennon restitua une version fin de bal sur son controversé “Rock n’ Roll” de 1975) fleure à plein nez les productions Bartholomew/ Matassa, tandis que, le timbre de Pat Flaherty aidant, on jurerait y entendre à nouveau le jeu flamboyant de l’aîné des Vaughan. Dans la veine frénétique de Little Richard et Jerry Lee Lewis, le dévastateur “Be My Lonesome” trace une voie incandescente sur l’autoroute du plus vintage des rock n’ rolls, avant que “I Let Someone In” ne restaure dans sa splendeur déchirante le blues louisianais du cinglant Guitar Slim. Le chant y hurle ses remords, tandis que les licks de guitare font parler la foudre qui s’abat sur les marais. Sur un moîte jungle beat devant beaucoup à Johnny Otis et Bo Diddley, “Double Gettin'” n’aurait sans doute pas déparé la B.O. de “Pulp Fiction”, avant que “Gone For Good” ne nous ramène au tréfonds des clubs malsains du Chicago d’il y a un demi-siècle, quand Elmore James y tenait table ouverte face à des impétrants béats et transis tels qu’Otis Rush, Buddy Guy et Sam Maghett. Aussi intenses et concises que les singles d’alors, les dix plages de cette livraison (se concluant sur une version low-key du “Fairweather Friend” introductif) entretiennent une ferveur hautement créative. Assez de déférence, place désormais à la référence!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 12th 2022

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Avec la sortie de leur troisième album, on peut dire que le trio redoutable est de retour pour notre très grand plaisir. Déjanté, répétitif, traditionnel, punchy, rocky, trance bluesy, les substantifs ne manquent pas pour qualifier cette source de plaisirs qu’est la musique du trio originaire de Boston. Pat Faherty est à la guitare et au chant, Matt Stubbs à la guitare et Tim Carman à la batterie. Le nom du groupe trouve son origine dans le nom de l’amplificateur proposé par Gibson entre 1950 et 1960, parce qu’il faut dire qu’ils baignent dans la musique depuis déjà un bon moment. Matt Stubbs, par exemple, a longtemps été le guitariste de Charlie Musselwhite, mais aussi de John Hammond, James Cotton ou Junior Watson. Ce qui revient à dire qu’il n’a pas fourbi ses armes chez n’importe qui… Cela fait maintenant 4 ans que la formation existe et ils ont réalisé le mix parfait rock n’ roll/ country-swamp/ blues roots/ blues déjanté. Ils seront à Bordeaux le 22 novembre, à Nantes le 23 et à Massy le 24 novembre de cette année 2022. Pour une fois que l’hexagone est bien sur la liste de la tournée, ne les ratez surtout pas en Live, c’est de la bombe!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, September 26th 2022

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