GA-20 – Does Hound Dog Taylor – Try It… You Might Like It!

Karma Chief Records / Colemine / Alligator / Modulor
Chicago Blues
GA-20 - Does Hound Dog Taylor - Try It… You Might Like It!

Alors que son label séminal fête son cinquantième anniversaire, on célèbre aussi le jubilée du premier album de feu Hound Dog Taylor & The Houserockers. Pour une génération, celui-ci fit figure d’épiphanie: tandis que pour le grand public, le blues revêtait une image quelque peu désuette (un vieux black au costume élimé gémissant sa misère sous un crachin persistant), ce LP rebattait les cartes avec toute la rudesse et la truculence dont ce trio farcissait ses sets du week-end dans les clubs de Chicago. Du blues pas triste, pour faire la fête et parler fort, comme l’annonçait alors le sticker sur la pochette. Dans la ligne de JB Hutto & The Hawks (et préfigurant celle de Lil’ Ed & The Blues Imperials), Hound Dog Taylor et ses sbires reprenaient le flambeau de ce south-side blues initié par Elmore James, quand ce dernier branchait sa slide sur le secteur pour électrifier les dérapages contrôlés initiés par Robert Johnson avant guerre. On n’a pas fait plus crade et jubilatoire depuis, et lors de son décès prématuré (du crabe) en 1975, Theodore Roosevelt Taylor avait déjà rédigé lui-même son épitaphe: “he couldn’t play shit, but he sure made it sound good”. De Left Lane Cruiser aux Black Keys et aux Cramps, nombre de formations en retinrent la leçon: dès lors que deux guitares se disputent le premier rôle dans un combo, il suffit d’en reléguer alternativement une à la fonction rythmique, quitte à se passer de basse en cette circonstance. À priori bancale sur le papier, une telle formule ne peut fonctionner qu’avec un batteur aussi solide que créatif, et c’est précisément le cas chez cet autre trio (de Boston), qui tire son nom de l’ampli Gibson à lampes auquel se connectent ses deux guitaristes barbus (Matt Stubbs et Pat Faherty). Dans le rôle aussi crucial que trépidant de Ted Harvey (drummer des Houserockers), Tim Carman en adopte le moindre maniérisme, tandis que ses complices se répandent en giclées incandescentes sur ces neuf covers du Hound Dog (ainsi que deux autres d’Elmore James, et le “It Hurts Me Too” de Tampa Red). Les “Let’s Get Funky”, “It’s Alright” et “Give Me Back My Wig” qui ornaient le live posthume du Dog (“Beware Of The Dog”, sur Alligator) côtoient ainsi ses incunables “See Me In The Evening”, “She’s Gone” et “Sadie”, et l’on ne peut que porter un toast à ces vaillants perpétuateurs d’un art de viveurs et de noceurs, dont la devise semble avoir toujours été: forget your troubles and boogie. Si vous préférez votre blues policé et arrondi sur les angles, méfiez-vous: celui-ci est hérissé comme du barbelé !

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 2nd 2021

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Imaginez deux secondes que le bluesman aux six doigts revienne meubler et hanter nos jours bien fades depuis qu’il nous a quittés! Et bien cela pourrait être sans peine quelque chose comme ce qui se diffuse dans mes ouies possédées depuis quelques minutes! Trois potes de Boston, Massachusetts, qui aiment le Blues ont décidé de former un band qui célèbre cette belle musique bleue. Pat Faherty, chant et guitare, Tim Carman, batterie, et Matthew Stubbs (12 ans musicien de Charlie Musselwhite), guitare, nous proposent, aujourd’hui, leur nouvel opus. Ils ont toujours aimé celui-ci (il y eut précédemment l’album Lonely Soul) mais là ils célèbrent davantage Hound Dog Taylor. Celui pour qui Bruce Iglauer fonda le label Alligator Records. Son album Hound Dog Taylor and the HouseRockers demeurant un monument mémorable. Ici, 10 titres bien crades qui “sonnent sacrément bien” dans lesquels le bottleneck a la part belle. Ce qui n’est pas pour nous déplaire…

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, September 1st 2021

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GA-20 – She’s Gone [OFFICIAL VIDEO]: