Indie rock |
Depuis que Pete Doherty prétend s’être rangé, qui reste-t-il donc pour défrayer la chronique? Plus les pitoyables Shaun Ryder et Liam Gallagher en tout cas… Alors qui? Sleaford Mods? Idles? Fontaines DC? Non, la palme de la provoc’ et du bordel ambulant revient, cette année encore, à ces disjonctés de Fat White Family. À preuve, ces quelques tirades que n’aurait probablement pas dédaignées en son temps l’acerbe John Lydon: “quoi de plus inspirant qu’un job servile et le salaire de misère qui va avec?”, ou encore “The bitch is dead” (lors du décès de Maggie Thatcher), voire carrément: “On emmerde le peuple. Notre boulot n’est pas d’avoir raison ou non. Notre boulot est d’attiser l’imaginaire des gens”. Pareille attitude implique pour le moins de ne pas se déplacer sans les biscuits qui vont avec… Aussi, après leur “Serf’s Up!” de 2019 (chroniqué ICI), so what? Ce n’est certes pas “The Archivist” d’ouverture qui nous renseignera sur ce point, avec sa déclamation théâtrale sur fond de flûtiau façon “Bonne Nuit Les Petits”, non plus que le semi-prog “John Lennon” (le groupe s’est produit un temps auprès de Sean et de la veuve Yoko): on croirait presque un inédit de Jethro Tull! Ce n’est qu’avec l’irruption des léthargiques (et semi-disco) “Bullet Of Dignity” et “Polygamy Is Only For The Chief” que l’on reconnaît enfin la marque de ces fans déclarés du The Fall du regretté Mark E. Smith. Les dissonances de piano et de guitares dignes de Robert Fripp et de Mike Garson période “Aladdin Sane” (assortis de geignements façon Anthonin Artaud) y attestent bien qu’en dépit des apparences, ces garçons ne sont toujours pas calmés. La bossa synthétique “Visions Of Pain” projette les images dérangeantes d’une Astrud Gilberto cryogénéisée, tandis que le monologue survolté “Today You Become Man” renvoie la notion même de rap aux calendes grecques. Menée au piano, la valse chorale “Religion For One” évoque le spectre des Moody Blues égaré dans le labyrinthe du temps, avant que “Feed The Horse” ne ravive ceux de hérauts krautrock tels que Can et Neu, et l’electro-pop de “Whats That You Say” et “Work”, ceux de Jacno et Ryuichi Sakamoto. C’est sur l’ironique rengaine cabaret “You Can’t Force It” que se referme ce disque, dans la veine délibérément surannée du “Goodnight Ladies” qui en faisait autant pour le “Transformer” de Lou Reed (pizzicati de quatuor à cordes inclus).
Laissons leur donc le mot de la fin: “Comme tout ce que celui-ci entreprend, ce nouvel album a poussé le groupe non seulement aux limites de son talent créatif, mais aussi de sa santé physique et mentale, et de son existence même. Chaque fois que nous en enregistrons un, nous nous jurons que c’est le dernier. Rien ne vaut cette douleur, cette misère. Puis un groupe de personnes se présente aux concerts. Ils applaudissent. Ils approuvent. Ils nous offrent quelque chose qui ressemble à de l’amour. En achetant des billets pour voir ce groupe, vous êtes responsables du maintien de cet équilibre délicat et élégant… Amour, passion, peur, mépris, amour, passion, peur, mépris, amour, passion, peur, mépris, amour, passion, peur, mépris… Alors faites ce qu’il faut. Gardez-nous à notre place. Pour toujours”. Comme son titre l’indique, leur absolution ne relève désormais que de vous…
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, April 22nd 2024
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Prochaines dates de concerts du groupe au Royaume-Uni et en Europe (prévente possible ICI) :
25.05 – Levitation Festival, Angers, France
27.05 – La Cigale, Paris, France
28.05 – Tolhuistuin, Amsterdam, Netherlands
29.05 – Doornroosje, Nijmegen, Netherlands
31.05 – Lido, Berlin, Germany
01.06 – Trix, Antwerp, Belgium
08.06 – SWX, Bristol, UK
09.06 – Engine Rooms, Southampton, UK
10.06 – Tramshed, Cardiff, UK
12.06 – Hangar 34, Liverpool, UK
13.06 – New Century, Manchester, UK
14.06 – Garage, Glasgow, UK
16.06 – Boiler Shop, Newcastle, UK
18.06 – Project House, Leeds, UK
19.06 – Troxy, London, UK