EDDIE 9V – Capricorn

Ruf Records
Blues, Soul
EDDIE 9V - Capricorn

Pour son 27ème anniversaire, Brooks Mason (alias Eddie 9V) a gagné en raison sociale (manière de paraphraser notre rédac’ chef Frankie). Natif de Georgie, ce jeune homme fantasme depuis son plus jeune âge sur les studios Capricorn basés à Macon (ainsi que sur ceux de Muscle Shoals), dont le son chaleureux et la production brute de pêche irriguèrent tant de classic albums historiques (des Allman Brothers au Marshall Tucker Band, ainsi qu’à Percy Sledge). Pour sa troisième livraison studio, il en franchit donc le pas (de porte), dans l’espoir d’y retrouver la formule philosophale qui procéda aux enregistrements mythiques qui s’y déroulaient voici plus d’un demi-siècle. Outre son ami et producteur, le bassiste Lane Kelly (présent depuis son premier album auto-produit en 2019), on reconnaît à ses côtés le claviériste Chad Mason (son propre père en l’occurrence), ainsi que le guitariste Cody Matlock (cette fois cantonné aux strictes fonctions rythmiques) et le batteur Aaron Hambrick, soit le cœur nucléaire de son précédent effort paru en 2021 (et chroniqué ICI). Sans relation avec le titre quasi-homonyme de The Rare Breed et The Ohio express (ni avec celui de Mouse & the Trapsque reprirent en leur temps nos chers Plimsouls sur leur seul album Geffen), “Beg Borrow And Steal” est une ouverture soul créole bercée par le sax de Noah Sills sur un beat chaloupé, et traversée d’un bref (mais cinglant) solo des six cordes de Dusty McCook. Le timbre vocal d’Eddie/Brooks s’y révèle toujours aussi nasal et juvénile, avant que “Yella Alligator” ne nous mène en territoire swamp (ainsi que l’indique son titre), lazy slide et second line à l’appui, dans la veine tardive de G-Love & Special Sauce, avec le renfort d’une section de cuivres et d’un orgue lascif. Sur “Bout To Make Me Leave Home”, on est encore plus proche du “Ton Ton Macoute” de Johnny Jenkins, du “Gris Gris” de Dr. John et du “Fresh” de Sly Stone (qui traumatisèrent tant Lowell George au temps de Little Feat). Les languides “Are We Through?” et “I’m Lonely” arpentent allègrement les plates-bandes du révérend Al Green, chœurs gospel à la rescousse, tandis que les imparables “How Long” et “Tryin’ To Get By” évoquent la geste du regretté Eddie Hinton (lui aussi jadis au catalogue Capricorn. Avec ses flûtiaux, son sax hagard, ses rim-shots en contre-temps et ses chœurs mutins, le quasi-blue beat “It’s Going Down” traine une gueule de bois fataliste, et seule véritable incursion bluesy, le “Down Along The Cove” de Bobby Dylan (circa “John Wesley Harding”) offre l’occasion d’une gerbe de slide digne de Duane Allman à son apogée, ainsi que d’un solo de Fender Rhodes façon Chuck Leavell. Après l’intermède purement gospel “Mary Don’t You Weep” (qu’interprète en lead Khristie French), le majestueux “Missouri” ravive à pont nommé le flambeau d’une southern blue-eyed soul dont on aurait pu croire le secret de fabrication égaré. Il ne faut en tout cas guère s’étonner qu’un tel hommage envers un label sudiste disparu éclose de nos jours sous l’égide de l’un de ses successeurs teutons: si les Américains ont certes inventé le truc, les Européens les ont toujours devancés en matière de perspective historique.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 7th 2023

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EDDIE 9V FRENCH TOUR 2023 :

15 octobre : Le Triskell, Pont l’Abbé
18 octobre : Le Ferrailleur, Nantes
19 octobre : Jazz Club Étoile, Paris
20 octobre : Paul B., Massy
21 octobre : L’Odéon, Tremblay-en-France
22 octobre : La Grande Ourse, Saint-Agathon
26 octobre : Le Brise Glace, Annecy
27 octobre : La Cave À Musique, Mâcon (pas en Georgie, mais en Saône-et-Loire)
28 octobre : Les Abattoirs, Bourgoin-Jallieu
3 novembre : Bay-Car Blues Festival, Grande-Synthe