DJ BLACK LOW – Uwami

Awesome Tapes From Africa / Modulor
Electro
DJ BLACK LOW - Uwami

Née dans les townships misérables et peu sûrs d’Afrique du Sud, la fièvre de l’amapiano gagne peu à peu la planète. Tel certain virus mutant de sinistre bilan, ce genre musical hybride s’est développé depuis l’orée des années 2010, sous l’impulsion de producteurs et de DJs soucieux de rythmer l’hédonisme quelque peu désespéré de la vie nocturne locale. Il se répand désormais comme une traînée de poudre, et son idéologie n’est pas sans rappeler celle des mods anglais des sixties. Il y est en effet question de s’habiller classe pour masquer la précarité de sa propre condition, et s’abîmer dans la danse jusqu’au bout de la nuit: clean living under difficult circumstances, comme l’édicta jadis le regretté Pete Meaden. Il va sans dire que cette similitude se cantonne à ces seules considérations, puisqu’outre leur forte dimension DIY, ces productions (favorisant la compétition entre artistes et la libre entreprise de la débrouille) ne se réfèrent par contre à nul courant nostalgique. Depuis son home studio de Pretoria (tout comme Teno Africa, publié sur le même label, et dont nous chroniquions récemment ici le “Amapiano Selections” – chronique à retrouver et relire ICI), Sam Austin Audebe (alias DJ Black Low) croise les apports du jazz et du kwaito avec l’afro-house où il fourbit ses premiers mixes. Grâce à l’apport de DJs notoires (Saxo Boy ou Labengwa) et de divers vocalistes s’exprimant dans plusieurs dialectes locaux, il délivre ici un échantillon magistral de ses vastes talents. Comme Lars Von Trier sut en son temps le faire de son fameux dogme, il parvient à sublimer les contraintes que lui impose une technologie rudimentaire (de vulgaires synthés vintage et des samples bidouillés via le logiciel Fruity Loops), pour accoucher d’une palette sonore et rythmique d’une richesse impressionnante. Âgé de vingt ans à peine, ce garçon a déjà tout d’un grand: à suivre de près!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 29th 2021

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Il n’a que 20 ans, et a commencé à produire en 2013 à l’âge de 12 ans (sic!). Il possède déjà un solide background de multi-instrumentiste. Après quelques vicissitudes dans sa vie quotidienne de jeune issu des ghettos, il ne reprend ses activités musicales qu’en 2021. Comme c’était l’usage, il a commencé avec le Hip Hop et la House Music… Et il s’est plongé ensuite dans le courant émergeant: l’Amapiano. C’est le premier album qu’il produit, enregistré dans son Home Studio de Prétoria. Il avait auparavant produit quelques EPs sur des plateformes de téléchargement local… L’Amapiano est donc un nouveau courant musical très fortement imprégné de musique électronique en train de devenir un véritable phénomène de masse, là-bas. Il pioche ses influences dans les styles musicaux populaires issus des townships d’Afrique du Sud, de Prétoria à Johannesburg: jazz, kwaito, Deep House, Dibacardi, Hip House ou afro house, entre autre. Cette musique répétitive se caractérise par des lignes de basse puissantes et des sauts de claviers envoutants et hypnotisants. On dit qu’il s’agit de la bande-son de la vie nocturne, celle qui fait rêver de richesse, de puissance, de pouvoir. Il est aisé de comprendre que les jeunes des ghettos trouvent là un éxutoire à bon nombre de leurs problèmes. Sam Austin Radebe, allias DJ Black Low, ne se contente pas de reproduire de la musique en fonction des critères qui caractérisent ce nouveau style musical. Ce qui fait l’intérêt de sa démarche, c’est justement son aptitude à repousser toujours plus loin les limites de cette musique. Il expérimente toujours plus, et improvise en permanence. Il le fait sur des grooves connus et appréciés de tous. Il utilise l’électronique pour ses percussions et combine le sons des distorsions et des parties musiciales composées avec le logiciel Fruity Loops qu’il utilise pour les instrumentaux. Il est seul sur 4 compositions et collabore avec des DJ ou autres techniciens sur 7 autres. Original et intéressant!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, May 20th 2021

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