Electro

Plus proche de DJ Koze et deadmau5 que de la mba-qanga zouloue de Stivela ou de Myriam Makeba, le jeune Lutendo Raduvha (alias Teno Afrika) rompt résolument avec les clichés couramment liés aux musiques sud-africaines. Baignée d’une profusion de claviers synthétiques où se mêlent subrepticement des bribes de chant et d’instruments traditionnels, son electro-house où s’entrechoquent beats numériques et percussions organiques déploie un spectre où le fan basique des décidément convenus Daft Punk risque fort de ne pas retrouver ses confortables repères (bon débarras). Et pour cause, la polyrythmie qui s’y exprime en avant-plan repose bien, par delà les apparences, sur des sous-bassements largement africains. Il s’en dégage un charme aussi irrésistible qu’envoûtant, et l’on se prend à envier l’ambiance des clubs underground de Pretoria où naquit une musique incitant à ce point à ne plus danser idiot. Serait-ce enfin la fin de ce four-on-the-floor décérébré que l’on nous fourgue et re-refourgue en guise de dance-music depuis des décennies? Tremblez, héritiers rentiers de Giorgio Moroder et et Stock-Aitken-Waterman, ce type n’est âgé que de 21 ans, et il se pourrait même qu’il préfigure une génération entière… D’ici que cette vieille opportuniste de Madonna s’y mette à son tour, ce truc pourrait déferler sur le monde comme un coronavirus, cette fois éminemment bénéfique.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 9th 2021

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