Devon Allman’s Honeytribe – Space Age Blues

Provogue
Blues

Le paradoxe de ce second album dont le leader est le fils de Gregg Allman réside dans le fait que le groupe s’est recentré pour n’être plus qu’un trio de power-blues à l’image du Jimi Hendrix Experience ou Cream et que cet opus contient néanmoins plus de morceaux lents et langoureux que n’en contenait la première galette, simplement intitulée ‘la torche’, en 2006.
Il faut dire que quiconque avait le moindre doute quand à la musique distillée par ce line up en trio, il lui suffisait d’être au Réservoir, rue de La Forge Royale, à Paris, courant octobre 2010, pour que les interrogations s’estompent. Non seulement ils sont bien trois sur scène, mais à l’instar du titre de leur premier opus, ils ont le feu en eux.
Dorénavant ils sont trois: Devon Allman à la guitare et au chant, George Potsos à la guitare basse et Gabriel Strange à la batterie. Pour les besoins de l’enregistrement, ils ont invité quelques ‘guests’: Tony Antonelli aux percussions, Rick Stef aux claviers, l’immense Huey Lewis à l’harmonica, Ron Holloway au saxophone, Bobby Yang à la section cordes, Matt Bochenek au whistle, des invités impressionnants qui viennent donner plus d’amplitude aux morceaux composés par Devon Allman, à l’exception de ‘Sir Duke’ de Stevie Wonder.

Par contre, sur scène, les trois musiciens se suffisent à eux-mêmes et ce que vous écoutez en ‘live’ se substitue à tout ce que vous croyiez avoir entendu jusque là! Tout est impressionnant dans les morceaux distillés par la formation de Saint Louis, Missouri. La poigne du batteur qui cogne comme un damné, le jeu du bassiste qui empoigne, étrangle le manche de sa basse et cogne sur ses cordes comme un fou furieux, et la voix de Devon qui, grave et profonde, accompagne mélodies et chansons dans lesquelles le jeu du guitariste est non seulement emprunt d’envolées lyriques mais aussi de prouesses et performances impressionnantes.

Honeytribe, c’est la douceur du miel et la férocité des tribus. L’incandescent et le glacial qui s’affrontent, le brutal et la douceur qui jouissent ensemble. Tout est paradoxe dans les morceaux joués par cette formation et c’est, sans nul doute, ce qui vous terrasse, vous charme, vous ravit sans limites.
Croyez-moi, la sortie d’un album ‘Live’ est le mieux qui puisse nous arriver, dans les prochains mois, car il constituera la preuve matérielle que nous avons à faire à du costaud! Nous en sommes convaincus, nous qui les avons croisés.
Alors, vous qui n’avez pas eu ce bonheur de les voir sur scène, écoutez déjà ce second album, et le reste découlera simplement de cela. Une jeune et nouvelle formation qui apporte du sang neuf à un genre musical en perpétuel renouveau, comme cet instrumental inspiré par l’univers pictural d’Yves Klein et par la culture française, joué par le seul Devon, tout comme ce second instrumental, ‘Insh’Allah’, qui n’est pas sans rappeler les morceaux joués par le groupe de son père, Gregg, et de cet oncle fabuleux qu’il n’a pas connu, Duane.

Dominique Boulay
Paris-Move
Devon Allman’s Honeytribe