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Totalement inconnu au bataillon (du moins le nôtre) jusqu’à présent, David Guez est un auteur-compositeur-interprète franco-britannique (et parisien d’adoption). Après un premier concept-album paru en 2019 (“An Imperfect Harmony”), celui-ci s’en prétend la conclusion. Enregistré (comme maints classiques des seventies) au mythique Chateau d’Hérouville (jadis fondé par le regretté Michel Magne), il fut mixé par Bob Clearmountain en personne (Bowie, Roxy, Stones, Springsteen, The Who, Counting Crows, Crowded House, Simple Minds, Pretenders, Guns n’ Roses…), et bénéficie en outre des arrangements de cuivres du sorcier new-yorkais Michael Leonhart (Sean Lennon, Paul Simon, Alicia Keys, Wynton Marsalis, Steve Winwood, Brian Eno, Bobby McFerrin, Seu Jorge, Charles Bradley, Phish, Lenny Kravitz, Aloe Blacc, Steven Tyler, Bette Middler, Bill Withers, Henry Mancini, Todd Rundgren, Caetano Veloso, David Byrne, Levon Helm, The Roots, Antibalas, Steely Dan, et chroniqué ICI). Ce préambule pour préciser deux points. Primo, David Guez se donne manifestement les moyens de ses ambitions. Et secundo, on comprend mieux qu’hormis l’alibi partiel de l’irruption du COVID au cours de son processus, cet opus ait mis une demi-décennie à aboutir. Nulle trace d’effort ni de boursouflure n’entrave pour autant l’écoute de ce disque, dont les dix plages s’enchaînent avec la fluidité qui caractérisait cette pop ouvragée des seventies et early-eighties, que d’aucuns qualifièrent parfois (avec mépris) de yacht-rock. Car si ce terme ne revêtait pas un caractère si désuet en ces temps de Deezer et Spotify, les premiers mots qui viendraient ici à l’esprit seraient sans doute ceux de “radio friendly“. Mais que l’on ne s’y trompe pas, si l’exigence et la sophistication sont effectivement de mise, le funk subtil qui anime la plupart de ces plages ne relève jamais de la concession servile. Dès lors, que les titres des cinq premières séquences débutent tous par un pronom défini, et les cinq suivants par leur pendant indéfini ne titillera pas davantage notre curiosité que son lay-out pastichant une énième fois René Magritte. Que vous ayez apprécié John Miles (“A Hole In My Shoe”), Michael Franks (“The Golden Age”), Gerry Rafferty (“The Captain Of Music”), Ten CC (“The Informer”), Badfinger (“A Life Of Promise”), Gilbert O’Sullivan, Boz Scaggs, Ben Sidran, Eric Carmen (les terrassants “The Wasteland” et “A Perfect World”), Steely Dan circa “Can’t Buy A Thrill” et “CountdownTo Ecstasy” (la plage titulaire et “A Strange Fascination”) ou le Macca de “Tug Of War” (“A Diamond Is A Diamond”), cet album vous fera probablement l’effet de la proverbiale madeleine de Proust. Mais si vous ignorez encore ce genre de plaisir coupable, préparez-vous à une révélation de choix… Fans des Lemon Twigs, des Beach Boys de “Surf’s Up” et de XTC, ne surtout pas s’abstenir: ce relatif new-comer a retrouvé la formule!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, June 5th 2025
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