MICHAEL LEONHART ORCHESTRA – The Normyn Suites

Sunnyside Records
Jazz
MICHAEL LEONHART ORCHESTRA - The Normyn Suites

Cela fera peut-être ricaner ceux qui n’entendent rien aux animaux de compagnie, mais ce troisième album du Michael Leonhart Orchestra est bel et bien dédié à la mémoire d’une chienne. Et plus précisément à celle qui lui donne son titre, et qui fut quinze ans durant la fidèle comparse du bandleader en lice. Michael Leonhart n’est pas seulement un ami des bêtes, mais aussi celui des bêtes de scène. Que l’on en juge: ce multi-instrumentiste de renom s’est produit (ou a enregistré) avec Sean Lennon, Paul Simon, Alicia Keys, Wynton Marsalis, Steve Winwood, Brian Eno, Bobby McFerrin, Seu Jorge, Charles Bradley, Phish, Lenny Kravitz, Aloe Blacc, Steven Tyler, Bette Middler, Bill Withers, Henry Mancini, Phish, Natalie Merchant, Todd Rundgren, Sharon Jones, Caetano Veloso, David Byrne, Levon Helm, The Roots, Antibalas et Steely Dan, tout en publiant pas moins de sept albums solo depuis 1995 (et deux autres donc à la tête de son propre Orchestra). Il a assemblé sur celui-ci un conglomérat non moins éclectique, mais tout aussi impressionnant, puisque l’on retrouve à ses côtés des signatures aussi anodines que celles d’Elvis Costello, Chris Potter, Donny McCaslin et Bill Frisell, ainsi que celles de Homer Steinweiss, Catherine Russell et A.J. Strickland, tandis que Michael y assure tour à tour les parties de guitare, de batterie, de basse, d’accordéon, d’orgue, de mellotron et de cuivres. La présence d’un quintette à cordes parmi la soixantaine de musiciens impliqués (auxquels s’ajoute une dizaine de choristes) souligne l’ambition du projet. Loin du caractère dérisoire qu’y discerneront les indifférents à cet attachement cynophile, The Normyn Suites se veut à la fois un requiem et une célébration de la relation fusionnelle entre un maître et son chien. Composée par Joshua Redman et Elvis Costello (qui la chante), l’ouverture “Shut Him Down” est un funky afro-beat sur lequel les cuivres s’en donnent à cœur-joie, avant que les cinq plages suivantes ne déclinent les cinq étapes du deuil qui accompagne la perte de l’âme-sœur à quatre pattes. Parfois proche du golden seventies movie soundtrack (“Anger”, “Catharsis”, “Nostalgia”, “Acceptance”), et en d’autres moments de la musique romantique (“Waking From Sedation”, “Freedom From The Pain”, “La Preghiera”) voire du slam (“Radio Is Everything”), cet album (proposant en bonus deux pièces soul latin jazz en simple quartet, avec un McCaslin impérial) accomplit la performance ardue de maintenir une indéfectible cohérence, là où son casting aurait aussi bien pu n’accoucher que d’une vaine pièce montée. Une œuvre tout aussi accessible que profondément touchante.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 7th 2022

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Un album à commander sur le Bandcamp de l’artiste, ICI