Chris “BadNews” Barnes – BadNews Travels Fast

Gulf Coast Records
Blues-Rock
CHRIS "BADNEWS" BARNES - BadNews Travels Fast

Voici ce que l’on peut nommer un artiste protéiforme! Tour à tour (et à la fois) homme de média (habitué des programmes TV satiriques “Seinfeld”, “Curb You Enthusisam” et “Saturday Night Live”), tenancier de club et enfin bluesman et humoriste notoire, Chris “BadNews” Barnes a déjà publié un premier album en 2015, suivi d’un second, et de deux autres chez Vizztone (chroniqués ICI et ICI), avant d’opter cette fois pour le label que dirige Mike Zito depuis le Texas. Toujours cornaqué par le batteur et producteur Tom Hambridge (qui co-signe chacun de ces onze originaux), Chris vient d’emménager à Nashville, d’où il nous expédie cette carte postale sonore, entouré d’un quintette cuivré et d’un brelan d’invités de marque. C’est ainsi qu’on y distingue, outre l’harmoniciste Jimmy Hall (sur deux titres), les contributions de Walter Trout et de Sugaray Rayford. En somme, pour la touche country locale, vous repasserez!.. Ouvrant le ban sur la tonitruante plage titulaire, sous le feu croisé des lamelles de Hall et des six cordes tranchantes de Kenny Greenberg, ainsi que de celui (roulant) des baguettes de Hambridge et de l’impavide bassiste Tommy McDonald, Chris calme le jeu avec le mid-tempo “True Blues”, pour accueillir la guitare d’un Trout en verve sur un solo acéré digne de feu Albert Collins, tandis que la choriste Tabitha Fair y appose une touche soulful de bon aloi. Pastichant ensuite John Lee Hooker, “You Right Baby” emprunte à celui-ci la facture de son fameux duo avec Bonnie Raitt sur “I’m In The Mood” – si ce n’est que c’est à Sugaray Rayford qu’échoit cette fois le rôle de cette dernière ! Le slow blues façon Otis Rush meets Peter Green “A Bluesman Can’t Cry” bénéficie de l’orgue Hammond de Mike Rojas ainsi que du retour de l’harmonica de Hall. Avec le soupçon de reverb qui s’impose, voilà bien le mix sépulcral qui sied à la guitare déclamatoire d’un Greenberg ascensionnel: assurément l’un des titres à écouter en priorité! Rien de tel pour se requinquer qu’un Kansas City boogie-woogie cuivré. Dopés par un aréopage de choristes féminines mutines, les touches de piano y répondent aux riffs des horns ainsi qu’à ceux de guitare, et il est ardu de demeurer assis à l’écoute d’un tel pandemonium! Tant que le dance floor se trouve investi, Barnes en profite pour dérouler le vintage rock n’ roll “Bluesballer Baby”, où les ivoires de Rojas attestent que l’esprit du Killer n’est toujours pas mort: songez à “Jailhouse Rock” par les Blues Brothers, et vous en aurez une idée approchante. C’est par contre vers le bon vieux Dr. Feelgood de la période Gypie Mayo que lorgne ensuite “His Majesty The Baby”, toute slide dehors et en mode lowdown. Dans le même esprit, “Skin To Skin” n’aurait pas déparé non plus le “Be Seeing You” du gang de Canvey Island, tant les échanges de bottleneck et de B3 s’y révèlent juteux. C’est vers les guitares de Chris Rea que s’oriente ensuite “Ambushed By The Blues” (si ce n’est que le timbre vocal de ce Chris-ci s’y apparente davantage à celui d’un Bob Seger). Lascivement funky, “Do The Houdini” est le genre de proto-dance tune auquel s’adonnait le facétieux Rufus Thomas au début des seventies, et Tabitha ne manque pas de s’y livrer à force gémissements suggestifs. Comme l’indique son titre, le conclusif “Mushrooms Make Me A Fun Guy” est une pochade sur le thème de la psylocibine, dont le caractère apologiste est sans doute à prendre au second degré. Par les temps qui courent, une nouvelle injection de fun ne se refuse pas, non?

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, April 23rd 2024

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