| Punk Blues |
Si vous avez jamais rêvé d’entendre “Proud Mary” joué par les Stooges et chanté par Lemmy en mode “Born To Be Wild”, ou encore ZZ Top mordu par un serpent à boogie enragé (“Shake It All Night”), Chicken Diamond l’a fait! Et s’il annonce un retour plus prononcé au blues pour son septième effort à ce jour (sans compter les premiers EPs), il ne faut pas s’y attendre à un quelconque assagissement pour autant. Car si l’imaginaire du genre est bien convoqué (de même que “Wherever You Want To” à ce fameux crossroads), et même si sa forme en revêt certains des variants les plus primitifs (“Siren Call”, “Burning Like A Fever”, “Chicken In The Barn”, “Cotton Dream” ou ce “Runnin’ Shoes” façon “Rolling & Tumbling”), la furia de ce one-man band de Thionville (dont nous avons chroniqué les deux précédentes livraisons ICI et ICI) demeure inextinguible. Voix si rocailleuse qu’elle ferait passer Beefheart pour Liberace, et fuzz, saturation et potards à 13 pour une guitare ayant tout assimilé du James Williamson de “Raw Power” (l’imparable “Catfish”) – pour votre dose de blues de salon, vous vous adresserez à un autre guichet. La plage titulaire évoque par ailleurs à s’y méprendre le regretté Arno (faut-il y entendre un hommage?). Du trash rockin’ blues pour zombies électrocutés, façon B.O. d”Une Nuit En Enfer” de Robert Rodriguez… Une fois de plus, Chicken Diamond accomplit ce miracle auquel tant d’autres aspirent sans jamais y accéder: ancrer le blues dans ce siècle, sans que la greffe n’y suscite de rejet.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, September 10th 2023
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