Punk Blues

Faîtes écouter cet album de CHICKEN DIAMOND à un puriste du blues, et il risque de vous le balancer au travers de la figure. Du blues, il y en a pourtant dans les riffs obsédants de “Deep Black Hole” et “Skeleton Coast”, mais il s’agit du même blues enragé, toxique et dérangé que chez les Stooges (réécoutez “Dirt” ou “I Need Somebody”). Charles “Chicken” Diamond, auteur à tout faire de cette agression sonique en règle, trouve moyen de marier ici le son des premiers Black Sabbath (“Hyperion”, “Under The Ground”) avec la transe barrée de Can (“Outsider”). Deux reprises flagrantes éclairent le tableau: le “Cracked Actor” de Bowie circa “Aladdin Sane”, et surtout “Down On The Street” qui ouvrait le meilleur album rock de tous les temps, “Fun House”. Deux professions de foi, s’il en est. En écoutant CHICKEN DIAMOND on songe à d’autres grands cramés (Alan Vega reprenant “Be Bop A Lula”, les Cramps de “Surfin’ Bird”…), et le cerveau reptilien se remémore en salivant ces fêtes électriques, où le cuir noir n’habillait pas encore les fessiers flappis de cougars sur le retour. Ainsi de “A Little Hell Of My Own” que n’auraient pas renié les regrettés Hanoï Rocks. Fuzz et distorsion à tous les étages, vocals carbonisés et morsure de l’acier chauffé à blanc: un disque à la fois hors du temps et “in your face”. Comme disait l’autre con, je suis pour.
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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