Jazz

Second volet du triptyque annoncé lors de la parution de son prédécesseur (“Chapel”, chroniqué ICI), “Ocean” présente notre vétéran saxophoniste et flûtiste en compagnie du guitariste Anthony Wilson (fils du fameux trompettiste, compositeur et arrangeur Gerald Wilson, dans le big band duquel officia Charles, quand il débarqua depuis Memphis en Californie) et du pianiste Gerald Clayton (rejeton quant à lui du mythique bassiste West-Coast John Clayton). Captées live mais sans public (pour cause de pandémie) au Lobero Theater de Santa Barbara (bled dont Charles est un éminent résident) le 9 septembre 2020, ces quatre longues pièces (la plus courte frise les neuf minutes, et la plus développée culmine au delà des douze) flirtent tour à tour avec Monk (le piano sur “Hagar Of The Inuits”), le Soft Machine du début des seventies (“The Lonely One “) et le blues louisianais (“Jaramillo Blues”, où la flûte de Charles évoque de manière troublante celle de Herbie Mann, tandis que les ivoires de Clayton s’y illustrent dans un registre démarqué de Champion Jack Dupree, et que les six cordes de Wilson en font autant avec celles de Freddie Robinson). Une plage qui n’aurait sans doute pas dénoté sur le “Jazz-Blues Fusion” d’un certain John Mayall… Sur une trame empruntant autant à Satie qu’à la pavane de Ravel, “Kuan Yin” se révèle enfin une savante déambulation, au fil de laquelle piano et guitare se livrent à des échanges aussi subtils que débridés, avant que le vieux sage ne signale dans un souffle ultime que la récré est terminée. Un bel album atmosphérique de plus, par l’un des derniers fondateurs du spiritual jazz.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 22nd 2022

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