Bjorn Berge – Fretwork

Dixiefrog – Harmonia Mundi / DFGCD 8675
Blues
Avec ce nouvel opus, le bluesman venu du froid nous dévoile une facette inattendue de son talent d’auteur-compositeur et de chanteur-guitariste. Celui qui nous avait habitués à entendre un groupe entier à lui seul nous propose ici quelques chansons dans lesquelles violon, violoncelle et percussions accompagnent le colosse nordique avec une finesse et une sensibilité qui va en faire frissonner plus d’un.
 
Bien entendu que le fabuleux guitariste vous a concocté quelques titres en droite ligne de ses précédents albums, avec cette rage et cette puissance qui lui sont si particulières, comme ‘Fretwork’, dont le titre vous fait bien comprendre que le Bjorn est un besogneux de la six cordes, et pas pour plaisanter.
 
Comme d’hab, Bjorn Berge vous réserve quelques reprises mises à la sauce maison, comme ce ‘Zebra’, emprunté à John Butler, ou ce ‘Killing Floor’ signé C.A. Burnett, mais sur ce ‘Fretwork’ ce sont indiscutablement les titres illuminés par les lignes de violon et de violoncelle qui vous collent la grosse, la très grosse baffe du moment.
Pour vous dire, dès la première écoute on a envie de mettre le son à fond, tellement c’est profond, intense. Laissez-vous porter par le charme de ‘You’re So Fine’ et envolez-vous sur ‘Skijumper’, un morceau musical dans lequel le violon sonne comme la voix intérieure de Bjorn Berge. Une voix qui vous collera d’interminables frissons à l’écoute de ‘These Streets’, chanson d’un père qui se demande ce que deviennent ces enfants qui vivent dans la rue et qui sont déjà, sans l’être, des adultes. Une chanson qui diffère du répertoire habituel du géant nordique, mais qui est incontestablement l’une des plus belles écrites par le bonhomme depuis… Depuis des lustres, très sincèrement. Une chanson qui remuera les tripes de tous ceux qui sont père et qui se sont posés un jour la question, en croisant dans la rue un de ces enfants errants.
 
Clin d’œil à une ville où Bjorn se sent comme chez lui, ‘Paris’ clôture un album surprenant, certes, mais novateur et qui démontre qu’avec des artistes comme Bjorn Berge le blues est non seulement une musique actuelle, mais d’avenir. Un album qui s’impose en cette fin d’année 2009 comme l’un des grands, des très grands albums de blues car ici encore, diversité est synonyme de qualité.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer

Dans ce nouvel opus, l’ours des montagnes délaisse quelque peu le One Man Band auquel il nous avait habitués pour nous emmener sur des sentiers où le baroque se querelle plaisamment avec le folklore des terroirs. Ainsi donc, il aurait mis du ‘lätt mjölk’ dans son ‘acqua vitt’, et cela n’est pas pour me déplaire! Quand les frimas scandinaves rencontrent les hautes pressions tempérées, cela provoque toujours quelques turbulences sympathiques aux tympans.

Ce disque est situé pilepoil au carrefour entre tout ce que le barde nordique avait publié jusqu’à aujourd’hui et ce qu’il n’avait jamais osé dévoiler de sa véritable nature. Un baroudeur du blues brut de fonderie de Narvik et un musicien de folk tout imprégné de mélodies médiévales et renaissances qui mettent en exergue les potentialités du génial guitariste qu’il est. Nul doute que la proximité de Dame Nature l’inspire au plus haut point. Et sans doute a-t’il prit également le temps de retrouver ses potes de jeunesse avec lesquels il continue de jouer du bluegrass et autre folk quand il revient chez lui après avoir sillonné les voies aériennes d’Europe. Le mélange du violon et de ses allers et retours au dessus de la rosace de sa guitare sont du meilleur effet. Un disque à marquer du symbole de l’innovation tous azimuts. Un grand Millésime B.B., en cette période de salons des vins.
 
Ceci dit, le titre de l’opus, ‘Fretwork’, est significatif de ce que le bonhomme vous réserve à chacune de ses apparitions car il sait les malmener, le Bjorn Berge, les frets de ses guitares.
 
Dominique Boulay
Blues Magazine