BETH GIBBONS – Lives Outgrown

Domino
Electro-Rock
BETH GIBBONS - Lives Outgrown

Si vous pensez toujours que le blues, c’est sinistre, attendez d’avoir écouté ceci… Trente ans après avoir littéralement cassé la baraque avec Portishead (et seize depuis la fin de cette aventure, qui en fit l’un des fers de lance de la vague trip-hop), Beth Gibbons ne donnait plus guère signe de vie (hormis son interprétation de la Symphonie N° 3 de Górecki au sein de l’Orchestre Symphonique National de la radio polonaise, chroniquée ICI). Après son pas de deux avec Rustin Man pour leur “Out Of Season” de 2002, c’est avec ce disque aussi sombre que sa pochette qu’elle nous revient enfin à l’aube de sa soixantième année, sous le signe du deuil, du doute et des angoisses afférentes. Sa connection avec les à peine moins mélancoliques Talk Talk se prolonge cette fois avec la collaboration de leur ex-batteur, Lee Harris. Écrites au fil de la décennie écoulée, ces dix nouvelles perles s’ouvrent sur le questionnant “Tell Me Who You Are Today”, au climat raga-folk rythmé par les percussions de Harris et la guitare acoustique de Beth. Son timbre languide et mi-murmuré s’y trouve porté par des nappes de mellotron et de cordes orchestrées, avant que “Floating On A Moment” ne s’appuie sur la scansion d’une respiration haletante. Soutenue par un quatuor de choristes sépulcrales, Gibbons y perpétue ce spleen qu’elle distille depuis trente ans. Un peu comme une version dark du “Bang Bang” que Sonny Bono confectionna jadis pour sa chère Cher, “The Burden Of Life” s’avère une autre description saisissante du mal de vivre. Il n’en demeure pas moins que quelques plages tentent d’esquisser une résilience relative face aux ravages du temps (“Lost Changes” ou le pastoral “Whispering Love”), mais le mood global demeure désabusé. En résumé: la vie passe trop vite, les amours sont incertaines (“For Sale”), la communication est souvent difficile (“Reaching Out”), les êtres chers disparaissent et nous avons foutu la planète en l’air (“Rewind” sur gnawa beat). Sur le plan orchestral, l’electronica cède souvent le pas à des arrangements plus organiques, empruntant leur trame à des folks moyen-orientaux (“Beyond The Sun” n’aurait ainsi pas déparé le “No Quarter” de Jimmy Page et Robert Plant). N’empêche que voici sans doute l’un des albums les moins indiqués pour dissuader un suicidaire de passer à l’acte. S’il s’agit par contre de votre percepteur ou de votre député Renaissance, n’oubliez pas d’y joindre une capsule de cyanure ou une corde de chanvre avant de le lui offrir.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, May 17th 2024

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En concert:
27 mai, Salle Pleyel, Paris
29 mai, Primavera Sound Festival, Barcelone
31 mai, Bourse du Travail, Lyon
2 juin, Verti Music Hall, Berlin
3 juin, Fredericksberg, Danemark
5 juin, Utreccht (NL)
6 juin, Cirque Royal, Bruxelles
9 juin, The Barbican, Londres
10 juin, Albert Hall, Manchester
11 juin Usher Hall, Edimbourg