BEN SIDRAN – Rainmaker

Bonsaï Music / Idol / Socadisc
Jazz, Rhythm 'n' Blues
BEN SIDRAN - Rainmaker

Un peu comme nos propres Alain Minc et Jacques Attali dans les registres économiques et politiques, Ben Sidran a longtemps fait figure d’éminence grise dans celui de la musique. Que l’on en juge: davantage (re)connu en Europe ou au Japon que dans son propre pays, il n’en a pas moins présidé à l’essor du Steve Miller Band, avant d’y publier en 1972 sa thèse en musicologie (“Black Talk: A Cultural History Of Black Music In America”), tout en enregistrant près d’une quarantaine d’albums en un demi-siècle de carrière. Si l’on ajoute à l’inventaire de ses talents ceux d’homme de radio et de télévision, ainsi que ceux de producteur, de patron de label et de session man de luxe (auprès de Van Morrison, Diana Ross, Sarah Vaughan, Wynton Marsalis, Rickie Lee Jones ou Herbie Hancock), on commence à mesurer l’ampleur du personnage. C’est à l’initiative de son ami Pierre Darmon que furent amorcées les sessions de ce nouvel opus. Pour célébrer le quatre-vingtième anniversaire de celui-ci, ce dernier eut l’idée de convoquer au Studio de Meudon une douzaine de pointures, ayant toutes collaboré avec Ben ces dernières années. On y recense ainsi l’harmoniciste Olivier Ker-Ourio, les bassistes Billy Peterson et Max Darmon, le vibraphoniste Mike Mainieri, les saxophonistes Rick Margitza et John Ellis, le trompettiste Michael Leonhart (chroniqué ICI), le steel drumiste Andy Narell, le percussionniste Denis Benarosh, les guitaristes Romain Roussoulière et Rodolphe Burger, ainsi que son propre rejeton, Leo Sidran (à la batterie, à l’orgue, à la guitare, au chant et à la production). Sur le thème de la résilience en notre époque troublée, Ben a ainsi composé huit originaux, qu’il assortit d’une nouvelle version de son propre “Victime De La Mode” (popularisé chez nous par MC Solaar), ainsi que de deux covers: les appropriés “Times Getting Tougher Than Tough” de Jimmy Witherspoon, et “Ever Since The World Ended” de Mose Allison. C’est d’ailleurs la facture de ce dernier qu’évoque plus que jamais la musique de Sidran. Ainsi du “Someday Baby” d’ouverture, de “Are We There Yet”, “So Long” et de la plage titulaire, où son chant laconique, ainsi que son piano swing et chaloupé, avoisinent ceux du barde de Tippo, Missisippi. C’est vers un autre de ses émules, Tom Waits, que tend le proto-reggae semi-balkanique et hanté “Humanity” (entrecoupé de traductions en français de Rodolphe Burger), tandis que les instrumentaux “Panda”, “Sosi B” et “Sweet” renvoient respectivement aux riches heures de Ramsey Lewis, Horace Silver et Herbie Mann. Un disque méga-cool dans tous les sens du terme, par un vétéran auquel on n’apprendra décidément plus grand chose en la matière.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, March 31st 2024

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L’idée originale était d’organiser une grande réunion dans un studio d’enregistrement parisien afin de célébrer le 80ème anniversaire de l’artiste. Il avait donc commencé par écrire des blues et revisité certains de ses classiques préférés… puis il s’est finalement retrouvé à écrire des chansons dépeigant un monde dystopique, des chansons qui ne sont pas à priori des chansons à interpréter pendant des fêtes ou des moments bien joyeux. On est ici quelque part entre le tragique, l’hirsute et le poli, l’anéanti et le guéri. Rainmaker sonne comme un manuel de survie dans notre monde actuel. C’est d’ailleurs incroyable l’effet régénarateur qu’il suscite à l’audition! Les 11 titres sont interpréts par une pleïade redoutable de musiciens hors pair. Ce n’est pas un euphémisme que d’écrire que la musique de Ben Sidran n’a pas pris une seule ride.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, April 1st 2024

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Concert à ne pas rater: il sera chez Ronnie Scott’s, à Londres, le 11 Juin 2024.
Réservations ICI

Il sera également au Sunset-Sunside, à Paris, du jeudi 13 juin 2024 à 21:30 au vendredi 14 juin 2024 à 00:30
Réservations ICI