ANNIKA CHAMBERS & PAUL DESLAURIERS – Good Trouble

VizzTone
Blues-Rock, Soul
ANNIKA CHAMBERS & PAUL DESLAURIERS - Good Trouble

Le guitariste, chanteur et producteur canadien Paul DesLauriers n’est pas un nouveau venu, puisqu’il menait déjà les Black Cat Bones voici une trentaine d’années, avant de former son propre Band éponyme (dont le dernier album, Bounce, fut chroniqué ICI), et de présider en studio à la réalisation de projets d’artistes non moins fameux (Dawn Tyler Watson, In Volt…). Quant à Annika Chambers (native de Houston, Texas), elle a débuté aux côtés de Larry Fulcher (bassiste du Phantom Band de Taj Mahal) au sein du House Rules Band, avec lequel elle remporta l’International Blues Challenge de Memphis en 2012. Un premier album deux ans plus tard (le bien intitulé Making My Mark sur CD Baby) fut bientôt suivi d’un second (Wild & Free, chez Oarfin Records), avant Kiss My Sass sur VizzTone en 2019 (co-produit par Tony Braunagel, et chroniqué ICI). C’est précisément cette année là que nos deux tourtereaux choisirent de convoler, officialisant ainsi leur relation devant un officier de l’état civil dûment assermenté. Quant au guitariste américain JP Soars (troisième larron sur cet album), il nous avait livré à la même période un excellent Southbound 1-95 (chroniqué ICI), avec pour guest (outre Jimmy Thackery, Lee Oskar, Teresa James et Sax Gordon) son ami DesLauriers, auquel il rend donc la politesse ici. C’est sous l’égide (et avec le concours) du batteur Chris Geet que nos amis délivrent à présent quatre originaux et sept covers, tous captés live en studio après une lente maturation au cours du confinement mondial. Si leur similitude physionomique suscite le parallèle avec un autre integrated couple (Bob Vennum et Lisa Kekaula, front-leaders des Bellrays), la comparaison ne s’avère pas si fortuite qu’il y paraît, puisqu’il s’agit cette fois encore de concilier deux puissances de feu convergentes. Le second-line beat de la plage d’ouverture, “You Got To Believe”, s’accorde ainsi des saillies power-chord et lead des six cordes toujours aussi abrasives de Paul, et sur le terrassant “Stand Up” qui suit, un plein gosier de soul en fusion vous embrase l’oreille droite, tandis qu’une lead-guitar incendiaire vous trépane le tympan gauche. Nos tourtereaux exploitent ensuite la veine gospel du “Isn’t It A Pity” de George Harrison, pour en restituer une version funky digne du Freddie King de “Burglar”: les cendres du quiet Beatle doivent en frétiller depuis le tréfonds de leur urne! Tant qu’à emprunter le chemin des spirituals, “Heavy Load” arpente quant à lui les rives dont le “Natural Blues” de Moby tira sa substantifique moelle, pour confirmer où le Skynyrd de “Curtis Loew” puisa également son inspiration. La version du “Walk A Mile In My Shoes” de Joe South persiste dans cette veine Muscle Shoals, avant que l’éculé “Need Your Love So Bad” de Little Willie John ne reprenne des couleurs sous l’égide de nos protagonistes, dont l’unité maritale partage les vocaux (mentions spéciales au Hammond B3 juteux de Barry Seelen, ainsi qu’au solo de Mr. Paul, pétri d’une éruptive émotion). Le “We Got The Blues” de Cassie Taylor reçoit le rockin’ treatment du “Nutbush City Limits” de Ike & Tina Turner (de même que le “Money’s Funny” de Jeannette ‘Baby’ Washington), où l’on imagine sans peine le trémoussement des Ikettes en high heels et mini-skirts, tandis que la guitare du souteneur y fait parler la poudre, et que la mère maquerelle en profite pour harponner le chaland. Charpenté autour d’un riff moite de wah-wah, “I’m Going To Live The Life I Sing About In My Song” adopte le crescendo lyrique que lui imprime une Annika décidément en verve, avant qu’une reprise incandescente de leur “Mississippi Queen” ne réveille les ombres du Mountain de Leslie West et Corky Laing, et que l’incantatoire “I Need More Power” ne conclue ce disque en mode quasi-shamanique. Chaud devant!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, November 4th 2022

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Annika Chambers and Paul DesLauriers sont présentés sur le site de nos amis de American Blues Scene, ICI