ANNA ELIZABETH LAUBE – Wild Outside

Aah… Pockets! Records
Pop
ANNA ELIZABETH LAUBE - Wild Outside

Nous avons découvert cette artiste voici une trentaine de mois, au cœur du confinement. Retirée dans le Wisconsin auprès de sa famille, elle y avait conçu la compilation de ses quatre premiers albums parus depuis 2006 (chroniquée ICI), Hormis cette auto-anthologie, ce “Wild Outside” s’avère donc sa première nouvelle livraison depuis “Tree” (autoproduit en 2016). Heureusement pour elle, ces plateformes que tant de musiciens vouent aux gémonies lui permirent au moins de ne pas sombrer dans l’oubli, et l’on retrouve avec plaisir le timbre délicatement voilé et la folky-pop par lesquels elle nous avait séduits. Sur un rhythm pattern emprunté au “Stand By Me” de Ben E. King, le dreamy title song nous la ramène en formule minimale, dans un registre jovialement intimiste localisable entre Jack Johnson et Norah Jones (“It’s Nice To Have A Friend”, “By Your Side”). Avec pour seuls accompagnateurs le batteur et percussionniste Aaron Sterling (Lana Del Rey, John Mayer), Chris Joyner aux claviers (Heart, Sheryl Crow) et la multi-instrumentiste et songwriter Adrianne Gonzalez (qui produit le tout et co-signe deux titres), elle reprend deux standards de haut vol: le “Buckets Of Rain” de Dylan (qu’elle transpose en mode tex-mex, avec un orgue façon Augie Meyers et des chœurs mutins) pour en prolonger la vibe sur “Jardim De Estrella” (avec accordéon ad hoc), et le “Crying” de Roy Orbison (en émouvant instrumental piano solo). L’enjoué “Love Is Everything” pastiche un peu trop effrontément le “Words Of Love” de Buddy Holly, tandis que “Warrior” confesse une inclination inopinée pour la synth-pop eighties (entre Chris De Burgh et Frida Lyngstad). Le convenu “Beautiful” ne brille guère davantage par son originalité (sa ligne mélodique présentant d’irritantes similitudes avec celle du “What’s Up” de 4 Non Blondes). Anna Elizabeth s’offre encore le culot de reprendre le “I Will” de McCartney (circa “White Album”) en une sépulcrale ballade ralentie, et “How Could We Not Believe” de ce raseur de Ben Harper. Un disque d’humeur farniente, comme l’indique son artwork. Assurément un disque d’été, certes, mais qui, comme la plupart des amourettes de saison, risque cependant de ne pas passer l’hiver… Pour un retour aux affaires, on eût été en droit d’espérer un peu mieux.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 15th 2023

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