Blues, Disco, Funk, Soul

Deux ans et demi qu’on l’attendait, ce follow-up à son “Power” du printemps 2023 (chroniqué ICI). On ignore si la tastemaker germanopratine Léa Salamé la compte parmi ses “femmes puissantes“, mais à l’approche de la cinquantaine, c’est bien la description correspondant le mieux à Ana Popovic. Ne dédaignant pas tremper son funk dans un disco réminiscent de Kool & The Gang et Chic (“Hottest Ticket in Town”, “Sho Nuf” ou la plage titulaire) et Sly Stone (“Worked Up”), elle s’appuie plus que jamais sur son phénoménal bassiste, Buthel, pour en appeler les foules au dance floor. La Popovic lorgne même vers le Steely Dan de “The Royal Scam” sur “California Chase” (s’y permettant jusqu’à des soli façon Larry Carlton), tandis que le poppy “Hurt So Good” (où elle pastiche le Clapton unplugged) ne déparerait pas sur le dernier Wet Leg, et que le gospel “Dwell On The Feeling” évoque la rencontre d’Aretha Franklin, Booker T. et Carlos Santana (auquel se réfère plus explicitement encore “Soulution”, avec ses percus latinas). Avec son chorus de guitare meurtrier et ses cuivres aux petits oignons, son adaptation chorale du “50 Ways To Leave Your Lover” de Paul Simon (du “Still Crazy After All These Years” d’il y a pile un demi-siècle) emporte en tout cas l’adhésion, comme aurait pu le faire en son temps Stevie Wonder. Elle n’a sans doute jamais mieux chanté que sur le “Sisters And Brothers” qu’elle interprète en conclusion sur un rythme raï, avant d’y laisser décoller en vrille sa stratocaster. Avec le parti-pris ouvertement dance que son titre annonce, cet album risque certes de prendre à rebours maints de ses fans de la première heure… Il n’empêche que l’on ne peut qu’être soulagé de retrouver Ana (et sa guitare) en pleine forme: welcome back, Milady!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, November 19th 2025

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