ANA POPOVIC – Power

ArtisteXclusive Records / Socadisc
Blues, Funk, Soul
ANA POPOVIC - Power

On pourra bien dire ce que l’on voudra de la plus Serbe des guitar-heroes du dernier quart de siècle, mais cette Lady n’en a pas moins préservé l’essentiel, dans ce marigot de piranhas que demeure le music-biz contemporain: son intégrité. Et pourtant, que de chemin parcouru depuis les clubs modestes de son Belgrade natal… Pour l’avoir observée de près en 2002, dédicaçant patiemment (et alors encore brune naturelle) posters, programmes et albums à un public franco-belge qui la découvrait à l’affiche du Belgium Rhythm & Blues Festival (tandis qu’elle résidait encore à Amsterdam), et pour avoir partagé les photos de ses enfants sur son Iphone pendant qu’elle retrouvait sa sœur cadette au restaurant avant un concert lillois, je prétends savoir que, comme pour Dietrich dans “L’Ange Bleu”, il existe au moins deux Ana Popovic. La hard working entertainer (nécessitant 25 mn d’apprêt dans les loges avant chaque concert, afin d’incarner sur scène le fantasme de maints priapiques et autres maniaques du shred), certes. Mais aussi cette femme forte et sincère, authentique virtuose mais aussi mère aimante, et support familial aussi fidèle que déterminée. Car chez Ana, le sens de la famille s’étend aussi à l’élargi. Ainsi, quand après dix albums à son actif (en incluant ses deux premiers au sein de son groupe Hush) et autant d’Awards mérités, elle fut frappée par le même mal insidieux qui avait emporté sa propre mère trois ans auparavant, c’est sa diaspora en musique qui vola à son secours, en la personne de Buthel Burns. À la fois bassiste de son groupe et son directeur musical, ce dernier monta immédiatement au filet pour éviter à sa patronne (et néanmoins amie) de flancher. À l’arrivée, ces deux-là délivrent ce qui demeurera sans doute comme le pinacle de la carrière de la Serbe: mieux encore que l’éculé LP de résilience qu’appelle régulièrement notre époque affligée, le bien intitulé “Power” est en effet un album de revanche sans concession. Dès le “Rise Up!” d’ouverture (signé Kenny Wayne Shepherd), mené tambour battant sur un afro-beat enlevé, on est saisi par la ferveur de l’entreprise: les chœurs féminins et l’orgue Hammond de Michele Papadia en attisent les braises, tandis que la voix d’Ana et sa guitare l’embrasent littéralement. Les up tempo “Power Over Me” et “Queen Of The Pack” empruntent des accents soul et avec le renfort bienvenu de chœurs et de cuivres caquetants, au point que l’on a l’impression d’y ouïr la guitare de Carlos Santana dialoguant avec la regrettée Aretha Franklin! “Doin’ This” et “Flicker N’ Flame” empruntent la geste du grand Robin Trower, quand celui-ci arpentait les travées du Band Of Gypsies: rock n’ soul mêlés, les chœurs et l’orgue y épousant la moindre inflexion de leur leader sur le pont – mais bon Dieu, comment tient-elle ce tempo d’enfer? Les bossa “Luv’n Touch” et “Recipe Is Romance” relâchent un temps la pression, tandis que chœurs et cuivres y prononcent encore la touche rhythm n’ blues dominante, et qu’Ana s’y fend, outre de vocals à fondre, de guitar-licks crève-cœur s’élevant vers le firmament. Le boogie shuffle “Strong Taste” titille ensuite la fibre Billy Gibbons qui sommeille en tout Texas blues-rock fan, et les choristes (Tasha Parker, Noel Burns et Nia Kelley) ainsi que l’orgue de Brandon Bland y prennent part avec un allant non simulé. Les boogie funk “Deep Down” et “Ride It” réunissent l’esprit du Sly Stone de “Fresh” et du Johnny Guitar Watson de “A Real Mother” (qui hérissaient tant les puristes voici un demi-siècle, pour devenir depuis un milestone incontournable chez tout amateur de funk moderne), tandis que le ‘Turn My Luck” conclusif tutoie le Terence Trent d’Arby des origines. Artiste en perpétuelle évolution depuis un quart de siècle, Ana aura peut-être du mal à surpasser pareil chef d’œuvre. Peu importe si les records sont établis pour être battus: elle vient déjà d’enregistrer son classique intemporel, à l’aune duquel on évaluera sans doute sa contribution décisive aux musiques qu’elle célèbre depuis toujours. Tour à tour blues, rock, soul, jazz & funk, la Popovic abat ici une imparable quinte flush. Welcome to the party!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 15th 2023

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L’artiste n’en est pas à sa première galette, puisqu’elle approche dorénavant la quinzaine! Ce qui est plus qu’honorable dans une carrière d’une durée de (seulement) 25 ans. Toutes les compositions sont signées Ana Popovic et Buthel, exceptée “Rise Up!” qui est signée Kenny Wayne Sheperd (dont le talent n’est plus à démontrer) Tia Sillers (qui a déjà collaboré avec Kenny Wayne) et son mari Mark Selby, Flicker N Flame et Ride. La cover est suffisamment expressive et résume la philosophie et l’état d’esprit de l’album: la main blanche d’Ana et celle de Buthel inextricablement liées, Ana et son bassiste, producteur, ingénieur du son, ami indéfectible et oh combien nécessaire dans la difficile période que la Miss a traversée!
Un nouvel album qui est toujours simplement de l’excellent Ana Popovic, encore meilleur, tout simplement funky, mais avec toutefois un côté soul de chez Stax bien prononcé! Il faut dire que l’assaisonnement s’y prétait particulièrement: le batteur Chris Coleman, natif de Detroit, est de la partie, un ami, un vrai, originaire de cette même ville créée par un français, hé oui, en 1701. Le disque a été enregistré à Détroit et on y retrouve le blues acéré propre à la Popvic, mais aussi un côté typiquement Detroit et un côté New Orleans grâce à l’apport remarquable et remarqué de cuivres sur un titre. Une formidable note d’espérance et un hymne à la vie que ces 11 titres à inscrire dans le marbre.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, June 12th 2023

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En tournée française ce printemps et cet été 2023:
15 mars – NILVANGE (57) Le Gueulard +
16 mars – SANNOIS (95) EMB
17 mars – ST ARNOULT EN Y. (78) Jazz à Toute Heure – COMPLET
18 mars – MONTLUCON (03) Le 109 Embarcadère
19 mars – ISTRES (13) L’Usine
21 mars – BEAUVAIS (60) Le Blues autour du Zinc
22 mars – RUBIGEN (CH) Muhle Hunziken
23 mars – SAINT ETIENNE (42) Le Fil
24 mars – STRASBOURG (67) La Laiterie
25 mars – ABBEVILLE (80) Les Nuits du Blues
26 mars – CLEON (76) La Traverse
01 juillet – LE BROC (06) Le Broc Festival
06 juillet – CHALON EN CHAMPAGNE (51) Private show
07 juillet – CROLLES (38) Gresiblues