Americana |
Comme le déclara un jour Simone Signoret, “la nostalgie n’est plus ce qu’elle était” (elle disait aussi “qu’il faut vivre avec Montand”). Cela fait un bon demi-siècle que nos musiques dites actuelles lorgnent obstinément dans le rétro (remember “Pin Ups” de Bowie et “These Foolish Things” de Bryan Ferry, sans même évoquer Sha-Na-Na auparavant?), et on ne peut s’étonner que ce phénomène perdure, tant l’album de covers, par delà l’hommage aux anciens, est quasiment devenu un passage obligé pour ceux qui cherchent à évoquer l’âge d’or de leur jeunesse enfuie. Maintenant que les boomers sont bien engagés dans le troisième âge, les strates du temps paraissent s’agréger, et que vous demeuriez inconsolables du pub-rock, de Status Quo, de Genesis ou de Cat Stevens, tout semble bon pour rembobiner le moulin aux souvenirs. Dans le cas d’Alice Di Micele (dont nous vous parlions ICI du “Every Seed We Plant”, voici bientôt deux ans), l’Eldorado semble s’ancrer principalement au cœur du Laurel Canyon de la fin des sixties et du début de la décennie suivante. Cette collection s’ouvre et se referme en effet sur Neil Young (avec ses “Old Man” et “Harvest Moon”), tandis que le “Sugaree” de Robert Hunter et Jerry Garcia (initialement paru sur le premier album solo de celui-ci, puis joué maintes fois en concert avec le Dead), ainsi que le “Over My Head” que Christine McVie offrit au Mac, et même le “Death Don’t Have No Mercy” du Reverend Gary Davis (pièce de résistance de Hot Tuna), figurent ici parmi les à peine moins antiques “The Hounds Of Winter” de Sting et le “Square One” de Tom Petty. Mais le principal intérêt de cet exercice de style réside (comme son titre l’indique) dans le talent d’interprète de Di Micele. Vocaliste à l’ample registre, elle délivre maintes relectures personnalisées, dont celles du “Throw It Away” d’Abbey Lincoln et du “Give Yourself To Love” de la regrettée Kate Wolf ne se révèlent pas les moins impressionnantes. Accompagnée par une dream crew d’une sensibilité jamais prise en défaut, cette songwriter de premier ordre se met ici au service de compositions de ses propres parangons, et franchement, ça le fait.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, January 18th 2024
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https://www.youtube.com/watch?v=bDHUrKxc2X4&t=1s
https://www.youtube.com/watch?v=EXyFyvTpV00