Blues

Après les deux derniers opus de Alexx et ses Mooonshiners on attendait avec impatience et comme un soupçon d’inquiétude, il faut bien l’avouer, la suite de leur périple chez Dixiefrog car après un ‘live’ rageur et un six titres en acoustique ne proposant que des reprises (uniquement disponible en téléchargement), on se demandait ce que le duo allait nous balancer à la tronche en sortant du bois.
Personnellement j’avais bien aimé le six titres version ‘unplugged’ car il avait ouvert un autre horizon de ce que ce duo explosif est capable de proposer, une fois leur grosse artillerie déposée derrière les amplis, même si le fait qu’il n’y ait eu que des reprises avait un peu refroidi mon enthousiasme. Mais avec ‘MoOonset’, le premier des deux CD proposés dans le digipack, la réponse à cet EP nous est offerte avec une série de 10 titres (dont 6 compos du duo!) en version totalement acoustique ou légèrement électrifiée.
Sur le premier titre, ‘Not the Best’, comme sur ‘Comfortably Numb’ (hé oui, une reprise du Floyd), la voix de Alexx est fragile, frêle, comme prête à se briser car tellement différente de celle qui rugit sur scène. La guitare acoustique de Lionel, accompagnée par un violoncelle, est dépouillée et envoûtante, d’une sensibilité profonde. Le lascar est non seulement un excellent guitariste, mais il est aussi un super arrangeur, sachant donner à chaque titre de ce premier CD un éclairage propre, des subtilités riches et intenses, des combinaisons sonores magiques.
Et comment ne pas dire encore deux mots sur ‘the’ titre de ce premier CD, l’excellent ‘Come on’. Tout y est, de la voix d’Alexx qui a repris du volume à la guitare étincelante de maître Riss, du violoncelle qui ondule au clavier qui s’envole. Tout y est, avec en prime un super solo de gratte de Monsieur Lionel qui fera rougir d’envie plus d’un guitariste à qui on aura refilé une six cordes acoustique. Sur le dernier des 10 titres, ‘We Float’, Alexx libère totalement sa voix, comme pour assurer la transition avec le second CD. On flirte avec l’univers de Janis Joplin puis on y plonge, la Miss nous embarquant dans un périple psyché débridé comme pour mieux célébrer ce soixante dixième anniversaire que Janis aurait dû fêter avec nous, cette année justement.
A la manière de Jimi et Janis, Alexx et Lio sont deux bêtes de scène, deux êtres à l’énergie communicative et qui mettent le feu partout où ils passent, entraînant toujours dans leur folle course poursuite à l’orgasme musical les musiciens qui les accompagnent, les techniciens et les bénévoles des festivals comme les publics auxquels ils donnent le max d’eux-mêmes. Cela fonctionne à chaque fois, et à chaque fois on assiste à un pétage de plombs plus intense encore. Les titres alignés sur la seconde galette intitulée ‘MoOonrise’ sont de cette veine qui va enflammer un peu plus encore les scènes et les salles où se produiront les MoOons. Sûr que leur version de ‘Should I stay or should I go’ des Clash est de ces ‘cover’ qui va entretenir la légende des Joe Strummer & Co. Surtout quand Alexx crache toute la dynamite qu’elle a bouffé en souvenir de tout ce que ce quatuor punk-rock a pu balancer en 9 ans, de 1976 à 85. Mais cette reprise est la seule du lot, huit autres titres étant des compos co-signées par le duo Lionel Riss-Alexx Wookenschroll et deux autres par le seul Lio, dont l’excellent ‘Well Done’. Well done, justement.
Tous les morceaux sont de ceux qui deviendront des incontournables en ‘live’. Ecoutez (en montant le son, c’est nécessaire!) ‘Strange’, ‘Emperor’s Boogie’ (le titre à lui seul veut déjà tout dire!), ‘Faithfull Dream’, l’endiablé ‘Alisona’,…bref, cette galette est une bombe en puissance qui n’attend qu’à exploser sur scène.
Et que dire d’un titre comme ‘Memories of a Dark Island’ qui a les poumons pour devenir le morceau d’anthologie de tout concert des MoOons. La batterie y trouvera de quoi s’éclater, la basse aussi, abandonnant Lio et Alexx à leur déluge scénique volcanique. Sans oublier le superbe ‘Witless’ avec cette énorme gratte en intro à la manière des Stones ou du Led Zep de la plus belle époque. C’est de la guitare diaboliquement basique mais d’une puissance phénoménale. Montez le son, montez le son encore et encore et vous verrez la différence. Depuis le temps que l’on vous dit que ce Lionel-là est non seulement un des tous meilleurs guitaristes de l’hexagone, mais aussi (et surtout) un super compositeur.
Un digipack avec ses deux CD à posséder, oui, mais des artistes à aller voir sur scène, car c’est aussi en ‘live’ que la folle magie des MoOons opère.