ALASTAIR GREENE – Alive In The New World

Whiskey Bayou Records
Blues-Rock
ALASTAIR GREENE - Alive In The New World

Un peu plus de deux ans après son alter ego studio (New World Blues, chroniqué ICI), ce guitariste et chanteur californien, féru de collaborations aussi variées que celles qui le menèrent de Layla Zoe à Deb Ryder (en passant par Amanda Fish, Mitch Kashmar, Sugaray Rayford, Fabrizio Grossi et Alan Parsons), nous propose à présent l’instantané chaud brûlant de la tournée promotionnelle du dit album. À nouveau produit par Tab Benoit (qui y officie derrière les fûts – de batterie, non de spiritueux – et le publie sur son propre label), c’est la traduction éruptive à souhait de la formule power trio initiée au siècle dernier par Cream, West Bruce & Laing et autres Johnny Winter. Ouvertement inspiré de Stevie Ray Vaughan & Double Trouble, le Texas shuffle instrumental qui ouvre le ban (“Back At The Poor House”) est comme il se doit un festival de licks incendiaires, tandis que le funky “Lies And Fear” évoque furieusement les ruades dont nous gratifiaient Beck, Bogert & Appice voici une cinquantaine d’années. La version ci-devant de l’enlevé “When You Don’t Know What To Do” en accentue les racines louisianaises, par la grâce du drumming de Benoït et de la basse de Corey Duplechin, qui y instaurent une sorte de heavy cajun drive. Entre les “You Shook Me” et “Same Thing” de Willie Dixon, le slow Chicago shuffle “No Longer Amused” prend ici les accents hendrixiens de “Red House”, et permet à Mr Greene d’y développer sa science du crescendo chromatique. Mais à la différence de Jimi et SRV, Alastair ne s’exprime pour sa part que sur Gibson, et si cette spécificité n’entrave en rien sa dextérité, elle lui confère un son plus épais et incisif à la fois. Davantage proches du Clapton des early-seventies, “Wontcha Tell Me” et “Find Your Way Back Home” offrent également à Alastair de brulantes pistes de décollage, tandis que la rythmique lui prodigue le southern backbeat de circonstance. “Heroes” et “Bayou Mile” (par sa slide incandescente) ravivent avec émotion et virtuosité les parfums de l’Allman Brothers Band et ceux des débuts de Gov’t Mule. À la manière de ZZ Top et Canned Heat, l’irrésistible “Living Today” fait danser le boogie dans les travées, et l’on y mesure au passage la versatilité, la puissance et le groove de ce grand drummer que demeure Tab Benoit. La plage éponyme de son prédécesseur referme en majesté ce live brut de décoffrage. Capté en mai 2021 lors de cinq shows consécutifs à la City Winery de Chicago, il procurera aux nostalgiques d’un certain blues rock éternel l’occasion de se replonger avec délectation dans cette époque où Durandal arborait six cordes d’acier, et les Chevaliers de la Table Ronde étaient branchés sur le secteur.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 13th 2023

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