ABIGAIL LAPELL – Anniversary

Outside Music
Folk, Pop
ABIGAIL LAPELL - Anniversary

Après son unanimement célébré “Stolen Time” de 2022 et le “Lullabies” de 2023, cette chanteuse, guitariste, pianiste et songwriter de Toronto nous revient pour cet “Anniversary” produit par son compatriote Tony Dekker (de Great Lake Swimmers, dont le récent “Uncertain Country” fut chroniqué ICI). Album thématique, ses chansons y traitent de l’engagement intime que représentent le mariage, la parentalité, le deuil, ainsi que des joies et angoisses qui en découlent. Entourés d’une demi-douzaine de musiciens, auxquels s’ajoutent sur un titre trois choristes), la paire Lapell-Decker n’en cisèle pas moins méticuleusement ses orchestrations, à la manière dont Terry Melcher opérait sur les premières productions des Byrds. Ainsi de la plage titulaire, dont le drumming léger, les chœurs aériens et la jangle guitar évoquent à s’y méprendre ceux de “Turn, Turn, Turn”, “Bells Of Rhymney” et “Mr Tambourine Man”. Menés par un piano languide, “Footsteps” (bientôt rejoint par des cordes et un orgue sur un crescendo majestueux) et “3am” (avec la trompette céleste de Rebecca Hennessy) renvoient pour leur part à la Carole King confessionnelle de “Tapestry” (qu’évoque également le lumineux “Count On Me”). La ligne vintage Laurel Canyon persiste à se déployer avec les folky “Rattlesnake” et “Flowers In My Hair” (scandés de percussions organiques et de contrechants nimbés de reverb), tandis que le three-steps “Blue Haze” s’inscrit de plain-pied dans la country de Bakersfield à laquelle s’apparentaient jadis Gram Parsons et Emmylou Harris. On n’échappe pas toujours à une certaine platitude (ainsi de “Someone Like You”, dont il n’est pas certain que les Mamas & Papas eussent pu tirer ne serait-ce qu’une simple B-side, ou encore du pénible “Blue Electric Skies” et sa scie musicale, au fil duquel on peine à réfréner un franc baillement). Sans renverser la table pour autant, les plus consistants “Wait Up” et “Stars” parviennent néanmoins à sauver les meubles sur la ligne d’arrivée. Enregistré dans une église anglicane à Niagara-On-The-Lake (Ontario), voici donc un album résolument hors de son époque, qui ramènera les nostalgiques de la scène californienne des late sixties à leurs chers souvenirs, tout en procurant une crédible time-capsule à leurs descendants actuels.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, May 6th 2024

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