Interview de ‘Sir’ Oliver Mally

Vous n’avez sans doute probablement jamais entendu parler de lui et pourtant le bonhomme est une véritable star en Autriche, en Allemagne et dans toute l’Europe du nord et de l’est. Salué par Bruce Iglauer, admiré par de nombreux musiciens, ‘Sir’ Oliver Mally a accompagné quelques uns des plus grands noms du blues et son Blues Distillery Band est l’un des ‘backingband’ les plus recherchés. D’une grande disponibilité et d’une extrême gentillesse, ce mec au physique d’acteur vedette aurait très bien pu jouer dans un Tarantino ou un super polar mais il a choisi le blues, électrique puis acoustique, pour s’éclater et faire partager son bonheur de jouer de la guitare et de chanter. 

Aucun concert de Oliver Mally en solo ou de son groupe, le Sir Oliver Mally & The Blues Distillery Band n’étant programmé pour 2007 en France (rien depuis Cognac 2005… !), c’est ce bluesman à la présence scénique indiscutable et au physique de beau gosse que nous avons rencontré pour vous, en espérant que cela donnera des idées à certains…(suivez mon regard).

BM : Dis-moi, d’où te vient ce surnom de ‘Sir’ ? Aurais-tu été anobli par la Reine d’Angleterre… ?
OM : (rire) Non, pas du tout. C’est un surnom qu’on m’a collé dessus il y a pas mal d’années déjà,…et ça m’est resté. Pourquoi on m’avait surnommé ainsi ? Je vais te dire la vérité : je ne sais plus ; mais ça m’est resté et je trouve ça marrant de le garder. (rire)

BM : Comment et pourquoi t’es-tu orienté vers le blues et non pas vers le rock, car tu as commencé par jouer de la guitare vers 15 ans, âge où les jeunes écoutent plutôt du rock…

OM : (sourire) Tout cela est de la faute à B.B. King, Albert King, John Lee Hooker et pas mal d’autres encore dont j’écoutais les disques et dont j’essayais de rejouer les parties de guitares. Pourquoi eux et pas d’autres ? Et pourquoi pas… ? (rire) Tu sais, quand tu es jeune, tout dépend de ce que tu ressens et des artistes que tu aimes écouter. Moi j’ai craqué pour ceux-là et ce sont donc ces guitaristes là qui ont influencé mon jeu de guitare et ma musique.

BM : En 17 années u as beaucoup tourné avec The Blues Distillery Band. Tu as joué dans combien de pays en tout ?
OM : Aucune idée, je ne les ai jamais comptés, mais nous avons souvent joué en Allemagne, en Italie, en Slovénie, en Pologne, en Suède, en Hongrie, aux Pays-Bas, en Belgique,en Suisse, et j’en oublie.,…et quelques fois en France. Mais pas assez à mon goût… ! (rire)

BM : Tu as fait notamment un passage à Cognac…
OM : Oui, c’était en 2005. Le public là-bas était formidable. J’aime beaucoup le public français parce que quand tu es artiste et que tu joues du blues en France, tu sens que le public aime écouter le blues. Vous êtes un public connaisseur, et respectueux,…et ça c’est très important pour un artiste.

BM : Avec The Blues Distillery Band vous avez accompagné de grands noms du blues. Tu peux nous rappeler quelques noms de ceux avec qui tu as partagé la scène ?
OM : (large sourire) Dans le désordre,….il y a eu Doug McLeod , Lousiana Red, Steve James, Sugar Blues, Big ‘Lucky’ Carter, Johnny ‘Yarddog’ Jones, John Mooney, The Griswolds, Larrry Garner,….et plein d’autres encore.

BM : Pour l’album Bulletproof tu as mis tous tes musiciens à contribution pour écrire les 12 titres…
OM : (sourire) Oui, mais il y a un titre que j’ai écrit seul, c’est Bad Boy’s Blues,…sinon il y en a aussi que j’ai composé avec Willy Hackl, mon batteur.

BM : Comment choisis-tu les musiciens qui t’accompagnent et qui enregistrent avec toi?
OM : C’est simple : ce sont des amis ! (rire)

BM : Tu n’en changes donc pas souvent ?
OM : Non. Pendant les onze premières années du groupe, j’ai toujours joué avec le même line-up puis un nouveau batteur est venu nous rejoindre, Willy Hackl, qui est toujours avec nous d’ailleurs. Willy est un mec qui a eu un rôle très important pour le groupe : il a travaillé beaucoup pour le ’son’ que le groupe a, maintenant, et il écrit aussi de super arrangements. Autre changement depuis deux ans à peu près : c’est Martin Gasselsberger qui est aux claviers,…un monstre ! Et comme Willy, il a aussi beaucoup bossé sur le son du groupe. Pour finir, je ne peux pas ne pas te parler de mon ami, mon vieil ami Walter Kreinz à la basse. Il me suit depuis 17 ans, tu te rends compte… ? (rire) C’est un mec très cool, et qui a des nerfs, car il en faut des nerfs pour me supporter et bosser avec moi…(rire)

BM : Sur Bulletproof, quel est pour toi le titre le plus important ?
OM : Bad Dream,…et Bad Boy’s Blues également. Ce sont deux chansons que j’ai écrites de manière très spontanées, comme elles venaient.

BM : Pourquoi avoir enregistré ensuite Love As A Devil, un album solo, et uniquement acoustique ? Tu n’étais pas assez satisfait de Bulletproof ? Que voulais-tu démontrer ?
OM : J’ai toujours aimé jouer en acoustique. J’adore écouter des mecs comme Steve Earle, Townes Van Zandt, Guy Clark,… et ils m’ont inspiré. Ces dernières années j’avais écrit pas mal de chansons, conçues pour être chantées en solo, en acoustique, et j’ai pensé que le moment était venu de sortir un album. C’est comme une envie qui te prend, là, aux tripes, et tu dois faire ce que tu a à faire, c’est plus fort que toi. Je suis rentré en studio et là, en une demi-journée, en une après-midi, j’avais enregistré l’album.

BM : En live, en quelque sorte…
OM : Tout à fait, en live.

BM : Enregistrer cet album était donc comme une nécessité…
OM : Je dirais plutôt une envie, un besoin, quelque chose de très fort. Tu sais, il m’arrive de plus en plus souvent de jouer en solo et en acoustique au milieu d’un concert du groupe, et parfois il y des salles où il est quasi impossible de faire venir le groupe au complet et de jouer électrique, alors l’acoustique est une autre manière d’aller à la rencontre de mon public, quelle que soit la dimension de la salle où je joue.

BM : Es-tu fier de cet album ?
OM : Fier n’est pas le bon mot. Je dirais plutôt content,… content de m’être lancé, content d’avoir sorti cet album, content ensuite de découvrir les critiques très positives, et content qu’un des titres de cet album ait été retenu dans le CD du Magazine Blues Revue. Content, oui. Fier ? Non.

BM : Et tu vas continuer dans ce sens, à proposer des albums acoustiques ?
OM : Oui, bien sûr, parce que jouer du blues en acoustique est quelque chose que j’adore. C’est une autre facette de ma personnalité, l’autre côté de la médaille, et jouer en acoustique est très important pour moi. D’ailleurs, tu peux noter que j’ai déjà toute une valise de chansons prêtes pour un prochain album ! (rire)

BM : Sur cet album tu proposes 10 chansons écrites par toi et une reprise…
OM : C’est exact, il y a dix chansons de moi et une reprise, It’s A Long Way To The Top (If You Wanna Rock’n Roll), de AC/DC. J’adore cette chanson… !

BM : Question difficile, Oliver : quelle chanson de toi préfères-tu ?
OM : Punaise, c’est très dur de répondre à une question pareille, mais je dirais…. Butterfly Girl,… et Love Is A Devil,… et New Year’s Eve,… Non, c’est impossible à te répondre, parce qu’elles ont toutes quelque chose de spécial. Mais peut être qu’on peut préférer l’une ou l’autre en fonction de son humeur, du jour où on l’écoute…

BM : Ton prochain album ?
OM : Ce sera un album du groupe,….et peut être aussi un nouvel album solo acoustique pour la fin de l’année, pour les fêtes…(sourire)

BM : Nous les attendrons tous les deux avec impatience…

OM : Merci à toi et merci à tous les amateurs français de blues qui apprécient notre musique. A bientôt, la France !

Frankie Bluesy Pfeiffer
Juin 2007
BLUES MAGAZINE©
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Sir Oliver Mally