Interview de Jean-Paul Avellaneda, guitariste-chanteur de MERCY

Interview préparée et réalisée par Frankie Bluesy PFEIFFER

Jean-Paul Avellaneda est un personnage étonnant et attachant. Le guitariste de Mercy nous accorde une longue interview, dans laquelle il revient sur la génèse du groupe, la scène et les projets en cours. Avec en ligne de mire un troisième album, en préparation après un séjour aux States. En en exclu pour blues magazine, Jean-Paul Avellaneda nous révèle même ses ambitions de demain.

Mercy au Bay CarBM : Pourquoi ce nom, Mercy ?
JPA :
Tout d’abord, il fallait un nom facile à prononcer, en français comme en anglais. Et puis ce nom contient une touche gospel, une espèce de reconnaissance mystique, parce que je me dis que j’ai toujours comme une bonne étoile au dessus de ma tête, que j’ai la chance avec moi, la chance d’avoir rencontré toutes ces personnes, comme Luther, par exemple. Tu sais que Mercy, en anglais, c’est miséricorde.

En concert, Mercy aligne les cover, les retravaille, les faisant sonner différemment à chaque fois. Une bonne étoile veille sur le groupe : une maison d’édition qui a dans ses tiroirs le catalogue complet de Slim Harpo est en contact avec Francis Campello. Ce sera le déclic, qui débouchera sur le premier CD du groupe, Tribute to Slim Harpo. Mais pour réussir ce superbe CD, Jean-Paul va retravailler tous les titres, consacrant, entre tournées et répétitions en studio, une année entière à reprendre tous les morceaux, les refrains, rajoutant une guitare basse et peaufinant les harmonies.

JPA :
En tout, ce CD nous a demandé deux années de travail. Et puis, c’est vrai je suis quelqu’un de méthodique, qui aime les choses bien faites. Il est donc normal qu’à partir du moment où on accepte de faire cette démarche et de rendre hommage à un artiste, on y consacre du temps. Et puis je pense aussi que de plus en plus, dans notre métier, si tu n’arrives pas avec un truc perfecto, tu n’arrives à rien. Sans parler des States ! Et si Mercy a de bons échos là-bas, c’est aussi parce que l’on a toujours tout fait pour sortir des trucs perfecto.

BM : Justement, votre second CD s’intitule Magic. Pourquoi ce titre, Magic ?
JPA :
En fait, j’ai voulu exprimer et résumer tout ce que j’avais ressenti en 2002, lorsque j’étais à Memphis, avec Kevin Mulligan, un ami guitariste. Il était deux heures de l’après-midi, et il n’y avait personne dehors, à part nous deux, sous un soleil de plomb. Une ambiance genre carte postale. Et soudain, il y a un grand black qui sort d’un bar, tout habillé de blanc, chapeau blanc, cravate blanche, godasses blanches. Il s’arrête à notre hauteur et nous dit « Hot, isn’t it ? », avant de repartir, sans même attendre de réponse de notre part. C’était comme dans un film,…tu ne regardes pas le film, tu es dans le film ! Et là, je me suis dit « C’est magique ! ». Et tout ce que l’on voyait, là-bas, c’était encore dans le film, comme ces énormes trucks qui foncent, à quelques mètres de toi. Et à chaque fois, il n’y avait qu’un seul mot qui me venait à l’esprit : magique. Voilà pourquoi j’ai appelé notre second album, Magic. Ensuite, savoir si j’ai bien rendu tout ça, c’est à ceux qui écoutent notre CD de me le dire… !

BM : Sur scène, tu sembles toujours chercher le contact avec le public, comme si c’était un besoin…
JPA :
Sur scène, lorsque je joue, je vais chercher le regard des gens. Je ressens leur énergie. En tant que musicien, je transmets de l’énergie, et je vais chercher en retour l’énergie que peuvent me transmettre ces gens, pour leur redonner encore ce que j’ai en moi. Je suis toujours à la recherche des regards, c’est vrai. Un regard, c’est pur, et cela te renvoie ce que tu donnes à l’autre. C’est cela aussi qui fait que chaque concert est un moment très spécial, unique.

BM : Stéphane, ton fils, tient les baguettes depuis 6 mois. A quand le changement de nom du groupe en Avellaneda Blues Band ?
JPA :
(rires) Non…, c’est Mercy, et cela restera Mercy. Les musiciens sont, et ne sont que des individus, mais le groupe reste Mercy, quels que soient les changements de musiciens. Et puis, Stéphane, dans la vie de tous les jours, c’est mon fils, mais sur scène, c’est pour moi un musicien comme un autre. Et s’il y a un truc qui ne va pas, je le lui dis, comme je le dirais à un autre musicien. Comme je te l’ai dit, avec mon expérience acquise aux States, je ne suis pas du genre à dire que ça va bien si quelque chose ne va pas. Ce qui m’intéresse en tant que guitariste, c’est d’avoir un bon batteur, c’est tout. 

BM : Et ce troisième album, alors ?
JPA :
Pour le faire, il me faut des images, des couleurs, et c’est pourquoi j’étais aux States en janvier. Maintenant, cela me demandera encore un an, un an de boulot. Tu sais, pour proposer un album de 10 titres, j’en compose 40 à 50.

BM : Et tu fais quoi des 30 autres ?
JPA :
Je les jette (rires). Non, ils sont là, sur bande, dans un vieux magnéto cassettes. Tu sais, ce que je n’ai pas retenu pour un album est passé. Le temps roule, de nouvelles idées arrivent,…et finalement c’est cela qui est passionnant, travailler sur de nouvelles idées, créer.

BM : Ton prochain challenge ? Directeur Artistique ?
JPA :
Bingo ! Et en avant-première, une annonce pour ton mag : la guitariste américaine de Seattle, Nicole Fournier, que nous avions invité à jouer sur scène avec nous, en juillet dernier au festival Grésiblues, devrait enregistrer son prochain CD dans mon studio. Great, non ? Et si des artistes américains viennent enregistrer chez moi, dans un studio où tu retrouves un son des années 60, alors j’aurais réussi quelque chose de bien.
 


Frankie Bluesy Pfeiffer
Novembre 2005
BLUES MAGAZINE©
http://www.bluesmagazine.net
Crédit photos : Eric BAJARD, Lucky Sylvie LESEMNE, et Frankie Bluesy PFEIFFER

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