Interview de Jack F.
ITW préparée et réalisée par Alain AJ-Blues – rédacteur en chef adjoint – Paris-Move
Photos: © Alain AJ-Blues, Marie Stamatakis, Albino Fonseca, Mathias Gehric, Didier Davenel
Alain AJ-Blues: Bonjour Jack. Je te remercie infiniment de nous accorder cette interview pour Paris-Move. C’est un grand plaisir pour nous deux de vous retrouver en privé tous les deux, toi et Marie, car ce sont toujours des instants précieux à partager ensemble.
Jack F : Merci à vous deux, c’est également nous qui vous remercions pour votre accueil, le plaisir est entièrement partagé.
Alain AJ-Blues: Entrons d’emblée dans le vif du sujet pour parler de ton album Jack F. “Bienvenue au club”, sorti dernièrement en septembre. Un album de compositions avec des textes chantés en français. Depuis combien de temps est né ce projet pour aboutir à cet opus en tant qu’auteur, compositeur et interprète?
Jack F : Pour bien comprendre cette actualité me concernant, il faut remonter très loin en arrière, aux environs des années 1976. Je vais essayer de faire rapide. J’ai commencé à jouer de la musique en 1973, dès l’âge de 13 ans. J’ai toujours été captivé par les ‘songwriters’, avec une grande admiration pour Bob Dylan. C’est difficile d’expliquer, car en fait je suis autodidacte, je n’avais pas appris la musique, je n’avais jamais suivi de formation. Je ne me suis jamais posé la question de savoir comment il fallait faire, mais très jeune j’ai eu envie d’écrire des chansons.
Alain AJ-Blues: Tu as écris des chansons avant même de jouer dans un groupe?
Jack F : Oui, tout à fait. Et avant même de savoir bien jouer de la guitare, je savais ‘gratter’ quelques accords dans ma chambre, mais déjà j’écrivais des textes, des chansons, des mélodies. Je te l’accorde, cela ne volait peut-être pas bien haut, mais j’avais cela en moi. Ensuite, les choses ont évolué. J’ai grandi, j’ai vieilli, et fin des années 90, j’ai pris des cours de piano, j’ai appris à lire la musique pour m’investir et vraiment aboutir dans la composition musicale et l’écriture des textes, tout en faisant des maquettes dans mon coin. Ensuite, avec les copains d’école, j’ai formé mon premier groupe. Mais à l’inverse d’autres premiers groupes qui commencent à jouer des reprises, des standards, et qui ensuite éventuellement créent leur compositions, nous avons fait de suite le choix de jouer des compositions.
Alain AJ-Blues: Tes compositions, je pense.
Jack F : Oui, j’écrivais les textes, les accords de base, et ensuite c’était un travail commun avec les musiciens de ce premier groupe de rock. Pour résumer ce que nous faisions, cela correspondait un peu aux genres des formations Bijou et Téléphone, tu vois, l’époque du rock français. On jouait durant notre set 80% de compositions et 20% de reprises. En parallèle, j’avais mon propre univers, totalement en solo. J’avais, comme de nombreux musiciens à l’époque, un Fostex 4 pistes, et j’ai enregistré au piano, à la guitare et au chant environ 150 chansons sur des cassettes. Mais je dirai, sans jamais concrétiser mes compositions, je faisais cela pour moi, c’était en quelque sorte mon jardin secret. Fin des années 90, début 2000, je te passe les détails, mais il y a eu un tournant dans ma vie. Je pense que, comment te dire… j’ai “pété un câble”, pour reprendre cette expression. Tout ce que j’avais composé est tombé dans les oubliettes, j’ai tout mis dans un tiroir, j’ai refermé le tiroir, c’était terminé. J’ai rangé les stylos, mais je n’ai pas rangé la guitare, j’ai continué à en jouer avec d’autres groupes.
Alain AJ-Blues: Comment s’appelait ton premier groupe de rock?
Jack F : Les Elastics. Je reviens sur ce groupe, car à cette époque j’ai rencontré des gens en Allemagne qui sont devenus des amis. Avec mon groupe de rock français nous avons joué en Bavière entre les années 1995 et 2000.
Alain AJ-Blues: Comment as-tu fais pour déjà jouer en Allemagne à cette époque?
Jack F : C’est un concours de circonstance totalement hallucinant. Je jouais avec un guitariste qui habitait Les Clayes- sous-Bois, à côté de Versailles. Je rayonnais pas mal et je jouais beaucoup dans les Yvelines, et un jour ce guitariste me dit “j’ai une connaissance qui fait partie du comité de jumelage entre la ville des Clayes-sous-Bois avec celle de Röttenbach à proximité de Nuremberg an Allemagne”. Cette ville de Röttenbach faisait venir la délégation française et organisait des animations et des concerts dans le cadre de la francophonie. Les artistes qui devaient venir jouer en Allemagne se sont désistés, alors mon ami guitariste m’a dit “il y a une place à prendre, si tu veux, et on y va”. L’occasion était trop belle, il ne fallait pas la manquer, ce que nous avons fait. Le public allemand s’est intéressé à nos chansons et à nos textes écrits en français, et certaines personnes m’ont dit “c’est bien, on apprécie ce que tu fais, il faut que tu reviennes!”. Donc j’y suis retourné, et cette fois-ci je me suis un peu “jeté à l’eau”, j’ai ressorti mes compositions des tiroirs. Je jouais en deux parties: le premier set en solo, seul sur scène, avec mes chansons personnelles, celles qui ressemblent aujourd’hui aux compositions de Jack F., et le deuxième set était joué en groupe, avec basse et batterie.
Alain AJ-Blues: En groupe, mais toujours avec tes compositions, je suppose.
Jack F : Oui, bien sûr. On tournait comme cela, et ça fonctionnait bien. Cela m’a donné envie de reprendre et de continuer, car j’avais une quantité de chansons. Je n’avais qu’a piocher dans le tiroir pour faire un répertoire. Voilà, ensuite au milieu des années 2000, changement de vie à nouveau. Pareil, je range tout, je me mets en “stand by”, j’ai revendu mon piano….. Ensuite, j’ai continué à jouer avec des groupes rock-blues, notamment avec Stinger, et j’ai rencontré Bruno Manzini, on en reparlera ensuite. J’ai perdu de vue mes amis allemands durant une longue période, presque 15 ans, et un jour, via les réseaux sociaux, Facebook principalement, j’ai repris contact avec Rainer, mon ami allemand. Il me dit “Jack, il faut que tu reviennes en Allemagne avec tes chansons!”. Nous y sommes retournés une fois en touristes, avec Marie, ma femme, il y a environ 2 ans. Nous nous sommes retrouvés avec Rainer qui, à nouveau, me demande de venir jouer chez lui. Je lui dit OK, je veux bien revenir chanter mes chansons, mais je n’ai plus personne, je n’ai plus de musiciens pour m’accompagner. Donc j’ai “branché” Bruno Manzini, le bassiste de Stinger, que je connais depuis très longtemps maintenant, en lui demandant s’il accepterait de m’accompagner sur scène car mes amis allemands souhaitent que je revienne jouer chez eux, et il veulent des chansons françaises. Mais le problème était le suivant: musicalement, rien n’était construit, il y avait juste de la guitare, éventuellement du piano, mais je ne l’avais plus, il n’y avait plus de basse, plus de batterie. Alors j’ai dit à Bruno Manzini “je te fais des ébauches, je te joue quelques chansons en live sur mon canapé et tu te débrouilles avec cela!”
Alain AJ-Blues: Est-ce comme cela qu’est né Jack F.?
Jack F : Oui, Jack F. est né un peu suite à la demande des allemands, mais surtout de Bruno me disant “elles sont bien tes chansons, c’est sympa, il faut que l’on refasse quelque chose, c’est intéressant, il y a une matière, on va essayer”. De fil en aiguille, nous sommes partis jouer en Allemagne et cela c’est plutôt très bien passé, avec un beau succès.
Alain AJ-Blues: Ce premier concert du renouveau en Allemagne, c’était en quelle année?
Jack F : La première fois, en 2016. Pour cette raison, lorsque je retrace la genèse, sans remonter loin dans le temps, bien entendu, aujourd’hui je dirai que le projet Jack F. est né en 2016. Ce sont de vielles chansons, mais le projet est tout neuf. Au terme de cette première tournée de concerts en Allemagne, on nous a redemandé et nous y sommes retournés en 2017, nous avons joué dans d’autres endroits et cela c’est super bien passé.
Alain AJ-Blues: J’ouvre une parenthèse, pour avoir travaillé et vécu quelques temps en Allemagne, je sais que le public est très réceptif, assidu et festif. Combien de titres figuraient à ton répertoire, car c’était avant la sortie de l’album, tout de même?
Jack F : Une quinzaine de titres au répertoire, et je confirme que le public allemand est très enthousiaste. Ensuite, début 2017 il me semble, nous avons décidé d’enregistrer quelques titres chez des copains qui ont un studio près d’Orléans, dans le Loiret. Le plus simple était de prendre la section rythmique de Stinger, donc Bruno Manzini à la basse et Benoist Le Marchand à la batterie, et nous avons enregistré 6 titres, mais nous en avons gardé que 2. Après, par le biais d’un autre ami qui rayonne dans l’Essonne avec son association ‘Le Cri de la Libellule’ qui est en partenariat avec la salle de concert Le Plan à Ris- Orangis et l’ingénieur du son de l’EMC de Malakoff, qui me téléphone et me dit, “ils ont un projet d’enregistrement, mais ils n’ont pas de musiciens qui font de la composition, est-ce que cela t’intéresse…?”. J’ai sauté sur l’occasion, nous sommes rentrés en studio fin 2017 début 2018, et nous avons enregistré et mixé l’album. 4 titres à l’EMC Malakoff et 2 autres au Studio Sonic 45 à Saint-Jean-de-Braye, chez mes amis du Loiret cités précédemment. Aujourd’hui le disque est là, c’est le premier pas d’une nouvelle aventure.
Alain AJ-Blues: Le premier pas d’une aventure personnelle avec tes propres compostions.
Jack F : C’est également un aboutissement, la concrétisation d’un rêve de gosse. Lorsque j’avais 15 ans et que je commençais à écrire des chansons, je me disais: “un jour, j’aimerais faire un disque”.
Alain AJ-Blues: Pourquoi ce pseudo de Jack F., car avant toi il y a eu Arthur H.? (rires)
Jack F : Je te réponds également avec humour: il y a également eu un Tom Novembre, alors pourquoi pas un Jack Février! (rires)
Sérieux, je ne voulais pas que ce soit Jack Février. Certes c’est un projet personnel, certes ce sont mes chansons, mais sans mes musiciens, je ne suis rien. Je voulais une consonance de groupe, de formation, de collectif. Nous avons cherché un nom pour le groupe et c’est le fils de Marie qui nous a suggéré Jack F., cela sonne bien et il se retient bien, donc nous l’avons retenu et adopté.
Alain AJ-Blues: Jack, dans ce registre ‘chansons françaises’, quels sont tes artistes préférés, des artistes de référence dont peut-être tu t’es inspiré pour tes compositions?
Jack F : Il y a des artistes que j’admire beaucoup pour l’écriture des textes et de la musique. Pour moi la référence des textes, c’est Claude Nougaro. Je l’ai vu une fois en concert, j’aime beaucoup son côté jazzy. Il joue avec les mots, c’est de la haute couture! Un autre artiste vu également en concert et qui m’a totalement subjugué, c’est Charlélie Couture. J’aime son côté un peu rock-blues, un peu déformé. Il est décalé et n’est pas dans les codes habituels. J’accroche totalement sur ce qu’il fait actuellement, cette période américaine, c’est très urbain, c’est vraiment super. Ce sont deux artistes, deux musiciens, mais également deux personnages… je me sens proche d’eux.
Alain AJ-Blues: Tes compositions sont, pour certaines, autobiographiques, et pour d’autres, nées de ton imagination, je pense. Alors ensemble ouvrons l’album avec ce premier titre ‘Bienvenue au Club’ gorgé d’humour et de dérision sur le ‘Club Med’. Est-ce du vécu de ta part?
Jack F : (rires) Non, absolument pas! Pour le Club Méditerranée, je dirai plutôt le Club des ‘Méditérratés’! (rires collectifs). En fait, parler du ‘Club Med’, c’est plutôt une anecdote. Ce qui ressort de cette chanson, avant tout, c’est la dérision par rapport au côté prétentieux des gens, ceux qui font de la grandeur une question d’ordre phallique. Je n’ai pas cette prétention, mais en deux phrases tout est dit et bien résumé.
Alain AJ-Blues: Ton album est très blues, pour preuve ce superbe titre en anglais, ‘Showdown blues’, mais chanté en français, quel en est le thème?
Jack F : Je dirai que le fil conducteur de l’album est blues. Mais ce ne sont pas les codes du blues avec toujours 12 mesures. Je vais te citer un autre artiste que j’admire, américain cette fois, c’est Tom Waits. Son répertoire n’est pas vraiment blues, pas vraiment jazz, pas vraiment rock, c’est décalé. C’est un peu ce qui ressort de la plupart de ce que j’aime faire musicalement. C’est également dû à l’apport de mes musiciens venant d’horizons différents, certains plutôt jazz ou Bruno Manzini qui vient de l’école du hard-rock. C’est ce mélange qui est très intéressant. Le thème sur ‘Showdown blues’ est classique, c’est un type qui se fait larguer par sa nana, et forcément il le prend mal, donc il jure de la retrouver pour lui en faire baver. En fait, c’est une histoire de la vie. Mais c’est également une approche personnelle, car j’ai une vision assez négative de l’homme en général.
Alain AJ-Blues: Pourquoi, tu es traumatisé par l’être humain…?
Jack F : (éclats de rire) Non pas du tout, je ne suis pas traumatisé. En parlant de l’homme, c’est encore une fois de sa grandeur phallique! Je vais juste faire une aparté… j’ai vécu toute ma jeunesse pratiquement dans un monde exclusivement féminin, ce qui me donne une vision des hommes assez particulière. J’ai un grand respect pour les femmes. Je rajouterai aussi que si un genre devait diriger le monde, ce serait celui-là. Voilà, tout est dit.
Alain AJ-Blues: Merci pour ces confidences Jack, effectivement tout est dit. Et à part ça…?
Jack F : A part ça, tout va bien! (éclats de rire collectif à nouveau). “A part ça”, c’est ce que j’ai fait il y a longtemps, c’est une chanson sur le constat d’une vie. Je suis là, et à part ça, que reste t-il après tout ce temps passé…? Quelqu’un dont j’ai oublié le nom avait dit “il ne faut jamais se retourner”. Au début et à la fin de l’enregistrement de ce titre, on entend des bruits de la ville, de la rue, des klaxons dans la circulation. C’est un constat, je le répète, comme quelqu’un qui regarde à sa fenêtre, qui regarde passer la vie et qui se dit: que reste-t-il après tout ce temps?
Alain AJ-Blues: Avec ‘La symphonie des vils’ tu nous immerges dans un autre monde avec ce texte très fort, très prenant, et je dirai même ‘engagé’.
Jack F : C’est le titre le plus dur de l’album. Premièrement musicalement, car c’est tendu comme construction et comme rythme. C’est une chanson sur la solitude urbaine. Nous sommes des millions dans une ville, mais en fait nous sommes seuls. Nous sommes tous quelque part des cocottes minute en puissance, on monte sans cesse en pression et la chanson est progressive en ce sens. C’est la chanson de la colère rentrée, en fait. Je pense que nous sommes tous des bombes à retardement.
Alain AJ-Blues: Je n’ai pas une chanson préférée dans ton album, car elles sont toutes différentes et prenantes, mais cette dernière citée me touche particulièrement et je pense que je ne suis pas le seul. Bon, dis-moi, Gentleman Jack, tu aimes toujours la menthe, n’est-ce pas!
Jack F : ‘La menthe’, c’est beaucoup de choses à la fois, mais c’est d’abord une chanson d’amour. Dans celle-là, précisément, mais dans d’autres chansons également, j’aime beaucoup parler d’un sentiment en le classant ailleurs que dans son contexte. Récemment d’ailleurs j’ai ressorti une chanson où je parle de la vie et je la métaphore dans un jeu de cartes, avec les rois, les reines, les valets… et avec cela je raconte la vie. ‘La Menthe’ c’est la même chose, c’est une chanson d’amour transposée avec la menthe car longtemps j’ai été un gros fumeurs de menthol. J’ai joué sur les mots car c’est également une chanson sur un amour passionné du passé que j’ai écrit il y a très longtemps. Pour l’anecdote, j’ai eu du mal à la retranscrire à la guitare car je l’avais composée au piano. Nous avons précédemment parlé d’artistes français, et il y en a un qui m’a beaucoup influencé car j’aimais beaucoup ses premières chansons, comme “La chanson de Prévert” par exemple, c’est Serge Gainsbourg. Pour ‘La Menthe’, je me suis inspiré de son côté très jazz soft.
Alain AJ-Blues: ‘Tant besoin de toi’ est le sixième et dernier titre de l’album. Je dirai que c’est une chanson actuelle, une tranche de vie où l’amour fait partie du présent.
Jack F : Dans ce titre ‘Tant besoin de toi’, il y a deux influences majeures: la première, c’est Marie, ma femme. Cela correspond à l’époque où nous nous sommes rencontrés, nous n’habitions pas dans le même département, on se voyait le week-end, mais pas tous les week-end, une heure de voiture nous séparait et nous allions soit chez l’un soit chez l’autre. Le moyen de nous retrouver était donc la voiture, et nous roulions chacun de notre côté pour être ensemble. Et deuxièmement, une nouvelle fois, j’ai transposé cette chanson, cette fois ci en la plaçant dans un milieu américain, avec les grandes routes qui traversent les états. J’ai beaucoup écouté Bruce Springsteen pour écrire cette chanson.
Alain AJ-Blues: Marie est au plus près de toi sur ‘Tant besoin de toi’, car elle t’accompagne aux choeurs.
Jack F : Oui, car encore une fois, c’est une histoire de femme.
Alain AJ-Blues: Je suppose que Marie a eu cette envie de chanter avec toi sur ce titre. Alors Jack, laissons Marie s’exprimer.
Marie : Non, non, Alain, je n’ai pas eu cette envie, la demande ne vient pas de moi. Je savais qu’il avait écrit cette chanson récemment pour moi, et je l’avais constamment en tête, je la chantais tout le temps. Un jour dans la voiture, Jack fredonne cette chanson et je fredonne le contre-chant et tout naturellement je rajoute ce qui me vient à l’esprit. Jack me dit que c’est super sympa, qu’il faut qu’on le fasse ensemble, sauf que moi je ne suis pas chanteuse du tout. Il a tellement insisté, et c’était tellement mignon de sa part de m’avoir écrit cette chanson, que j’ai cédé à sa sollicitation. Je m’en mords un peu les doigts, car maintenant il fait toujours en sorte de me piéger pour que je chante avec lui, comme tout dernièrement, par exemple, sur une station de radio. Mais je ne suis pas toujours prête, car je le répète, je ne suis pas chanteuse et de plus je n’aime pas être sur scène, ce n’est pas du tout mon truc. Mais voilà, Jack me le demande et le fait avec tellement d’amour que je ne peux pas le lui refuser, tout simplement.
Jack F : J’ai fait en sorte que Marie soit bien “drivée”. Nous avons enregistré ‘Tant besoin de toi’ chez nos amis à Orléans. Un des membres du groupe, ingénieur du son, était à la console et l’autre faisait un peu de coaching. J’ait dit à ce dernier, le jour où nous avons enregistré les chants, que ma femme va venir faire les choeurs sur cette chanson. Elle chante bien, mais elle n’a pas d’expérience dans le chant, et se retrouver devant un micro c’est autre chose. Il m’a dit de ne pas m’inquiéter, qu’il s’en occuperait, et il fait un super boulot avec Marie. Il a fait ressortir en elle quelque chose qu’elle ne soupçonnait pas.
Marie : Je confirme, un amour, cette personne a fait en sorte de beaucoup m’aider.
Jack F : Ensuite, la deuxième échéance pour Marie fut de chanter sur scène lorsque nous avons fait le concert au Plan à Ris-Orangis.
Marie : Jack, je te rappelle qu’avant cela j’avais également chanté en Allemagne!
Jack F : Oui c’est vrai, mais nous n’étions que trois à jouer lors d’un concert dans une taverne devant 50 à 70 personnes. Cela restait très intimiste. C’était différent dans le salle du Plan! Nous faisions des résidences toute la journée, des répétitions en conditions de scène, et au terme de tout cela une représentation live et l’enregistrement du concert.
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Note de Alain AJ-Blues aux lecteurs de PARIS-MOVE
Pour vous, amis lecteurs de Paris-Move, voici quelques extraits du concert enregistré au Plan:
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Alain AJ-Blues: Jack, peux-tu maintenant nous présenter les musiciens qui t’accompagnent?
Jack F : Dans Jack F, il y a mon vieux camarade de… je ne vais pas dire de ‘régiment’, à la basse et aux choeurs, Bruno Manzini, que je connais depuis plus de 15 ans. Nous sommes également tous les deux à l’origine de la formation du groupe Stinger. Bruno est un enfant des Yvelines. Il avait déménagé sur Orléans, il est revenu en région parisienne, mais nous ne nous sommes jamais perdus de vue. Au delà de la musique, j’attache beaucoup d’importance à l’aspect humain et tous les deux, musicalement, nous nous entendons parfaitement. Jamais nous ne nous posons la question de savoir qui va faire quoi, il y a un automatisme, ça roule tout seul. Bruno a une grande qualité que l’apprécie énormément, il est au service de la chanson et du chant avant tout, et non pas au service de sa basse ou de lui-même, et en ce sens, il est excellent. De plus, et ce qui n’est pas négligeable, c’est un technicien du son. Il a été longtemps régisseur professionnel avec sa société de production, et il a également été tourneur pour Manu Dibango, Sinclair, Raoul Petite… Je me repose beaucoup sur lui en termes techniques pour les plans de scènes, par exemple, c’est une chance inouïe pour nous d’avoir Bruno. C’est une anecdote, et souvent nous en rions tous les deux, mais il a également une qualité énorme, c’est qu’il me supporte! (rires)
Alain AJ-Blues: Pour avoir assisté à deux concerts du groupe Stinger, je rajouterai que sur scène, la complicité entre Bruno et toi est extrême. Côté show, tous les deux vous contribuez au bonheur du public.
Jack F : Merci Alain, et effectivement c’est un constat sur scène. Pour mes autres musiciens, c’est beaucoup plus récent. J’ai embauché le guitariste Philo Boogie, je l’ai rencontré en intégrant un autre groupe, Blues Company. C’est quelqu’un qui a un très très long passé de musicien en Blues et en Jazz. C’est un excellent guitariste et un technicien hors pair qui a joué avec de nombreux artistes et il connait plein de gens dans ce monde de la musique. C’est un personnage très intéressant, très cultivé, avec de profondes valeurs humaines. Il a énormément contribué en amenant ses atmosphères jazzy et il m’a, dirai-je même, forcé à m’appliquer et être encore plus exigeant avec moi-même. Non pas tellement sur mon jeu à la guitare d’accompagnement, mais plutôt sur le chant, pour que je puisse bien poser mes mots et bien articuler pour que ce soit bien compréhensible. Je le répète, c’est quelqu’un qui, techniquement, a vraiment enrichi les chansons.
Alain AJ-Blues: Sur l’album il a quelques riffs de Philo Boogie bien jouissifs à la guitare électrique.
Jack F : Tout à fait. Quand à mon batteur, Bruno Mas, c’est quelque chose de complètement fortuit. Nous devions faire un concert avec Blues Company à Saint-Dizier, en Haute-Marne, mais malchance, notre batteur habituel n’était pas disponible. Nous étions sur le point d’annuler cette date, quand Philo Boogie me dit “je connais un batteur, également prof de batterie, c’est une pointure qui joue dans de nombreuses formations, je vais l’appeler, et s’il est disponible, je pense qu’il viendra nous accompagner”. Bruno Mas est venu jouer avec nous et nous a bien rendu service. Parfois la magie opère, et entre nous cela a tout de suite accroché. Ensuite je l’ai sollicité en lui disant “Bruno, j’ai besoin d’un batteur pour un projet de compositions, de chansons françaises. Je t’envoie une vidéo, et si tu me dis non, si cela ne te plait pas ou si tu n’est pas disponible, je comprendrai.” Bruno a accepté.
Alain AJ-Blues: Benoist Le Marchand est également présent à la batterie sur l’album.
Jack F : Benoist Le Marchand est le batteur de Stinger et joue sur deux titres de l’album. Je le connais très bien, il est s’est investi tout comme nous, il nous a suivi en Allemagne, et humainement c’est quelqu’un de super. C’est lui rendre hommage, il se devait d’être présent sur l’album. Cerise sur le gâteau, sur ce titre ‘La symphonie des vils’, j’ai embauché un harmoniciste, Pap’s Walker, car il joue profondément dans le blues roots. Il joue souvent sur Paris avec une chanteuse guitariste nommée Sophie Kay. Je joue également de l’harmonica mais je ne sais pas jouer comme il le fait, car il possède un vrai feeling blues. Je l’ai appelé, lui demandant de nous accompagner, il a accepté, il est venu jouer 3 heures en studio avec nous. Je l’en remercie, car c’est lui que je voulais!
Alain AJ-Blues: Sur cet album tu es présent au chant et à la guitare, mais également à l’harmonica sur un titre.
Jack F : Je chante, bien sûr, et je joue principalement de la guitare acoustique et un peu d’harmonica sur le titre ‘Tant besoin de toi’, avec une approche un peu à la Bob Dylan. C’est très simple, en fait.
Alain AJ-Blues: Nous sommes fin 2018. Quels sont tes projets, Jack F., pour l’année à venir?
Jack F : Nous avons réalisé l’album et avons déjà fait quelques concerts. L’avenir 2019 se présente bien car nous avons quelques dates confirmées. Le 2 mars nous serons à Orléans, c’est un concert organisé par la station de radio Arc en Ciel, et leur l’émission se nomme Mavrica. Ils organisent 4 concerts par an dans une grande salle à côté d’Orléans (Espace Béraire, à La Chapelle Saint-Mesmin). En fait, ce sera le concert de lancement pour la promotion de l’album. Le 27 avril, toujours dans la même région, nous jouerons au Club 15 à Orléans, également dans un cadre promotionnel. Le 16 mai au théâtre d’Aleph à Ivry- sur- Seine (94), c’est une salle très connue et très relayée sur le secteur. Ensuite fin juin, nous avons 3 dates, les 21, 22 et 23 juin, de signées en Allemagne, à Nuremberg et sa périphérie, et une quatrième date actuellement en pourparler. Le 11 octobre sera également une date importante médiatiquement, car nous jouerons dans la belle salle de ‘la Scène’ dans l’Yonne. C’est organisé par l’association 606-reedandblues qui programme régulièrement des concerts de blues au sens large du terme, roots, rhythm ‘n blues et de la soul. Pour l’instant ce sont quelques dates acquises, mais j’ai plein de projets en cours et d’autres dates restent à concrétiser. Une à Paris Montparnasse, entres autres. Jj’ai également rencontré l’équipe de la mairie et de la culture des Clayes-sous-Bois, toujours en partenariat avec le jumelage de la ville allemande, et potentiellement il y aurait une date à faire, soit dans une salle de concert du centre culturel, soit dans le cadre d’un grand festival. J’ai également beaucoup ‘arrosé’ au niveau des radios et je suis en attente d’une émission en live sur Paris. Je suis le premier surpris, car l’album est bien accueilli, tant au niveau de sa qualité – je parle de la production -, tant au niveau des chansons, et c’est très motivant.
Alain AJ-Blues: Combien de titres seront joués pour ces concerts à venir?
Jack F : Je n’ai qu’à piocher dans le tiroir! (rires) Ce n’est pas évident de faire une sélection, mais globalement j’ai fait un choix de 25 titres, ce qui représente environ deux bonnes heures sur scène.
Alain AJ-Blues: Merci, Jack. Tout est dit sur l’album, qui est chroniqué sur Paris Move, ICI, et qui a d’ailleurs été noté comme “Indispensable” par le comité de rédaction de Paris-Move!
Alain AJ-Blues: Mais Jack, ouvrons une autre page, si tu le permets, celle de tes autres activités musicales. Commençons par le groupe blues-rock Stinger.
Jack F : Je suis plutôt de culture blues et rock’n’roll. Bruno Manzini est plus dans le milieu hard-rock et également pop, style Oasis, ColdPlay, et nous avons un fil conducteur, nous sommes des inconditionnels des Rolling Stones, et cela nous lie étroitement. Nous sommes dans une mouvance blues-rock ou rock-blues aux influences seventies. La première version de Stinger remonte à environ une quinzaine d’années. Nous jouons en trio avec Benoist Le Marchand à la batterie, mais si cela ne tenait qu’à moi, nous serions quatre, je pense. En trio, il ne faut pas amuser le terrain, il n’y a aucun droit à l’erreur, et musicalement tout doit être totalement rempli. Cela demande beaucoup de vigilance, mais cela fait également bien bosser et progresser.
Alain AJ-Blues: Au sein de Stinger, tu es chanteur et guitariste.
Jack F : Oui, chanteur et guitariste, et je joue également un peu d’harmonica. Stinger restera une formation trio. Alain, j’ai une chose très importante à te dire! Depuis longtemps Stinger a toujours été un groupe de reprises, mais depuis deux ans environ je me suis mis à écrire des chansons avec textes en anglais. Actuellement nous avons sept compositions et nous allons faire comme nous l’avons fait avec Jack F., jouer notre propre répertoire parmi nos reprises existantes.
Alain AJ-Blues: Je t’interromps, Jack, car c’est vraiment super et je m’en réjouis d’avance. Tu prêches un convaincu, car en concert, pour moi prime toujours la découverte. J’adore les compositions, elles sont l’identité d’un artiste ou d’un groupe. je ne m’en lasse jamais, contrairement à certaines reprises, souvent les mêmes d’ailleurs, que nous entendons très souvent en concerts. Cela n’engage que moi, bien sûr, mais cela devait être dit.
Jack F : Je ne t’ai pas tout dit, Alain. Nous sommes rentrés dans le même protocole que pour Jack F. avec l’EMC de Malakoff. Nous avons déjà joué une journée en résidence dans la salle du Plan à Ris Orangis fin 2017 avec Stinger. Nous avons commencé en novembre, nous avons fait une journée de studio à Malakoff en décembre et les sessions d’enregistrement commenceront en janvier prochain! Pour l’instant nous ne parlons pas d’album, mais disons que j’y pense. Le partenariat avec l’EMC demande une grande disponibilité, car ce sont des semaines complètes d’enregistrement. Malheureusement Benoist, le batteur de Stinger n’a pas pu se libérer, donc j’ai embauché Bruno Mas, celui de Jack F.
Alain AJ-Blues: Combien de concerts fais-tu par an avec Stinger?
Jack F : Pour 2016 et 2017, cela représente environ 35 concerts par an. Il y eu un stand by en 2018 car Jack F. nous a bien accaparé. Dernièrement, nous avons fait un concert à Orléans, au Club 15. La salle était pleine, avec une superbe ambiance, et Stinger comme d’habitude, fonctionne parfaitement.
Alain AJ-Blues: Parlons d’un autre groupe maintenant, de blues celui-ci, car comme son l’indique il s’agit de Blues Company.
Jack F : Blues Company est une autre aventure, qui n’a pas pour vocation de faire des compositions. C’est un groupe de standards de blues uniquement. J’avais envie pour une fois de n’être que chanteur dans une formation, même si je devais jouer un peu de guitare et d’harmonica, pourquoi pas, mais je voulais avant tout être chanteur. J’ai répondu à une annonce style “groupe de blues cherche chanteur”, et j’ai rencontré un batteur, un bassiste et un guitariste. Trois ou quatre mois plus tard, certains des musiciens ont quitté le groupe et je me suis retrouvé quasiment tout seul, mais cela m’a permis de rencontrer le guitariste Philo Boogie.
Alain AJ-Blues: Tu continues tout de même de jouer avec Blues Company.
Jack F : Oui bien sûr. D’ailleurs nous avons des dates assez régulièrement. Le répertoire plait au public, car nous sommes capables de jouer beaucoup plus soft, avec une ambiance plus feutrée, et également de jouer dans d’autres endroits. Prochainement nous allons faire un duo, Philo Boogie et moi, deux guitares et harmonica, en reprenant le répertoire blues de Blues Company.
Alain AJ-Blues: Actuellement en formation quatuor tu as également un bassiste et un batteur, peux-tu nous les présenter?
Jack F : Denis Bouillet est un bassiste avec une carte de visite impressionnante car il a joué dans de nombreux groupes, notamment dans l’Essonne. La première fois que j’ai vu Denis jouer, je devais avoir 25 ans, c’était avec le groupe Mojo Filter, un excellent groupe de blues-swing. Il y avait un microcosme de musiciens sur la région à l’époque, Denis à joué avec beaucoup de monde également sur Paris. C’est un excellent bassiste et une belle personne. Nous avons eu plusieurs batteurs dans Blues Company. Dernièrement j’ai fait comme pour Jack F., chercher dans les petites annonces pour trouver un batteur, car ce n’est toujours facile. Il faut le niveau, les influences, les relations humaines, c’est compliqué, mais ce n’est un secret pour personne, et j’ai fini par prendre un batteur professionnel. Son nom est Eddy Dubois. Il donne également des cours de batterie et joue dans différentes formations. Il possède une grande qualité musicale, il joue avec une précision redoutable, c’est le top. J’aime beaucoup jouer avec lui. Ce que je ressens en lui, c’est cette attitude, ce côté très Charlie Watts, le batteur des Rolling Stones.
Alain AJ-Blues: Je pense qu’il doit être quelque peu difficile de coordonner les dates de concerts avec tes différentes formations.
Jack F : Non, ce n’est pas difficile, à part de rares exceptions où l’on t’appelle à la dernière minute suite à un désistement en te disant “j’ai personne, tu peux venir jouer…?”. Nous avons un planning et nous travaillons avec cinq mois de programmation d’avance. Je prends un exemple: la date du concert de Jack F. à Sens en octobre à prochain est confirmée depuis un mois. C’est comme pour un bon artisan, c’est une organisation, tant pour les répétitions que pour les concerts.
Alain AJ-Blues: Je te remercie, Jack, car nous avons pu faire ensemble un tour d’horizon te concernant. As-tu quelque chose à rajouter?
Jack F : Non, tout est dit. Sinon rajouter que ma première claque, musicalement, ce sont les Rolling Stones et pour l’écriture des chansons, c’est Bob Dylan, le songwriter par excellence.
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