Interview de Dominique Fils-Aimé

Dominique Fils-Aimé

Interview de Dominique Fils-Aimé
Interview préparée et réalisée par Dominique Boulay – Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
PARIS-MOVE, April 2021

Particulièrement impressionné par les albums de la Trilogie que propose Dominique Fils Aimé, nous avons voulu en savoir un petit peu plus sur cette jeune femme originaire de Haïti, qui vit à Montréal. Elle a produit trois albums au contenu explosif qui ne nous ont pas laissé indifférent du tout.

Paris-Move: Nous sommes à quelques jours de la Célébration de la journée Internationale des Droits des femmes et la réduction des inégalités. Est-ce que c’est un événement qui vous interpelle particulièrement?
Dominique Fils-Aimé: C’est très simple, tout événement lié à la construction d’un monde plus égalitaire et équitable m’interpelle. Il est donc normal que ce soit le cas avec cette journée particulière.

Paris-Move: Vous avez fait partie d’au moins deux groupes, Tuff Love Groovy Therapi et Key of Groove. Il y a-t-il un moment particulier où vous avez pris conscience que vous seriez plus vous-même en chantant sous votre seul nom?
D.F-A.: Faire partie de ces groupes fut une expérience très formatrice, surtout considérant le fait qu’ils étaient composés de musiciens d’expérience alors que j’en étais à mes tout débuts. Je ne me serais pas imaginée mener un projet à l’époque mais plus le temps passait plus je ressentais comme une urgence de pouvoir utiliser mes propres mots et mener à terme un projet qui me ressemblait davantage.

Paris-Move: Groove est le terme commun qui revient dans le nom de ces deux formations. Cela explique-t-il que ce soit, ensuite, la raison pour laquelle vous avez choisi d’interpréter ce genre de musique?
D.F-A.: Je ne sais pas comment cela s’est passé et je dois dire que je n’avais même jamais fait le lien! Haha… (rires)! Il faut dire que le concept du mot groove étant très large, il faisait plus référence, dans le cas présent, à une envie de faire bouger les gens. Mon envie personnelle était un peu différente. Et cela toujours été le cas. C’est en partie ce qui m’a poussée à monter mon propre projet. J’adore danser, c’est un fait, mais au niveau créatif, je ressens un besoin de créer des choses qui nous connectent, outre les mouvements physiques.

Paris-Move: J’imagine que travailler avec le Label Ensoul Records est unn plaisir, car Ensoul Records est un label dont la raison d’être est de mettre en lumière la musique soul Montréalaise et ce, en collaborant avec des artistes authentiques… N’est pas non plus le fruit du hasard?
D.F-A.: Non en effet, c’est loin d’être le fruit du hasard puisque j’ai été la première artiste signée sous Ensoul Records. J’ai donc vu le label naître et j’ai eu la grande chance de suivre son évolution dès le tout début. C’est d’ailleurs très touchant de voir combien la vision initiale de créer une maison de disques humaine et intègre est respectée jusqu’à aujourd’hui.

Paris-Move: Étiez-vous, dès l’origine, auteur, compositrice interprète?
D.F-A.: Oui, car cela contribue à m’aider à faire partager mon ressenti de manière plus directe. Moins il y a d’intermédiaire entre ma pensée et la chanson, plus il est facile pour moi de partager l’émotion désirée et ressentie.

Paris-Move: Vous avez déclaré quelque part: “avoir appris l’histoire en écoutant la musique car elle est inscrite dans les chansons”. Cela veut-il dire également que les chansons peuvent influer sur le cours de l’histoire?
D.F-A.: Je vois les chansons comme des bulles qui capturent l’émotion exprimée et la rendent accessible à d’autres humains et même à d’autres générations. D’après moi, la musique peut influencer l’histoire de plusieurs manières, que ce soit de par sa capacité empathique ou du fait qu’elle encourage autrui à créer et l’utiliser comme exutoire. Le jazz, par exemple, juste en existant, nous encourage encore aujourd’hui à créer davantage et à vivre le plus librement possible.

Paris-Move: Tel est, effectivement, me semble-t-il, le but que vous poursuivez tout au long de votre démarche artistique…
D.F-A.: Mon but est de laisser une trace d’amour unificatrice grâce à la musique. Un baume pour l’âme, un rappel que nous sommes mieux lorsque nous sommes unis.

Paris-Move: Vous êtes donc une songwriter engagée?
D.F-A.: Je considère tout artiste comme étant engagé, car pour moi l’art est un outil fait pour favoriser le changement. Il doit avoir pour but la guérison. Le choix de créer, peu importe le sujet, est un engagement envers soi-même et envers autrui. Un désir de créer un monde plus sain d’esprit en commençant parfois par nous-même.

Paris-Move: Comment vous est venue l’idée de projet de Concept-album?
D.F-A.: En fait j’ai grandi en m’imprégnant de tous les styles musicaux que j’explore dans la trilogie. J’ai été profondément touchée par les émotions que ces artistes et styles m’ont fait vivre. J’éprouvais le besoin de retourner à leur source afin de mieux comprendre leur impact sur moi ainsi que sur le monde d’aujourd’hui.

Paris-Move: Cela veut-il dire que vous aviez, dès le départ, idée du futur contenu de chacun des chapitres et de chacun des thèmes composant les chansons?
D.F-A.: J’ai composé la majorité de la trilogie et de la structure sur laquelle elle reposerait dès le début. Je voyais clairement dès l’origine les liens très forts entre la nuit de l’humanité dans le blues, l’éveil de la révolution dans le jazz et l’aspect ensoleillé libérateur et unificateur de la musique soul…

Paris-Move: Travaillez- vous toujours avec les mêmes musiciens? Doivent-ils partager votre vision du monde pour que l’alchimie entre vous opère?
D.F-A.: Les musiciens sur les albums et en spectacles ne sont pas les mêmes. Afin d’obtenir les sonorités désirées dans chaque style musical. Il me semble important de s’entourer de gens qui comprennent la vision derrière la musique afin que les intentions infusées soient authentiques.

Paris-Move: Tournerez-vous avec eux lors de la tournée de 10 concerts prévus au Canada, en cette année 2021?
D.F-A.: Oui, les musiciens du band seront avec moi pour les tournées, au Canada ou ailleurs. Je ne m’amuserais pas autant s’ils n’étaient pas avec moi!

Paris-Move: J’ai eu la chance de passer quelques jours à Grande Saline, dans le département de l’Artibonite. Avez-vous déjà joué en Haïti?
D.F-A.: Non, nous n’avons malheureusement pas encore eu la chance de jouer en Haïti. Et pourtant il y a de grandes manifestations culturelles qui ont lieu là-bas. Nous avions, par contre, une tournée en Europe prévue d’abord pour le printemps 2020 puis ensuite pour 2021 mais elles ont dû être annulées. Ce n’est que partie remise!

Paris-Move: Vous aimez beaucoup Billie Holiday, Nina Simone ou Etta James. Quelles sont les artistes contemporaines qui vous touchent? …bien que les trois artistes nommées ci-dessus n’aient rien perdu de leur contemporanéité…
D.F-A.: En effet ces artistes sont encore bien contemporaines. Par ce qu’elles avaient à dire et aussi par la modernité de leur musique. Mais Sampa the great, rappeuse et compositrice originaire de Zambie et Erykah Badu, interprète américaine, Soul, Hip Hop, jazz et R & B, m’inspirent aussi beaucoup. De par leur engagement artistique et leur belle personne! Je ne remercierai jamais assez cette fabuleuse artiste de m’avoir consacré un peu de temps.

Il ne me reste plus qu’à prescrire ces 3 superbes albums au plus grand nombre possible d’amateurs de Belle Musique:

Dominique Fils-Aimé – NAMELESS, 2018, Ensoul Records
Dominique Fils-Aimé – STAY TUNED, 2019 Ensoul Records (album noté “Indispensable” ar les rédactions de Bayou Blue RadioParis-Move et dont vous pouvez retrouver la chronique sur Paris-Move, ICI)
Dominique Fils-Aimé – THREE LITTLE WORDS, Ensoul Records (album noté “Coup de coeur” par la rédaction de Paris-Move et dont vous pouvez retrouver la chronique sur Paris-Move, ICI)

Dominique Fils-Aimé – THREE LITTLE WORDS: un superbe album à commander (en numérique, CD, mais aussi et surtout en vinyle!) sur le Bandcamp de l’artiste, ICI

Site internet officiel de Dominique Fils-Aimé:  ICI

Page Facebook officielle de Dominique Fils-Aimé  ICI