Connu sous le pseudonyme de Elliott Smith, Steven Paul Smith est né le 6 août 1969, à Omaha, dans le Nebraska, d’une mère institutrice alors que son père était encore étudiant en médecine. Des parents qui se séparèrent un an plus tard, et tandis que le père partait pour les Philippines avec l’US Air Force, la mère s’en allait pour Duncanville, au Texas, où elle se remariera.
Malheureusement pour le jeune Steven et sa mère, l’homme est violent et les frappe, ce qui marquera le jeune homme à vie et qui en fera d’ailleurs le thème de plusieurs de ses chansons.
Une jeunesse difficile, creuset de créativité…
Très attiré par le piano, admirateur de Bob Dylan, Hank Williams et les Beatles (surtout par les chansons du double album Blanc dont il faisait des reprises lors de ses concerts), le jeune Steven se met également à jouer de la guitare et écrit à treize ans ses premières chansons. Parti s’installer à Portland, dans l’Oregon, pour vivre avec son père qui a quitté l’armée et s’est installé comme psychiatre, il s’investit de plus en plus dans la musique et monte avec des copains de lycée le groupe ‘Stranger Than Fiction’. C’est à cette période que Steven Paul prend le pseudo de Elliott et commence à goûter à l’alcool et aux stupéfiants.
Capable de suivre deux voies à la fois, le lycéen – puis étudiant – Steven Paul Smith réussit de brillantes études, en revenant diplômé en philosophie et sciences politiques de l’Université de Hampshire, tandis que le chanteur-musicien Elliott Smith s’affirme de plus en plus dans le milieu punk-grunge. Il forme avec Neil Gust, Tony Lash et Brandt Peterson le groupe Heatmiser. Le groupe donne des concrets, assure des premières parties mais Elliott ne se sent pas totalement à l’aise dans ce groupe qui, selon lui, bride sa créativité.
…mais source de fragilité.
Sans doute beaucoup plus dépressif qu’il ne veut l’admettre et empêtré dans son attirance pour l’alcool et la drogue, Elliott compose et enregistre également, seul à la guitare acoustique. C’est ainsi que sort en 1994 l’album Roman Candle, réalisé à partir de démos pour Heatmiser. Un an plus tard sort l’album éponyme ‘Elliott Smith’, et la même année le groupe Heatmiser est dissout.
Son troisième album solo, ‘Either/Or’, sortira en 1997, également sous le label Kill Rock Stars. Il y introduit à nouveau les instruments de ‘groupe’ : basse, batterie, guitare électrique, comme s’il avait fait le deuil de l’après Heatmiser et de cette période où il ne souhaitait plus que chanter seul, accompagné à la guitare. Pied de nez ou volonté de démontrer qu’il peut tout, tout seul ? C’est lui qui joue de tous les instruments, plongeant seul dans cet univers musical très ‘dark’ où angoisse et dépression riment avec désespoir, mort,…et Dieu. Le titre de ce troisième album est d’ailleurs emprunté à l’ouvrage de Soren Kierkegaard, qu’il avait sans aucun doute étudié à l’Université de Hampshire.
Pas d’oscar mais des albums gravés pour l’éternité.
En 1998, Eliott Smith est nominé pour l’Oscar de la meilleure chanson originale de film, avec Miss Misery, écrite à la demande du réalisateur Gus Van Sant pour son film ‘Good Will Hunting’. Malheureusement pour lui, cette année un autre titre remportera tout sur son passage, tout comme le film dont il en assure la bande originale : ‘My Heart Will Go On’, chanté par Céline Dion pour le film Titanic.
Sans lien de cause à effet, s’ensuivront de nombreuses périodes de dépression et des dérapages qui auraient pu être fatals, comme ce jour où, après s’être drogué, il se jette d’une falaise. Mais il était écrit que ce n’était pas encore cette fois-ci que Elliott devait nous quitter : sa chute est ralentie puis stoppée par des arbres et il s’en sort vivant – blessé mais vivant.
Hasard du calendrier, son nouvel album, ‘XO’, sort quelques jours plus tard. Un disque qui va connaitre un grand succès, grâce notamment aux arrangements qui collent parfaitement aux chansons retenues pour cet album.
Le cinquième album, ‘Figure 8’, en partie enregistré dans les mythiques studios de Abbey Road, sort en 2000 et marque le retour de Eliott Smith à des compos plus étoffées, avec l’appui d’autres musiciens, dans l’esprit de ce groupe auquel il reste attaché, Heatmiser. Malheureusement le talent de Elliott pour composer des chansons remplies d’émotion contraste avec son talent à se détruire lentement avec l’alcool et les drogues. Il se sépare de sa manager, Margaret Mittleman, et après avoir enregistré quasi la moitié d’un nouvel album sous la houlette de Jon Brion, il emporte les enregistrements avec lui et s’en débarrasse. Furieuse, sa maison de disques, DreamWorks, demande à Elliott de s’expliquer. Ce à quoi il leur répond qu’il se suiciderait s'il n’était pas ‘libéré’ de son contrat.
Un an plus tard, en 2001, Elliott Smith va essayer de réenregistrer cet album, seul, et parfois avec David McConnell, du groupe Golden Boy. Mais Elliott est tellement accro aux drogues qu’il en devient insupportable, et méconnaissable. En concert il en arrive à oublier les paroles de ses chansons et son physique trahit ses dépendances. Paranoïaque, il est même persuadé être poursuivi, harcelé par des gens de la DreamWorks.
Une fin qui reste une énigme.
A bout, il accepte en septembre 2002 de suivre un cure de désintoxication qui semble lui réussir : il ne toucherait plus aux drogues. Mais les vieux démons qui hantent Elliott sont sans doute bien plus forts que les drogues. Il décède le 21 octobre 2003, à L.A., de deux coups de couteau en plein poitrine. Sa compagne, Jennifer Chiba, expliquera aux policiers qu’alors qu’ils se disputaient, elle était allée s’enfermer dans la salle de bains mais en l’entendant crier, aurait à nouveau ouvert la porte et là, aurait vu Elliott Smith allongé par terre, le couteau planté dans la poitrine.
Suicide ? Homicide ? Un post-it sur lequel était écrit « I'm so sorry – Love, Elliot. God, forgive me » fut retrouvé, de même que des personnes confirmèrent que Elliott pratiquait l’auto-mutilation, mais saura-t-on un jour si c’est bien Elliott qui s’est poignardé ce 21 octobre 2003 ? Il avait 34 ans.
Un an après son décès, en octobre 2004, sortira ‘From a Basement on the Hill’, sixième album – posthume – de Elliott Smith, puis en 2007, la double compilation ‘New Moon’ qui contient 24 chansons enregistrées entre 1994 et 97 : essentiellement des démos, des faces B et des titres inachevés ou enregistrés comme trame de travail. Un album qui est d’autant plus important à acquérir que non seulement il perpétue l’esprit de Elliott Smith mais dont les profits sont reversés à une association domiciliée à Portland (la ville où Steven Paul ‘Elliott’ Smith était venu retrouver son père), ‘Outside In’, qui aide les jeunes SDF.
Paris On The Move
Sites web à consulter :
Site français : http://elliottenvf.free.fr/
Site officiel : www.sweetadeline.net/
Sur ‘myspace’ : www.myspace.com/elliottsmithnewmoon
Et sur ‘You Tube’ :