DOSSIER SPECIAL HENDRIX 2/3 – Hendrix avait-il le Blues?
DOSSIER SPECIAL HENDRIX 3/3 – Red House

James Marshall Hendrix naît le 27 novembre 1942, à Seattle. Sa mère, Lucille, ne s'en préoccupe guère tandis que son père, Al Hendrix, est totalement pris par ses obligations militaires. Malgré – ou à cause de – la démobilisation de Al, le couple ne cesse de se disputer violemment, avant de divorcer en décembre 1951. Alcoolique et incapable de se sortir de sa déchéance, sa mère décèdera sept ans plus tard, en février 1958. James Marshall a 16 ans et il restera à jamais marqué par toute cette pauvreté, les ravages de l’alcool et de la violence familiale.

A 15 ans il achète sa première guitare, une acoustique d’occasion, et y consacre tout son temps, délaissant sa scolarité. Il rejoint un premier groupe, The Velvetones, avant d’acquérir sa première guitare électrique, une Supro Ozark 1560S, et de rejoindre un autre groupe, The Rocking Kings. Mais ses fréquentations douteuses l’entraînent dans des situations complexes qui iront jusqu’à le faire changer de vie : en 1961, pour une histoire de voiture volée, il choisit de rentrer dans l'armée américaine plutôt que d’aller en prison. En novembre 62, il est incorporé dans les Screaming Eagles, la 101ème division aéroportée, et y rencontre un garçon avec lequel il se lie d’amitié et dont il croisera la route plusieurs fois dans sa vie de musicien : Billy Cox, avec lequel il forme The King Casuals.

Après avoir quitté l’armée, Jimmy intègre le Chitlin’ Circuit, ce fameux circuit des clubs fréquentés par des afro-américains dans lesquels il va jouer sous le nom de Jimmy James pour, entre autres, Ike and Tina Turner, Sam Cooke et Little Richard avant de rejoindre Curtis Knight & The Squires puis de monter son propre groupe, Jimmy James And The Blues Flames, dans lequel jouera un jeune guitariste du nom de Randy Wolfe….qui prendra peu après le nom de Randy California (en hommage à son état d’origine) et qui rejoindra un an plus tard le groupe Spirit avec lequel il connaitra un incroyable succès.

Le premier single

C’est Chas Chandler, l’ancien bassiste du Alan Price Combo devenu ensuite The Animals qui va proposer à Jimmy James de s’occuper de lui et d'aller enregistrer son premier single en Angleterre. Jimmy accepte, sous réserve de rencontrer celui dont il admire le jeu de guitare, Eric Clapton. Sur les conseils de Chas Chandler il raccourcit son prénom et se fait désormais appeler Jimi Hendrix. La légende est désormais en marche.

Chas Chandler organise la rencontre promise : Jimi Hendrix rencontre Eric Clapton lors d'un concert de Cream, en octobre 1966. Clapton accepte même que Hendrix vienne les rejoindre sur scène. Dans son autobiographie, Clapton retranscrira en ces quelques mots ce qu’il avait ressenti ce jour là : « …voilà qu'arrivait un vrai génie. »

Du Jimi Hendrix Experience à Woodstock : la naissance d’une légende

Inspiré par Cream et le concept du trio, Jimi se met à chercher deux musiciens pour l’accompagner. Ce sera Noel Redding comme bassiste puis Mitch Mitchell à la batterie. C’est en les écoutant jouer dans un club de Londres que Johnny Hallyday va leur proposer d’assurer la première partie de ses 4 prochains concerts, dont celui du 18 octobre, à l’Olympia.

Le 16 décembre sort leur premier hit : Hey Joe, l’un des titres associés à Jimi Hendrix pour l’éternité et que de très nombreux chanteurs reprendront et/ou adapteront, comme cette fameuse reprise façon salsa enregistrée par Willie De Ville.

Dix jours plus tard, dans les coulisses d’un club, Jimi Hendrix improvise, jongle avec les tonalités, joue et rejoue une trame qui enthousiasme Chas Chandler qui va pousser Jimi à l’enregistrer : le morceau s’intitulera Purple Haze. Sorti en mars de l’année suivante, Purple Haze grimpe à la troisième place des charts britanniques et impose le style Hendrix. Les témoins de cette fameuse soirée du 26 décembre attestent également que c’est ce même soir que Jimi Hendrix composa la trame d’un autre grand titre, The Wind Cries Mary.

Le premier album du Jimi Hendrix Experience, ‘Are You Experienced’, sort le 5 mai 1967, consacrant l’audace musicale du trio Hendrix-Mitchell-Cox. Un mois plus tard, Jimi Hendrix interprète dans un club Londres une version déjantée du Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band. Paul McCartney et George Harrison, présents ce soir là, sont hallucinés par cette interprétation du titre phare de leur album et recommandent Jimi aux organisateurs du festival de Monterey. Jimi y offrira l’un des concerts cultes de la musique rock de la fin des 60’s, un concert mémorable au cours duquel il immolera par le feu sa Stratocaster.

En décembre de la même année sort le second album du Jimi Hendrix Experience : ‘Axis, Bold as Love’, suivi peu après par la fameuse reprise du hit de Bob Dylan, ‘All Along the Watchtower’.

Mais Jimi Hendrix sent qu’il peut aller plus loin encore et il veut aller plus loin dans son jeu de guitare et dans ses compos, décidé à enregistrer le tout pour un troisième album, ‘Electric Ladyland’, qui marquera son divorce avec Chas Chandler, ses tensions avec Noël Redding et son enthousiasme fou pour les nouvelles technologies, comme les magnétos 16 pistes.

Mais cette époque ne tolère aucune incartade et sanctionne sans pitié chaque faux pas. Le 3 mai 69, alors que Jimi Hendrix arrive à l'aéroport de Pearson, à Toronto, les douanes découvrent des substances illicites dans l'un de ses sacs. Arrêté puis libéré contre une caution de 10.000 dollars, Jimi va être profondément marqué par cet incident, précipitant sans nul doute la séparation du trio.

En août de la même année, un événement va forger la légende de Jimi Hendrix et en faire le guitariste culte des 60’s et 70’s en le faisant jouer devant un public épars, en clôture du Festival de Woodstock. Le retard est tel dans l’enchaînement des groupes que ce n’est que le 18 août au matin que Jimi Hendrix monte sur scène au lieu du 17 au soir, donnant à cette fin de festival une ambiance quasi irréelle que le film, culte lui aussi, rend parfaitement. L'interprétation par Jimi Hendrix de l'hymne américain en deviendra la signature.

Band of Gypsys : un trio, quatre concerts événements !

Depuis mi ‘69 Jimi Hendrix a retrouvé Billy Cox, son pote de l’armée, lequel lui présente le batteur Buddy Miles. L’alchimie est immédiate. Le trio prend le nom de Band of Gypsys et aligne les concerts-événements, dont les quatre concerts de fin décembre et de la nuit de la Saint-Sylvestre. La qualité des concerts est telle qu’un 33 Tours sera gravé, portant simplement le nom du trio, Band of Gysys, même si Jimi Hendrix avouera un peu plus tard n’avoir pas été d’accord pour que cet album sorte.

Qu’importe, Jimi, pour moi comme pour beaucoup de musiciens, cet album est aussi important que les trois premiers et qui fut, je dois te l’avouer, un véritable prof de guitare pour le gamin que j’étais. Alors rien que pour cela, merci Jimi !

Un vide, une absence pour forger la légende Hendrix

Janvier 1970 : Jimi Hendrix joue avec le Band of Gysys au Madison Square Garden, dans le cadre du Winter Festival for Peace organisé pour manifester contre la guerre au Vietnam. Jimi semble déconnecté, à côté de la plaque, presque démoli intérieurement et son jeu de guitare s’en ressent. Sans doute sous l’emprise de fortes doses de LSD, Jimi finit par quitter la scène, bien avant la fin du set prévu. Pressenti comme pouvant être le fournisseur du LSD, le batteur Buddy Miles est viré sur le champ et remplacé par Mitch Mitchell. Avec le fidèle Billy Cox à la basse, le trio reprend la route et entame une longue tournée, le fameux Cry Of Love Tour.

En juin de la même année, Jimi Hendrix ouvre son propre studio d’enregistrement à New York, le ‘Electric Lady’, et il se lance immédiatement dans la composition de son quatrième album studio….qu’il n’aura malheureusement pas le temps de terminer mais qui sera gravé après sa disparition sous le titre ‘The Cry Of Love’.

Pour financer l’enregistrement de ce quatrième album et de son studio, Jimi et son groupe se lancent dans une tournée harassante. Jimi y consomme de plus en plus de LSD, mais c’est à cause de la mauvaise santé de Billy Cox que le trio doit stopper la tournée. Jimi Hendrix en profite pour filer à Londres. Le 16 septembre 70, il rejoint au Ronnie Scott's l’ex-Animals Eric Burdon et son nouveau groupe, War, avec lesquels il joue deux titres, deux titres qui seront les derniers enregistrements du maître de la six cordes. Le 18 septembre, Jimi Hendrix est retrouvé mort au Samarkand Hotel, étouffé dans son vomi, suite sans doute à un abus d’alcool et de barbituriques (la police britannique n’ayant jamais attesté qu’il s’agissait de LSD). Jimi Hendrix sera rapatrié sur Seattle, sa ville natale, et enterré le 1er octobre 1970, laissant la place à la légende Hendrix.

"Si je ne te revois plus dans ce monde, alors je te retrouverai dans le prochain. Ne sois pas en retard, ne sois pas en retard." (Jimi Hendrix – ‘Voodoo Child’)

Sites web à consulter :

– www.jimi-hendrix.com : ‘le’ site officiel.

– http://fr.wikipedia.org/wiki/Jimi_Hendrix : énormément de précisions sur la vie de Jimi Hendrix ici, sur Wikipedia, très bien documenté et référencé.

– http://hendrix.free.fr/  (intitulé également ‘The Voodoo Child’) : vous trouverez sur ce site une biographie de Jimi Hendrix, sa discographique ainsi que la liste de tous ses concerts. Pour les musiciens, vous trouverez sur ce site des tablatures, partitions et autres infos sur le matos qu'utilisait Jimi.

Frankie Rocky Pfeiffer
Paris On The Move & Blues Magazine©