BPB : De l’opéra-rock à l’opéra-blues

Ce que l’on désigne par ‘opéra rock’ désigne en fait soit un album de rock dont les morceaux constituent la trame d'une histoire, soit une comédie musicale rock conçue ou non à partir d’un album.
 
Celui qui devrait être considéré comme le premier opéra rock est non pas ‘Tommy’, des Who (1969), mais la comédie musicale ‘Hair’, créée ‘off-Broadway’ en 1967, jouée à Broadway à partir de 1968 pendant quatre ans sans interruption, puis à Londres et à Paris, en 1969.
L’histoire est ‘rock’ car elle raconte la vie de Claude, qui quitte son ranch pour rejoindre l'armée, mais à New York il rencontre une communauté de hippies qui protestent contre la guerre au Viêt-Nam. L’histoire du rock a retenu ‘Tommy’ comme premier opéra rock mais entre ‘Hair’ et ‘Tommy’ il y eut deux autres réalisations, et qui n’auront pas été reconnus comme telles, peut être par manque de provocation de la part de leurs auteurs: ‘Ogdens' Nut Gone Flake’, sorti par The Small Faces juste avant Tommy, en 1969, et qui serait le premier opéra rock selon Rock & Folk, mais aussi ‘SF Sorrow’, conçu par The Pretty Things bien avant Tommy, mais hélas sorti plus tard.
 
C’est donc ‘Tommy’ qui restera dans l’histoire du rock comme le tout premier opéra rock et qui donnera ensuite non seulement des idées à de nombreux autres groupes, mais qui sera repris au théâtre et au cinéma, avec cette légendaire interprétation de Tina Turner en Acid Queen.
 
En 1970, un nouveau spectacle conçu pour le théâtre se trouvera ensuite gravé en albums avec le label opéra rock: ‘Jesus Christ Superstar’, de Tim Rice et Andrew Lloyd Webber (1970), et que de grands chanteurs de rock, comme Ian Gillan (Deep Purple), interprétèrent, faute sans doute d’avoir leur propre opéra rock.
 
Véritable concept-album plus qu’opéra-rock, ‘The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars’ est un album que David Bowie sort en 1972 et dans lequel il y incarne Ziggy Stardust, une star androgyne du futur, accompagné par les Spiders from Mars, groupe composé du guitariste Mick Ronson, du bassiste Trevor Bolder et du batteur Mick Woodmansey.
L’album ‘Ziggy Stardust’ a marqué une certaine évolution des concepts-albums, proposant une histoire à la trame légère et sans vouloir coller à une histoire complexe et complète comme ‘Tommy’.
 
C’est exactement dans la ligne de ‘Ziggy Stardust’ que se positionne l’album ‘Zee’ du groupe français Blues Power Band. Une quête à la recherche de Zee et qui va mener le groupe dans des capitales, des destinations exotiques, des pays désormais disparus, et sur Mars. Un concept-album qui se positionne ni plus ni moins comme le premier opéra-blues.
 
Le genre d’album-concept que Frank Zappa réalisera en 1972, avec ‘The Grand Wazoo’, tandis que les Who feront coup double en utilisant pour la seconde fois la formule de l’opéra rock façon Who, avec ‘Quadrophenia’, en 1973.
 
Le rock progressif fera monter ensuite sur scène les premiers grands décors interchangeables, les premières mises en scène musicales complexes, et c’est Genesis, avec son double album ‘The Lamb Lies Down on Broadway’, en 1974, qui va redéfinir les bases de l’opéra-rock avant qu’un autre chanteur-musicien aussi génial que mégalo, Roger Waters, ne sorte avec le Pink Floyd ‘le’ monument, le double album qui deviendra la référence de l’opéra-rock, ‘The Wall’, en 1979.