Blues pour Jimi Hendrix

Il y a, dans la vie, des trucs qui vous marquent au fer rouge et dont la marque ne s’effacera jamais. A seize ans, c’est sur Purple Haze et Hey Joe que je faisais jouir les cordes de ma Strato de droitier tandis qu’au ciné je m’enfilais Woodstock pour la douzième fois, si ce n’était pas la treizième. Le phénoménal gaucher nous avait déjà quittés et je maudissais la terre entière pour ne pas avoir pu le voir jouer. Alors, comme tout fan de Hendrix, je me passais les albums en boucle et usait mes saphirs jusqu’à faire rendre l’âme à mes 33 tours. Fan-dingue de Hendrix, j’en avais des posters aux murs, au plafond, dans l’escalier, collés jusque derrière les amplis et les baffles. Fan-dingue de Hendrix, je ne savais pas encore qu’un autre allait avoir la foi, la vraie, la totale, celle qui fait renverser les montagnes, qui transforme les paris les plus fous, les plus insensés en réussites insolentes. Cet autre là, je ne connaissais même pas son prénom puisque j’usais le manche de ma Strato alors que le mec n’était qu’un tout jeune gamin. Et c’est de ce garçon là, de ce Yazid là que cause le bouquin de Stéphane, le fils de… Car déjà, à cette époque, je lisais tous les mois mon Rock & Folk, celui créé justement par le père de… Un dénommé Philippe Koechlin.

C’est donc Stéphane qui a mis noir sur blanc, et avec de nombreuses infos méconnues, d’ailleurs, l’histoire de Yazid Manou qui, contrairement à moi et à de nombreux autres musiciens qui ont joué du Hendrix, a choisi de consacrer toute sa vie à Hendrix. De non seulement la lui consacrer, mais la lui dédier, et de manière tellement intense que le bonhomme en mérite non seulement le respect, mais l’amour de tous ceux qui adulent et adorent la musique de Jimi Hendrix.

Dans ce bouquin qui se lit comme un fabuleux roman sans même vous laisser le temps de boire une petite mousse, vous apprenez une multitude d’infos et de précisions, que ce soit sur l’organisation de ce fameux concert à l’Olympia pour les 20 années de la disparition de Jimi, comme pour tout ce qui touche l’info concernant le gaucher le plus célèbre. Yazid, c’est un vérificateur, un correcteur qui délivre l’info recherchée avec une précision de métronome, sans aucune aspérité. C’est passionnant et ça vous saisit au bide, vous noue l’estomac. Impossible de lire sans écouter du Hendrix, d’ailleurs, tellement la présence du guitariste est forte au travers de tout ce que vous dit Yazid Manou.

Le doute n’est pas permis et vous quittez Yazid et le bouquin avec un savoir et une connaissance de Hendrix comme rarement vous pourrez en acquérir.
Un bouquin qui non seulement enchantera tous les amateurs de Hendrix et de bonne musique, mais qui sera la porte d’entrée idéale à toute personne souhaitant pénétrer dans l’univers du mythique guitariste gaucher. Un bouquin qui nouera les tripes de ceux qui ont joué du Hendrix, et qui arrachera les larmes de ceux qui, comme moi, en avaient fait leur idole et qui n’ont pas eu cette foi énorme et inébranlable qu’a eu Yazid, pour tenir le flambeau à bout de bras, en oubliant les années qui passent.

Une putain de leçon de vie et d’amour, un bouquin de chevet comme il n’en existait pas encore dans l’édition musicale. Indispensable, tout simplement.