PETER NATHANSON & Guests au PITCHTIME

PETER NATHANSON & Guests au PITCHTIME, samedi 11 mai 2019
Reportage: Alain AJ-Blues – rédacteur en chef adjoint (Paris-Move)
Photos: © Alain AJ-Blues

C’est la fin du p’tit concert dans la ville de banlieue.
On ira boire un dernier verre, on rentrera heureux.
Tous les nouveau amis sont encore là.
La ville est endormie, mais nous on n’dort pas.
Un dernier Blues avant de partir.
Un dernier Blues pour s’faire plaisir.
The sun is gonna shine in my back door someday….
(Paroles de Bill Deraime)

Loin du tapage et de l’effervescence des grandes salles avec souvent des places de concert à prix exorbitants, pour certains d’entre nous la musique se vit autrement. Tous ceux pour qui les coeurs battent à l’unisson dans les petites salles, clubs et cafés concert, tous ces endroits où les musiciens viennent jouer sans compter se reconnaitront. Car en ces lieux, comme le Pitchtime et bien d’autres, dans le partage et l’intimité, s’entretiennent de bonnes et belles relations, se lient des affinités et se créent de sincères amitiés.

Malheureusement, nous le savons tous, par manque de moyens, d’aides, de subventions, ou à cause d’obligations contraignates de mise aux normes, de plaintes de nuisance dites sonores, et j’en passe encore et encore, certains établissements sont dans l’obligation de fermer leurs portes. Je n’ouvre pas un débat, mais simplement je fais une constatation. Bien sûr, nos élus devraient soutenir tous ces patrons et gérants de petites salles, car comment peut-il en être autrement pour qu’ils puissent vivre décemment, car ces derniers s’investissent corps et âmes pour assouvir leur passion, notre passion.
Nous avons en France un grand nombre de talentueux artistes et groupes, pas ou trop peu connus, ou alors localement, et qui ont besoin de jouer pour se faire connaitre. Il n’ont pas accès aux grandes salles de concert et seuls les petits endroits les accueillent. Il faut également, et c’est très important, que le public se déplace en nombre, s’ouvre à la découverte et vienne applaudir en live tous ces musiciens qui ne sont pas médiatisés. Qui est ‘petit’ aujourd’hui deviendra ‘grand’ demain. Alors ne vivons pas avec des “dommage, si on avait su avant”, car il sera trop tard. Ces petits lieux cultes disparaitront à tout jamais et nous perdrons ce qui est pour nous l’essentiel , c’est à dire notre patrimoine culturel de proximité.

Depuis son ouverture en octobre 2009, le compteur du Pitchtime affiche 772 concerts. Nous nous souviendrons toujours, ma compagne et moi, de notre premier concert en ce lieu, c’était en janvier 2010 avec le groupe Natchez. Ce soir, en ce samedi 11 mai 2019, au Pitchtime c’est “la der des ders”, une soirée concert privée, sur invitation uniquement. Car l’évènement est d’importance…

J’écris ces lignes avec beaucoup d’émotion. Je n’ai pas pour habitude de tenir les comptes, mais c’est mon dernier reportage au Pitchtime pour Paris-Move, le soixante-deuxième tout de même.
Je ne vais pas en ces lignes écrire l’histoire du Pitchtime, je préfère laisser la parole à notre ami Alain Sabbatier, ‘notre Boss du Pitch’, car il nous avait accordé en avril 2017 une longue interview pour Paris-Move. Vous pouvez la retrouver ou la découvrir ICI

Vivons au présent cette dernière soirée, cette dernière fête au Pitchtime, car je vous l’assure, belle, très très belle elle sera, et tiendra toutes ces promesses.
La salle est comble, les fidèles du lieu, les amis, les musiciens, les membres de la famille d’Alain et Ghislaine, notre Gigi, tous ont répondu présents.
Aux alentours de 20 heures un copieux buffet froid à volonté nous est gracieusement offert. De l’entrée au dessert, nous tous pourront largement assouvir notre faim. Côté boissons c’est ‘open bar’, car comme le dit si bien Alain Sabbatier, il faut vider les placards. Chacun, durant toute la soirée, pourra passer derrière le comptoir et se servir au gré de sa soif et de ses envies. Merci pour cette belle générosité. Une générosité à l’image de ce que sont Alain et Gigi, des personnes avec le coeur sur la main et une gentillesse sans égale.

Côté musique, côté Blues, nous serons aux anges, car Peter Nathanson et ses musiciens nous honorent de leurs présences. Peter Nathanson, le “tueur de Boston”, comme le surnomme mon boss et ami Frankie Pfeiffer, manager de Paris-Move.
Je sais, Frankie, il n’était pas possible pour toi ce jour de faire le voyage de Manchester à Dourdan, mais je sais également que tu es présent ce soir parmi nous par la pensée et par le coeur. Comme nous tous, tu connais bien ce temple de la musique qu’est le Pitchtime. Malheureusement, avec le temps, tout fout le camp. Désormais nous dirons “il était une fois”, nous en avons rêvé si fort que les draps, pardon, les murs, avec toutes ces signatures d’artistes, s’en souviennent.

Il est 22 heures. Fortement applaudi Peter Nathanson prend place sur la scène, seul avec sa guitare acoustique pour nous interpréter 3 titres.

J’ouvre une première parenthèse, car cela fait des années que je partage une sincère amitié avec Peter Nathanson, personnage adorable comme pas un. J’ai bien sûr la set list du concert, mais lorsque de sa main sur une set list Peter laisse son empreinte, très souvent cela devient un inextricable labyrinthe. Il est possible que les 2 premiers titres soient ‘I don’t believe’ et ‘All Your Love’… Il nous fera également une superbe adaptation de ce standard ‘Whiter Shade of Pale’ de Procol Harum.

Ses musiciens, Bruno Baïdez à la basse, Gilles Gabisson aux harmonicas et Michel Théodule, dit Téo, à la batterie, rejoignent Peter Nathanson sur scène. Pour bien les connaitre également, tous les trois sont à l’image de Peter, d’excellents musiciens et des personnes d’une extrême gentillesse.

Durant ce premier set, et pendant plus d’une bonne heure de Blues intense et émotionnel, de nombreux titres seront joués. Des compositions puisées dans la discographie de Peter Nathanson, quelques adaptations de reprises, ainsi que des titres de son dernier album, ‘Opium Kiss’. Un opus dont nous avait beaucoup parlé Peter Nathanson lors de l’ITW qu’il nous avait accordée et que vous pouvez retrouver sur PARIS-MOVE, ICI

Comme à son habitude, Peter Nathanson est accompagné de son inséparable maîtresse, celle à qui il a juré fidélité depuis des lustres. Tout comme Peter, elle en a vu de toutes les couleurs, elle est un peu élimée au manche, elle porte quelques cicatrices au corps, stigmates du temps qui passe.
Parfois, comme elle se manifestera ce soir, elle soupire de quelques accords sur un blues lent tel ‘All your love’, parfois elle rugit de plaisir, s’exclamant de riffs impétueux sur des Blues rageurs tels ‘I don’t believe’ et ‘I want you’. Mais toujours elle nous fait vivre son blues comme une déclaration d’amour.
Je vais vous dire, cette maîtresse, cette Strato, tout comme le Blues, jamais elle ne prendra une ride, car Peter, virtuose incontesté de la 6 cordes, sait si bien la faire jouir.

Il suffit d’un regard de Peter vers ses complices, d’un accord de basse, d’un souffle d’harmonica ou d’une frappe à la batterie pour que fusent les titres… loin de l’ordre établi par avance. Citons ‘Swamp King’, ‘Can’t find the reason’, ou encore ‘Rolling & Tumbling’.

Côté rythmique, Bruno et Théo, les deux compères de Los Wackos, respectivement à la basse et à la batterie, ne sont pas du genre à faire dans la dentelle. La ligne de basse est rugissante et la frappe derrière les fûts savamment domptée.

Gilles, à l’harmonica, est impressionnant. Tel une lame de fond, son souffle vous emporte et ses notes vous immergent au plus profond d’un océan de sensations orgasmiques.
De plus, la taille de son petit instrument, je parle de son harmonica (idées mal placées s’abstenir) lui permet une mobilité pour être au plus de ses complices et ainsi assurer le show sur scène.

Fraîche est la température à l’extérieur, mais chaude est l’ambiance à l’intérieur, dans la salle du Pitchtime. Nous frappons dans nos mains tout en reprenant quelques refrains, nous applaudissons, c’est ‘canicule blues’ dans la moiteur du Pitch. Avec ce titre approprié, ‘The Way that you Dance’, Peter Nathanson invite le public à danser et personne ne se fera prier, et il en sera de même jusqu’à la fin de ce premier set.

Alain et Gigi prennent place sur scène, tous deux ovationnés comme il se doit. Alain remercie toute l’assistance de leur présence. Dans les paroles et dans le regard de Alain brillent déjà tous les projets d’une nouvelle existence, d’une autre vie dans le sud de la France.

Très émue Gigi ne peut retenir ses larmes. Elle s’approche du micro et laisse parler son coeur en ces mots ‘je vous aime’.

Nous tous, réunis autour de vous deux, Alain et Gigi, jamais nous ne vous oublierons, à tout jamais vous resterez gravés dans nos coeurs. Lorsque nous parlerons de vous, évoquant quelques souvenirs et anecdotes, avec émotion nous conjuguerons uniquement le présent.

Nous ferons un petit break pour nous désaltérer, car je le répète, ce soir c’est ‘open bar’, mais aussi pour prendre l’air sur la terrasse pour nous rafraîchir et discuter avec les amis du public et les artistes.
J’en profite pour ouvrir une deuxième parenthèse. Les personnes présentes ce soir se sont déplacées de différents départements de la région parisienne, du Loiret et d’ailleurs. L’ami Bnopi Harmojito, fidèle du Pitchtime de longue date, est venu de Lozère avec sa mallette d’harmonicas. Mention spéciale pour notre amie Roseline Germain, que nous connaissons depuis nos premiers concerts en ce lieu. Depuis quelques années elle a quitté l’île de France pour aller vivre en Auvergne, mais plusieurs fois par an elle revient au Pitchtime pour retrouver les amis et assister aux concerts, toujours avec son sourire, sa bonne humeur et sa générosité. Chère Roseline, nous t’embrassons très affectueusement… nous t’aimons comme tous les gens qui te connaissent, présents ou absents ce soir, d’ici ou d’ailleurs.

Le deuxième set débute aux alentours de 23 heures 45. Ici, au Pitch, on ne regarde pas l’heure et comme je ne porte jamais de montre, tout se terminera, je peux tout de même vous le dire, car c’est à signaler, à 2 heures du matin.

Ce set est consacré à une jam d’enfer avec bon nombre de musiciens. Dès ce premier titre, c’est déjà le plein de frissons, lorsqu’une des plus belles voix du Blues prend possession de nous, celle de Monsieur Freddy Miller, sur ce titre ‘The Thrill is Gone’ de B.B. King. Aussi talentueux qu’il est grand par la taille, Freddy est accompagné de Peter Nathanson à la guitare, Bruno Baïdez à la basse, Alain Sabbatier à la batterie et Frank Tizzoni à l’harmonica. Le public danse, chante et ovationne les musiciens, il en sera de même jusqu’à la fin du set!

Peter Nathanson et ses musiciens alterneront quelques titres parmi ceux joués avec les invités, je cite uniquement 3 compositions de son dernier album, ‘Opium Kiss’,’Key to your heart’, et ‘Smokestack stomp’.

Nous étions arrivés tôt au Pitchtime et bien avant le repas, j’avais posé la question à Peter Nathason: “Quels son les musiciens qui t’accompagneront durant la deuxième partie de soirée…?”
Avec un sourire et son jubilatoire accent américain, il m’avait répondu ‘”Je ne sais pas, Alain, c’est la surprise!”
Cela pour vous dire que les titres joués cette nuit se décident au dernier moment, lorsque les musiciens prennent place sur scène. Tous joueront sans triche, tout au feeling, avec une une générosité folle et une improvisation magistralement maîtrisée.

Une légende vivante monte sur scène, ‘Sir’ Mox Gowland, dont on ne compte plus les printemps car la fougue de sa jeunesse semble toujours omniprésente. Il interprète au chant et à l’harmonica ‘Early in the Morning’, de Sonny Boy Williamson. Mox esquisse quelques pas de danse, tend le micro au public pour le faire chanter avec lui. Sur ce titre, Mox est accompagné de Peter à la guitare, Théo à la batterie et, tenez-vous bien, Lenine Mc Donald à la basse. Ce dernier nous offrira un solo de basse à couper le souffle.

Mox reviendra pour rejouer un autre titre, uniquement à l’harmonica, avec à ses côtés, Peter, Théo, une ‘pointure’ internationale dont on ne compte plus tous les grands de ce monde avec qui il a joué, Mister Marten Ingle à la basse et Paul Massiani à la guitare.

Paul Massiani jouait ce soir dans un autre endroit avec le groupe Fuzz, il est arrivé en milieu de deuxième set, mais connaissant son enthousiasme pour faire la jam sur scène, pour rien au monde il n’aurait manqué la fête.

Place à un bon vieux rock’n’roll avec tout le public en transe. Comment peut-il en être autrement avec se standard qu’est ‘Johnny B. Good’ de Chuck Berry. Titre interprété au chant par Marten Ingle, également à la basse, entouré de Peter, Théo, Paul Massiani à la guitare et Frank Tizzoni à l’harmo.

Nous ferons également une belle découverte avec les membres du trio The 3 Old Things sur ce titre ‘Messin’ with the Kid’ de Junior Wells. Lucky, le chanteur, joue sur les cordes sensibles de la maîtresse de Peter pour les faire vibrer (une nouvelle fois, idées mal placées s’abstenir). Remarquez, Eric fait de même avec les cordes de la basse de Bruno Baïdez sous le regard et la frappe de Phil à la batterie, bien loin de couper le souffle de Gilles Gabisson à l’harmo qui en a vu d’autres.

Autre belle découverte avec la forte présence de Lordkriss Krishna Aubert au chant et à l’harmo sur cette reprise démentielle, ‘Whole lotta love’ de Led Zeppelin, avec Eric à la basse. Transcendés et complices, l’un collé à l’autre, Paul Massiani à la guitare et Lordkriss font le bonheur du public et également des photographes.

Bnopi Harmojito partagera un titre à l’harmo. Tous ces artistes cités partageront d’autres titres ensemble, Freddy Miller au chant sur ‘Superstition’ de Stevie Wonder, également au chant Frank Tizzoni sur… peut-être ‘I’m ready’, sans que j’en sois  réellement sûr.

Les musiciens m’excuseront, de certaines inexactitudes car je n’ai pris aucune note cette nuit, trop occupé derrière mes objectifs et à frapper dans mes mains, car j’étais ailleurs, la tête dans les étoiles, comme toutes les personnes présentes, pour vivre intensément ces exceptionnels moments. De toute façon, je me doute que la mémoire d’une majorité des musiciens doit être également quelque peu défaillante, car les titres se jouaient à la demande et au dernier moment.

Arrivé sur le tard, car il jouait également ce soir avec Paul Massiani et le groupe Fuzz, Didier Joubert fera preuve de son immense talent aux baguettes sur un dernier titre pour clôturer cette mémorable et inoubliable soirée concert au Pitchtime.

Deux autres musiciens étaient présents en fin de concert, un bassiste et un batteur. Par contre je ne ferai pas dans la délation car je ne connais pas leurs noms. Ils se reconnaitront peut-être en ces lignes. Sinon, avis de recherche, voici leurs photos!

J’ouvre un troisième parenthèse, promis c’est la dernière.
Durant toute cette soirée, des musiciens très expérimentés, certains de notoriété internationale ont joué sans faire aucune différence et en toute complicité avec d’autres musiciens, certes talentueux, mais pas très connus, et c’est cette magie-là que nous a toujours procuré le Pitchtime!

Nous étions au Pitchtime pour vivre la musique dans une petite salle de proximité.

Je reviens vers vous public de France et de Navarre. Fréquentez assidument tous ces petits endroits, je le répète, ce sont des lieux cultes pour la musique. Sans votre présence, ils ne pourront pas vivre et nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer. Ce soir au Pitchtime, c’était la der des ders!
Nous resterons quelques temps après la fin du concert. Tous les nouveaux amis sont encore là. Nous irons boire un dernier verre et nous rentrerons heureux.

Reportage: Alain AJ-Blues – rédacteur en chef adjoint (Paris-Move)
Photos: © Alain AJ-Blues

Page Facebook de Peter Nathanson: ICI

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Message du rédacteur en chef:

“A l’instar du Golf Drouot et de nombreuses ‘petites’ salles mythiques qui ont fermé leurs portes en France, le Pitchtime restera dans la mémoire de la Live music, car il a marqué le début de ce second millénaire et nombreux seront les musiciens qui diront un jour, avec fierté et nostalgie à la fois, tout comme j’ai pu le dire pour le Golf, “oui, j’y ai joué!”. 

Un immense merci, du fond du coeur, à Alain et Gigi, pour m’avoir permis de vous cotoyer quelques années et, surtout, d’avoir accepté de faire jouer au Pitchtime des artistes et des formations que j’ai produits et dans lesquels jouaient ou jouent encore des frères et soeurs de coeur, comme IN VOLT, Fall and Bounce, Eric TER, et bien d’autres. Respect, à vous deux, Alain et Gigi, et que votre nouvelle route soit belle, la plus belle possible!

Le Pitchtime était un lieu de vie, de partage, d’amitié, et je garderai toujours en mémoire tous ces instants partagés dans cette salle, avec tellement d’amis que je n’oserai en nommer un/e seul/e, de peur d’en oublier… sauf peut-être un, celui qui a signé ce reportage, que je remercie du fond du coeur pour son amitié et tout ce que nous avons partagé et partagerons encore. Merci à toi, brother Alain.”

Frankie Pfeiffer
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