ITW : Alain SABBATIER – le Boss du Pitchtime

ITW : Alain SABBATIER – le Boss du Pitchtime

ITW préparée et réalisée par Alain AJ Blues – Avril 2017
Photos : © Alain AJ-Blues

Les bars, les cafés-concerts, les clubs, les ‘petites salles’ font parties intégrantes du monde de la musique. Animés par la passion, tous ces patrons, ces gérants de ‘petits endroits’ s’investissent corps et âmes pour que vive la musique. Sans eux, notre monde serait bien triste, beaucoup trop de musiciens ne pourraient pas jouer ou bien ne sauraient pas où jouer, le public serait privé de découvertes et de l’essentiel de la vie, car en ces lieux, des affinités se créent et des amitiés naissent. Public qui aimez la musique, soutenez tous ces endroits, fréquentez les, car ils sont notre patrimoine de proximité. J’ai cette envie, en toute simplicité, de vous faire partager un coup de cœur par le biais de cette interview, je dirai même plutôt d’une conversation intime avec un ami, Alain Sabbatier, le Boss du Pitchtime, cette belle ‘petite salle’ située à Dourdan, dans l’Essonne.

Alain AJ Blues : Bonjour Alain, je te remercie de nous accorder cette interview pour Paris-Move. C’est également un plaisir de te retrouver en privé et en toute quiétude pour parler du Pitchtime, bien évidemment, et d’une de nos passions communes, la musique.

Alain Sabbatier : C’est moi qui te remercie, et je dirai que c’est un honneur.

Finaliser un projet, celui d’ouvrir les portes d’une salle de concerts, ne se fait pas en un claquement de doigts, je suppose. Quelles étaient tes motivations ?

Je dirai que c’est assez simple. Je suis graphiste, au départ, et je me suis retrouvé exclu de mon métier, celui qui m’a fait vivre, car ce n’est pas la musique qui m’a fait vivre, ou très peu. A 49 ans, en ‘coulant’ ma dernière société de publicité, j’avais réussi à récupérer assez d’argent pour pouvoir continuer à faire quelque chose d’autre. Mon idée était de retrouver du travail, et j’ai envie de dire, bêtement, comme n’importe qui. Mais lorsque l’on te répond ‘vous êtes trop cher’, ‘vous êtes trop vieux’, il est malheureusement inutile d’insister. J’ai dit stop. Je me suis dit qu’il fallait que je change mon orientation, et comme je suis également musicien amateur à la base, j’ai très vite compris, et je savais déjà, qu’il y avait peu d’endroits pour jouer, principalement pour les jeunes groupes qui démarrent. Et quand je dis débutants, cela ne veut pas seulement dire ‘les jeunes’, cela veut dire ‘je débute un groupe et les premières scènes, il va falloir les faire quelque part’, et donc il faut trouver des endroits, des bars, des petites salles. Avant, dans ma jeunesse, c’étaient les M.J.C, les Maisons des Jeunes et de la Culture, qui organisaient de nombreux concerts. C’était notre réseau, mais cela fait partie du passé… Il fallait donc passer à l’étape suivante et trouver un plateau musical pour faire jouer les groupes, et ce fut ma première motivation. Aujourd’hui, il n’y a plus que les bars ou les petites salles qui existent, ici ou là. Certaines sont subventionnées, mais il y en a très peu, et donc, du coup, il y a peu de concurrence, ce qui fait que mon idée ne pouvait avoir, normalement, que du succès. Ce fut ma deuxième motivation.

Il est vrai que chacun a une place à se faire, car ces endroits manquent réellement pour que vive la musique. Sur quels critères tes choix t’ont guidé vers Dourdan ?

Je suis allé voir l’INSEE, qui m’a donné des études de marché de 2 ans passés, car ces infos-là sont gratuites. Par contre si tu demandes une étude de marché spécifique dans l’année en cours, alors là tu dois payer, et cher ! Je me suis donc appuyé sur les chiffres de 2 ans passés, sachant que dans le domaine de la culture cela ne bouge pas trop. Je me suis aperçu que dans l’Essonne il y avait un grand besoin de culture, car il y avait un déplacement de plus en plus important de gens de Paris intra-muros vers la grande couronne, et toutes ces personnes cultivées fréquentaient sur Paris les salles de concerts, les théâtres et autres manifestations culturelles. Je me suis dit qu’il fallait donc ouvrir une salle dans un des endroits où tous ces gens venaient résider, et les villes les plus porteuses, celles où il n’y avait encore rien, étaient Dourdan, Milly-la-Forêt et La ferté Alais. J’ai visité des endroits à Milly-la Forêt, mais tous trop chers ou en pleine ville et donc à proximité des riverains… Impossible donc pour moi de choisir Milly-la Forêt, tout comme près d’Etampes, une ancienne discothèque, mais qui était hors de prix. Et impossible d’obtenir un prêt…

Je sais que tu n’es pas homme à baisser les bras, c’est un peu ce qui caractérise les Alain, n’est-ce-pas ? (rires) Car non seulement il faut franchir des obstacles financiers, mais aussi, et nous le savons bien, la musique peut être qualifiée de ‘nuisance sonore’ et conduire à la fermeture d’un établissement en centre-ville.

Tout à fait. C’est pourquoi j’ai trouvé et choisi un endroit qui me convenait bien, au Paté de Lardy, juste derrière la gare. Il y avait une grande halle de la SNCF en décrépitude depuis les années 30, mais toujours en bon état. Je me suis intéressé à cet endroit pour racheter les murs grâce à un banquier qui m’a suivi dans cette opération car la valeur immobilière est toujours là. En effet, même si tu arrêtes ton activité le banquier peut se payer sur les murs. J’ai travaillé un an sur cette affaire, qui pour moi s’appelait déjà le Pitchtime.

Le Pitchtime, pourquoi ce nom ?

J’ai vécu en Israël pendant trois ans et je fréquentais un endroit où il y avait de la musique tout le temps, tous les jours. Des gens venaient se retrouver pour chanter et ce lieu s’appelait le Pitchtime. J’ai gardé un tellement bon souvenir de cet endroit que j’ai voulu reporter ce nom sur mon enseigne actuelle. De plus, Pitchtime signifie un break dans le temps, et pour moi aller à un concert, c’est un peu cela. Les gens assistent à un concert, sont sur un petit nuage et sortent du quotidien. Voilà l’explication…
Je reviens sur ma recherche concernant le Paté de Lardy : c’était une grande salle de 700 m² et mon idée était d’en consacrer 500 m² pour la salle de concerts et 200 m² pour petit centre d’affaires que j’aurai loué, ce qui m’aurait permis de payer les murs, mon crédit, plus 3.000 mètres carrés de pelouse. J’imaginais pouvoir faire une belle fête de la musique en extérieur, et même un festival ! De plus, il y avait un parking de 520 places juste derrière la gare. C’était un endroit assez grand pour faire de l’affiche avec une billetterie et des revenus Sacem importants. J’aurais fait jouer des artistes comme Mathieu Chédid par exemple, et des premières parties avec les groupes qui passent actuellement au Pitchtime.

Super, ai-je envie de dire, mais nous savons aujourd’hui que malheureusement ton projet n’a pas abouti. Pour quelles raisons ?

Cela semblait tellement gros que les instances administratives, mairie, commune et préfecture se sont un peu révoltées, disant que cela allait amener de la racaille, et j’en passe… Tu vois ce que je veux dire… Tu sais, je pense très sincèrement que le Rock’n’Roll n’est toujours pas accepté dans ce pays. J’avais donc le droit de préemption sur l’affaire, même avec un petit apport, tout le montage financier était fait, et les seuls qui n’ont pas été d’accord, ce sont les politiques, car pour eux c’était un endroit stratégique. Les choses sont allées très loin, j’ai voulu attaquer en justice la mairie de Lardy et j’avais un témoin qui a confirmé que j’avais dépensé de l’argent pour faire des images de synthèse, faire des devis par des architectes, car tout était à faire, même pour la mutation de la licence IV. La personne à l’urbanisme de la mairie de Lardy voulait bien témoigner contre son propre maire, car il était injustifié de me refuser l’affaire. Mon avocat à l’époque s’est bien renseigné, mais le maire de Lardy a tellement eu peur des représailles, car il était totalement en tort et moi j’allais l’attaquer pour faux et usage de faux car il avait raconté n’importe quoi auprès du conseil municipal… Je le répète, il a tellement eu peur de se retrouver devant la justice qu’il a transféré cette halle qui m’intéressait à la région, et il était devenu pour moi impossible d’attaquer. Lorsque j’ai appelé le conseil régional pour leur demander ce qu’ils comptaient en faire, ou me le vendre, ils m’ont répondu que ce n’était pas vendable, car ils avaient l’intention d’en faire une gare routière. Cela date de 2008 et à ce jour… rien n’a été fait.
Désolé de m’être étendu longuement sur le sujet, mais il est important que les gens sachent comment certaines choses peuvent se passer en France, car en France la culture ne fait absolument pas partie des priorités de ceux qui nous gouvernent.

Je comprends ta déception Alain, et tu as bien fait de tout nous dire sur le sujet, et sans langue de bois. Toute vérité est bonne à dire, et chacun de nous doit savoir. Et ensuite… ?

Ensuite… Un jour je rencontre le fournisseur de bière du Pélican, bar à bières et café-concert bien connu à Lardy. Cette personne connait bien tous les bars du sud de l’Essonne et me dit ‘Tiens, Alain, j’ai pensé à toi, il y a un endroit à Dourdan désormais fermé, susceptible de te plaire, donc renseigne toi !’.  Je me suis rendu sur les lieux, c’était fermé et je me suis renseigné auprès de la mairie de Dourdan. Les murs leur appartenaient et chemin faisant j’ai réussi à acheter ‘ce truc-là’.

C’était à quelle époque ?

J’ai signé le premier compromis de vente en février 2009 et l’ai obtenu seulement en juillet, car il y avait quelques problèmes à régler. Les précédents gérants ne payaient plus leurs loyers depuis deux ans… Il y avait tellement de dettes sur l’affaire, que cela a pris du temps pour les éponger. Enfin, le moment tant attendu est arrivé, et j’ai ouvert les portes de ‘mon’ Pitchtime le 8 septembre et donné mon premier concert le 3 octobre. Tu vois, je n’ai pas traîné !

Alain, nous allons faire un bond dans le temps et nous reviendrons ensuite tourner les pages de ton Pitchtime. Le 10 décembre 2016 tu as fêté un très bel anniversaire, celui de ton 500ème concert. J’étais présent, et comme tout le public j’ai eu droit à une part du gâteau. Une émotion forte était palpable pendant cette soirée, et le fait d’en parler ensemble aujourd’hui, je vois dans ton regard que cette émotion est toujours présente… 500 concerts, c’est tout de même un constat de réussite, non ?

Oui, bien sûr, car de plus, pour ce concert, c’était Nina van Horn qui était présente. Et comme à son habitude, elle nous a fait le show. Ceci dit, le Pitchtime offre des concerts tous les vendredi soir et samedi soir, et exceptionnellement le jeudi ou le dimanche, suivant les circonstances. Cela fait tourner le compteur. Mon bilan au niveau de la programmation est plutôt positif, car nous avons des artistes extraordinaires qui viennent nous voir et qui demandent à venir jouer. Cela démontre que l’enseigne est connue des musiciens. Ils savent qu’ils sont bien accueillis au Pitchtime et qu’ils jouent dans des conditions correctes. Moi je suis musicien et donc je les respecte. C’est pour cela que je leur offre également un repas correct, et non pas un bout de pain avec un morceau de pâté, comme d’autres font. Par contre je limite les tickets de boisson à deux par personne, sachant qu’i y a des musiciens plus alcooliques que d’autres et que l’on n’a pas envie de faire des deuxièmes sets sous l’emprise de l’alcool. Au début, chez moi, c’était open bar, et j’ai eu des surprises avec des mecs bourrés sur scène ! Pour le respect de chacun et du public, je ne veux pas de cela chez moi.

Au début tu donnais un cachet fixe aux musiciens et ensuite tu as décidé de les payer aux entrées, quelle en est la raison ?

Au début je donnais un fixe. On essaie de faire comme les autres salles, on se renseigne. J’avais calculé un fixe 300 euros, me disant que c’était raisonnable, voir plus si la salle était bien remplie. Dans ce cas j’augmentais légèrement le prix des repas et consommations pour retrouver l’équilibre avec ce que je donnais en plus aux musiciens. Très vite j’ai compris que c’était compliqué, car il y a de la TVA dans ce que je vends et lorsque les musiciens me demandaient une facture, j’étais obligé de la faire avec TVA pour la récupérer, car il n’y a pas de niche fiscale à ce niveau. Bien avant l’ouverture du Pitchtime, j’avais en 2008 créé une association, Culture Event, et me suis dit, car j’ai beaucoup travaillé dans les droits de reproduction et les droits d’auteur, et j’ai vécu longtemps grâce à mes droits d’auteur en tant que graphiste, qu’il était possible grâce à cette association de trouver accès à une niche fiscale. J’ai cherché et je me suis retrouvé devant le parrainage et le mécénat qui concernent toutes les entreprises qui veulent mettre un peu d’argent. Il suffit par exemple de regarder Roland Garros à la télé et de voir toutes les publicités pour s’en rendre compte. Les sociétés mettent de l’argent pour pouvoir défalquer de leurs impôts. Donc, je me suis dit que cela pouvait se faire à petite échelle, car la loi ne l’interdit pas. Donc le Pitchtime va être l’entreprise qui va parrainer Culture Event, qui elle, parrainera les artistes, et cela va même bien plus loin, car le Pitchtime est mécène de Culture Event, qui est parrain des artistes.

Cette formule est tout de même un peu compliquée à comprendre pour un non initié, je dirai…

Je te l’accorde, mais la loi l’autorise et cela rend possible de défiscaliser jusqu’à 75.000 euros par an et de rétribuer ainsi les artistes par une donation. Cette dernière n’est pas à déclarer, elle est seulement à disposition et doit être signée. C’est un peu comme toi, si tu donnes de l’argent pour les aveugles, le téléthon ou autres, tu reçois un reçu pour tes impôts. C’est le même principe. Comme j’avais des difficultés à tenir ce fixe pour les musiciens, notamment par manque de public lors de certaines soirées, j’ai décidé de payer aux entrées. Pour moi, le paiement selon les entrées a deux effets psychologiques : premièrement, cela rend les musiciens partenaires de la société, ils vont se donner un peu pour faire venir du monde, et plus ils en feront venir et plus le cachet sera important. Deuxièmement, comme je le dis très souvent, la culture n’est pas gratuite. Vous devez la payer, car vous venez assister à un concert, et cela a un prix. Et ce n’est pas en venant boire une bière chez moi que vous la payez, car vous assistez à un concert. Le prix de l’entrée chez moi est très raisonnable, 8 euros pour tous, mais 5 euros pour les chômeurs, les moins de 25 ans et les membres de Culture Event.

Je suis entièrement d’accord avec toi, Alain, le prix de l’entrée au Pitchtime est plus que raisonnable et je pense que toutes les personnes qui liront ces lignes le seront également. De plus, je rajouterai que tu as toujours une belle programmation, avec pour certaines soirées des artistes de notoriété. Je ne ferai pas de comparatifs entre le Pitchtime et certaines grandes salles qui proposent des places de concerts à des prix exorbitants et pas toujours justifiés.

Durant le cours de cette année, le prix d’entrée de certains concerts sera fixé à 10 euros, car je sais ce qu’est le travail de la musique. Je pense par exemple à Nina Van Horn, car le spectacle qu’elle présente vaut bien 10 euros.

Je rajouterai également qu’en adhérant à Culture Event, le tarif est moindre.

Oui, et cela vaut vraiment le coup d’adhérer à l’association, surtout pour ceux qui viennent 8 à 10 fois par an au Pitchtime, mais on est heureux d’accepter tous ceux qui veulent adhérer, même s’ils viennent moins de 8 fois par an ! L’argent de l’association nous permet de communiquer, payer nos affiches, nos brochures, et tout ce dont on a besoin pour pouvoir continuer. Aujourd’hui, Culture Event représente à peu près 1.000 euros d’adhésions, ce qui n’est malheureusement pas suffisant car les dépenses pour son bon fonctionnement représentent environ entre 1.300 à 1.400 euros par an. On aimerait donc bien un peu plus d’adhérents pour nous permettre de couvrir les frais, car parfois on est obligé de mettre de la poche du Pitchtime, et la poche du Pitchtime elle est bien percée, elle aussi… Alors il faut jongler et se débrouiller comme on peut…

Contrairement à certains endroits de proximité, je pense aux restaurants qui proposent également des concerts, mais qui eux vivent de leur métier, car leur chiffre d’affaire se fait sur les repas, ta conception est différente car le Pitchtime est avant tout une salle de concert, et donc l’équilibre financier est plus difficile à trouver, et malheureusement certaines petites salles se trouvent dans l’obligation de cesser leurs activités.

Effectivement, et côté bar il devient de plus en plus difficile de vivre des consommations suite aux campagnes anti-alcool, les contrôles routiers de plus en plus nombreux, et donc les gens réduisent fortement leur consommation. Mais je vais être très franc et je pense également qu’il y a des personnes qui veulent tout pour rien et qui pensent que tout est gratuit, ou doit être gratuit. J’ai même eu droit à la réflexion de certaines personnes qui me demandaient si je payais les musiciens… On peut manger chez moi, mais c’est un service que j’offre. Je me place plus sur la ligne du Plan à Ris Orangis ou la Clef à St Germain en Laye, des salles bien connues qui, contrairement au Pitchtime, sont subventionnées et portées par des villes. Pour un privé comme moi, pour vivre et manger, le nerf de la guerre, c’est la finance.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore le Pitchtime, et il doit bien y en avoir tout de même (sourire), je te laisse présenter la salle.

La salle peut contenir jusqu’à 100 personnes (déclaration administrative), mais il est certain que notre ratio préféré est de 80 personnes, ce qui permet de circuler librement pour travailler et contrôler ce qui se passe. Et puis 80 est un chiffre très intéressant, car cela fait du monde et j’estime que si une personne consomme deux fois à partir du moment où elle arrive et elle repart, c’est bien. Et comme je le dis souvent, vous n’êtes pas obligés de consommer de l’alcool ! Nous avons des jus de fruits et autres boissons dont je ne peux ici citer la marque (rire). Par contre il y a toujours des gens qui ont une attitude négative vis à vis de nous, car malgré les affichettes leur demandant aimablement de consommer un peu pour faire vivre le Pitchtime, certains ne prennent qu’un verre d’eau et un café, sachant que le verre d’eau est gratuit et que le café coûte 1,80 euro, et ils restent 4 heures en place pour un concert. Je suis désolé de le dire ainsi, mais j’appelle cela du ‘foutage de gueule’.

Restons sur ce côté financier encore quelques instants. L’intégralité des entrées revient-elle entièrement aux musiciens ?

Bien sûr !! L’intégralité des entrées revient aux musiciens ! C’est motivant pour eux et cela montre au public que c’est lui qui paye les artistes, ce qui est tout à fait logique car il assiste au concert. Après de nombreux concerts, et de grande qualité, certaines personnes du public m’ont fait la remarque que 8 euros ce n’est vraiment pas cher, et qu’ils auraient payé plus, car le concert les vaut largement. Et tu en as d’autres qui viennent te dire, pour le même concert, qu’à 8 euros tu exagères. Mais bon, les râleurs sont rares et je pense très sincèrement que mon prix d’entrée est correct.

De plus, chez toi le concert débute à 22 heures et bien souvent ne se termine pas avant 1 heure du matin, voir plus tard encore, quand les musiciens ne veulent plus quitter la scène.

C’est vrai… (rires). Je te prends un exemple, Bruce Stringkiller, du Doctor Pickup, que tu connais très bien. Lui, il n’y a plus moyen de l’arrêter lorsqu’il joue. La dernière fois, il était quasiment 2 heures du mat quand je suis allé le trouver pour lui dire ‘Bruce, tu as vu l’heure qu’il est ?’ et, lui, tout étonné, il me dit ‘Ah bon ? Mais je n’ai pas vu le temps passer…’ C’est une petite anecdote pour dire aussi que les musiciens sont heureux de jouer chez moi. La règle, au Pitchtime, c’est que je demande aux artistes 2 heures de musique réparties sur 2 sets d’une heure, et je leur dis ‘plus, si affinités avec le public’. Et donc très souvent, c’est plus. Ils me disent tous ‘On est bien chez toi, et ton système sonore ne développe aucune fatigue !’ Ils me le disent tous.

Revenons sur la présentation de la salle et ce fameux système sonore…

Il est très élaboré et adapté à la salle. C’est un système Bose, choisi en y pensant vraiment, qui diffuse à 180 degrés, ce qui permet de n’avoir aucun retour de scène et que tout le monde baigne dans le même son, le public comme le groupe. C’est onéreux, bien sûr, mais on a préféré mettre de l’argent sur la table pour privilégier le confort. Cela ne fatigue pas, ne crée pas d’acouphènes et permet de diffuser un très bon son pour tout le public dans cette salle d’environ 60 m². Il y donc la sono, la scène, l’éclairage, et comme je suis batteur, ma batterie est à disposition des musiciens. Dans certains endroits, les musiciens sont obligés de tout amener, et je trouve cela un peu fort de café. Donc si tu veux faire des concerts, il faut vendre le son de ton concert et ce n’est pas aux musiciens de tout amener. C’est un minimum, car il faut respecter les artistes. C’est ma façon de penser et de faire.

A ce jour, la réputation du Pitchtime n’est plus à faire car il est bien connu en Ile de France et même au-delà. Tu proposes une belle programmation, je te l’ais toujours dit et ne m’en cache pas. Comment procèdes-tu pour le choix des groupes ?

J’essaie d’être un peu stratégique dans mon choix. Comme je propose au minimum 8 concerts par mois, la priorité est d’offrir une certaine diversité au public. J’ai mes goûts, mais je ne programme pas forcément ce qui me plait. Lorsque j’ai des demandes de musiciens que je ne connais pas, j’écoute ce qu’ils font, je regarde leurs vidéos, et à partir du moment que tu chantes juste, que tu joues bien en place avec une certaine sincérité, que tu portes bien ta musique, tu es programmé. Le vendredi soir, je travaille plus avec des musiciens amateurs, et le samedi soir est réservé aux professionnels.

Le vendredi soir, ce sont principalement des groupes locaux ?

Non, pas obligatoirement. Le vendredi soir sert également de pont pour les musiciens qui viennent de loin. Par exemple j’ai programmé pour le vendredi 5 mai un excellent groupe de Blues, Flo Bauer Blues Project. Ils viennent d’Alsace et le lendemain, samedi, ils jouent ailleurs, sur une scène plus importante.

Je t’interromps Alain, car Flo Bauer Blues Project est un jeune groupe de Blues, vraiment excellent. J’ai eu l’occasion d’écouter leur album et je serai bien sûr présent avec un partenariat Paris-Move pour ce concert au Pitchtime ! Je conseille d’ailleurs à tous les fans de Blues de venir chez toi pour découvrir ce groupe ! Mais revenons à ta programmation…

Donc le vendredi soir c’est plutôt pour des groupes qui font quelques concerts par an et qui font de la bonne musique. Quant à la réputation du Pitchtime, je sais qu’elle est bonne en Ile de France, mais ailleurs dans l’hexagone, je ne sais pas… Tu exagères un peu. Quoi que… J’ai eu des artistes qui m’ont contacté de différents pays, c’est terrible. J’ai eu des belges, des anglais, des italiens, et tout dernièrement une américaine qui me téléphone de son Texas natal pour venir jouer chez moi le jeudi 25 mai, car elle fait une tournée en France de plusieurs dates entre Paris et Bordeaux, et le Pitchtime est sur sa route. Normalement je ne programme pas un jeudi, mais le 25 mai étant férié, c’est celui de l’Ascension, et c’est une artiste bien cotée, puisqu’il s’agit de Martha Fields, une grande Dame de la Country. J’écoute sa musique, c’est Country/ Rock, car je ne programme pas de la Country Redneck avec le drapeau confédéré en tête. Je ne suis pas là pour prôner le racisme de ce drapeau. Elle sera donc à l’affiche du Pitchtime le jeudi 25 mai ! Pourquoi elle a demandé à venir jouer chez moi ? Tout simplement parce qu’elle a entendu parler de l’endroit, et en bien. Donc tu as en fait entièrement raison, la réputation du Pitchtime va bien au delà de l’Ile de France (grands éclats de rires).

J’aime bien quand tu piques un coup de gueule légitime, comme celui à propos du drapeau confédéré. Je te connais, tu ne pratiques pas la langue de bois, et histoire de faire un break, puisque nous sommes entre nous et que seuls les murs seront témoins, il ne faut pas hésiter à en piquer un autre. Allez, vas-y, un bon coup de Blues, ça va être piquant ! (rires)

Voilà, la preuve de la culture internationale ! Je pense que la musique Blues n’appartient pas aux américains, il faut arrêter de me raconter des conneries. Le Blues appartient au monde entier. Dès que tu fais un art et que tu le proposes en place publique, il appartient à tout le monde. C’est pour cela, et j’en suis très heureux, que je dis que le Pitchtime n’a pas de frontières. Il est connu aussi bien en Belgique, en Pologne qu’à Rambouillet, ou du Mesle à Austin, tout simplement.

Durant ces années passées, quels concerts et quels artistes t’ont marqué. Pas forcément ceux qui ont amené beaucoup de public, mais ceux qui furent tes coups de cœur.

Les Cotton Belly’s m’ont vraiment impressionné, car ils sont jeunes et présentent un spectacle parfait. Ils travaillent comme des professionnels américains et proposent un vrai show. La première fois qu’ils ont joué chez moi, en sortant de la loge située à l’étage et tout en descendant l’escalier vers la salle ils frappaient dans leurs mains, entonnant un chant d’esclaves. Ils ont immédiatement conquis le public. J’ai aussi toujours un énorme coup de cœur pour Nina Van Horn, et je suis fier de faire partie de ses amis. C’est une travailleuse acharnée, car elle propose toujours un vrai show sur scène, qu’elle reprenne Nina Simone ou les femmes du Blues, avec toujours ses musiciens qui sont partie prenante. C’est une chance d’avoir Nina chez moi, sachant toutes les scènes internationales sur lesquelles elle se produit. Je citerai encore Peter Nathanson, Fool Moon, Le Reverend, ou l’anglais Bill Rutherford qui m’appelle de Dubaï, par exemple, pour me demander une date pour venir jouer chez moi, et il amène avec lui des musiciens incroyables tels Mox Gowland , Marten Ingle et Danny Montgomery, qui ont joué avec Clapton, Ray Charles, John Mayall. Cela m’impressionne beaucoup, car moi en tant que batteur, excepté Gilbert Montagné, je n’ai joué qu’avec des petits groupes (nouvelle crise de fous rires).

Dernièrement, Alain, tu m’as dit que le Pitchtime servait de tremplin pour les jeunes musiciens. Je te laisse t’exprimer sur ce sujet, car c’est un coup de pouce énorme pour les jeunes…

Le Pitchtime est fait pour cela, et pour faire jouer des musiciens en manque de dates. Malheureusement, dans le monde actuel les musiciens ne signent pas sur leurs bonnes gueules et leurs bonnes musiques. J’ai rencontré Daniel Colling, le mec qui a monté le Printemps de Bourges et qui programme au Zénith. Quand tu discutes avec des gens comme lui, tous te disent et confirment ce que tu sais déjà, ils ne font passer que des grandes stars, il ne vont pas programmer des pékins moyens. Et ce sont les stars qui décident de la première partie, il faut le savoir. Le programmateur n’en a rien à foutre. Ce qu’il veut, lui, c’est que cela lui rapporte du fric. Il y a de moins en moins de vraies premières parties, il y a beaucoup moins de générosité qu’avant. Dans les années 70, il y avait toujours une première partie. Moi, je fais confiance à certains jeunes artistes et groupes, c’est la raison pour laquelle je les programme. Je leur donne leur chance, et ne suis pas le seul, bien sûr et heureusement ! Aujourd’hui, certains de ceux-là jouent sur des festivals ou de grandes scènes en France et à l’étranger. Il est presque sûr que désormais ils ne viendront plus jouer chez moi, mais cela fait partie de la logique des choses, et j’en suis heureux pour eux, car pour eux, le Pitchtime a servi de tremplin pour les faire connaître, et de cela j’en suis fier, très fier, et je me dis que d’autres artistes prendront la relève.

Quelles sont tes influences musicales ?

La musique des années 70. J’ai découvert les Beatles et les Stones grâce à mes frangines plus âgées que moi, et je t’assure que le Teppaz tournait à fond dans la maison. Le déclencheur fut Woodstock, mais avant j’écoutais déjà les hits parades anglais et des artistes comme 10CC et Barry Ryan. Qui ne se souvient pas d’Eloïse, n’est-ce pas… Certains pensent que le rock est un style de musique, mais pour moi le rock a amené la révolution musicale dont Woodstock est à l’origine, déclenché par la guerre du Vietnam. On s’est emparé de la musique pour en faire une cause. Les artistes contestataires comme Joan Baez, Arlo Guthrie, Country Joe McDonald et autres, passaient par le rock pour exprimer une envie de liberté, une envie d’amour libre, et des histoires comme Bob Dylan sait les raconter, qui sont l’aboutissement de l’attitude des êtres humains. Le rock était génial pour passer cette musique, car musique simple, trois accords, un couplet, un refrain, mais avec la hargne de ce que l’on a envie de dire. Pour moi, la définition du rock, c’est ça. Quand on me dit que Johnny c’est du rock, je réponds qu’il n’en n’a que l’attitude. Mes vrais rockeurs sont Bob Dylan, Crosby Stills Nash & Young, des artistes qui ont des choses à dire ! J’aime le Blues, le Blues/Rock, ZZ Top comme tout le monde, mais également Yes, Genesis , King Crimson, Muddy Waters, BB King, en fait pour moi la musique n’a pas de frontières. Voilà, la musique est bonne ou elle est mauvaise, et je me révolte contre les quotas de 40 pour cent de musiques françaises sur les radios, c’est ridicule. La musique, quelle soit en français, en chinois, en arabe ou en anglais, pour moi, elle est bonne ou elle est mauvaise, j’écoute ce qui me plait.

Le monde évolue, les temps changent, dis nous ce que tu penses des musiques actuelles ?

Première chose, l’artiste doit avoir un cœur et une sincérité ! L’art doit être porté par un sentiment. Si l’artiste n’a pas cela, il n’a rien à foutre sur scène. Je vais sembler être un peu négatif, mais je suis heureux de voir des artistes comme les Cotton Belly’s ou Laura Cox, des jeunes qui ont moins de 30 ans, ou disons la trentaine, avec cette hargne et cet aspect revendicatif. Cela me fait plaisir, mais ma déception est qu’ils soient si peu nombreux pour assurer la relève. La moyenne d’âge du public au Pitchtime se situe entre 40 et 70 ans, et c’est dommageable pour la nouvelle génération qui arrive, car le Rock vient d’une révolution et le Blues vient de l’esclavage. Il faut continuer de porter ces valeurs et ne pas oublier qu’il ne faut pas que l’on retourne à l’esclavage, même si cette musique exprime la souffrance et apporte également beaucoup d’amour. N’oublions pas l’histoire, il faut que le Blues et le rock continuent de vivre, car actuellement la France est portée par des musiques mièvres destinées à un grand public et c’est essentiellement ce que les médias offrent. C’est du bourrage de crâne ! Peut-être que les quarantenaires d’aujourd’hui éduquent mal leurs enfants, car il faut de la souffrance pour accéder au bonheur. Il ne faut pas penser que tout est dû, que tout vous appartient sans faire d’effort. C’est primordial pour éviter d’être blasé.

Quitte à déplaire à certains, mais quelque part c’est le moindre de nos soucis, je partage totalement tes convictions et, en ce qui me concerne, tu prêches un convaincu. Dans ta programmation, tu laisses la part belle à de nombreux artistes innovants, ceux qui prouvent une belle identité par le biais de compositions, et non pas de reprises.

C’est bien que tu le dises ! Aujourd’hui une grande partie du public se déplace pour de la nostalgie, pour des ‘tribute’ ou des ‘cover’, et c’est bien dommage. Cela fait partie de mes déceptions, car il y a de nombreux et excellents auteurs-compositeurs qui valent vraiment les stars actuelles, et il y a de moins en moins de public pour venir applaudir ces artistes. Ces auteurs-compositeurs, si on les lâche, il n’y aura pas de renouvellement… Et il y en a beaucoup, de ces artistes vraiment exceptionnels ! Je pense par exemple à Mick Ravassat et Yasmin Shah. Il faut les supporter, et c’est pourquoi ils font partie des priorités de ma programmation. En janvier dernier, j’ai fait passer un artiste français, Ryadh. Je vais te dire, il me tue ce type, il est génial ! Il a 26 ans, il chante, il est au clavier, c’est de la chanson française, il nous a fait un show pas possible, et… il n’y avait que 15 personnes dans la salle. Une honte ! c’est pour te dire que le public ne s’ouvre pas à la découverte. Une vraie désolation !

Et juste pour savoir, quel est le groupe qui t’a amené le plus de public ?

C’est Floyd Factory, un tribute Pink Floyd. Au début, je leur ai dit ‘Attendez les gars, je ne peux pas vous programmer, vous faites des salles de 400 places et moi je ne peux pas recevoir autant de personnes !’. Ils m’ont répondu que ce n’était pas grave, car ils voulaient vraiment jouer chez moi et voulaient tenter le coup. C’était blindé ! On a accueilli 103 personnes et on a dû en refuser une quarantaine. Cela m’avait d’ailleurs beaucoup peiné car certains avaient parcouru de très nombreux kilomètres pour venir. Floyd Factory est revenu chez moi en 2016, et cette fois j’ai fait ‘sur réservation uniquement’. Nous avons limité à 94 entrées et 10 euros le concert. Nous avions également fait un repas unique, avec une cinquantaine de couverts. Et avec tout ce public présent, le groupe est reparti avec 760 euros tout de même.

J’imagine le travail en cuisine pour préparer tous ces repas et j’ai envie d’ouvrir une parenthèse pour vanter les mérites de Ghislaine, celle qui, comme toi, nous accueille toujours avec le sourire et les bras grands ouverts au Pitchtime.

Au tout début du Pitchtime, nous avions un cuisinier, mais au niveau salarial nous n’avons pu le conserver, car financièrement nous étions dans le rouge. Comme je te l’ai déjà dit, les repas sont un service et je voulais continuer de l’assurer. J’ai demandé à Ghislaine, ma compagne, de m’épauler et tout de suite elle a répondu favorablement. Elle fait tout ce qu’elle peut pour que cela fonctionne côté cuisine, et je lui en suis très reconnaissant. Elle n’est pas cuisinière de métier, mais c’est une femme très généreuse, même si des fois ce n’est pas toujours facile de travailler ensemble, car elle me vire de la cuisine si j’insiste pour la presser, et elle a tout fait raison de le faire (rires).

J’ai remarqué que les habitants de Dourdan sont peu présents au Pitchtime, alors que la ville est tout de même importante, et donc avec un public potentiel pour toi, alors qu’une bonne majorité de personnes présentes à de nombreux concerts n’hésitent pas à parcourir des centaines kilomètres pour venir assister à tes concerts, comme les musiciens de Gang, par exemple. Comment peux-tu expliquer cela ?

Je vais être très franc et pas langue de bois, une fois encore… Je suis très déçu de cette ville de Dourdan. L’accueil de la commune a été très mauvais dès le départ et cela s’est ressenti sur ce public qui ne fréquente pas le Pitchtime. Ces gens-là pensent que les bars sont mal fréquentés, que ce sont des dealers d’alcool, ils me l’ont dit comme cela. Je dirais que Dourdan est emprunt d’un catholicisme un peu coincé et pas très ouvert. Mon public vient des banlieues sud de Paris ou entre Chartes et Orléans. Lorsque je fais passer des groupes de Rambouillet, le public ne se déplace pas non plus, la mentalité doit être la même, je pense. Entre Rambouillet et Dourdan, c’est direct, il n’y a pas d’embouteillages, une trentaine de kilomètres en forêt, et la seule mauvaise rencontre ne peut se faire qu’avec un chevreuil (rires). J’en conclus que tous ces gens qui ont de belles maisons avec des grands murs pour les protéger préfèrent rester en autarcie dans leur milieu plutôt que de s’ouvrir aux autres.

Parlons de la fréquentation du public. Tu peux faire salle comble et c’est tant mieux, mais un élément extérieur, comme une manifestation sportive à la télé, je pense au football par exemple, peut nuire à une de tes soirées, et c’est donc assez aléatoire.

C’est totalement aléatoire. Il n’y a aucune explication. Même les périodes de vacances ne veulent rien dire J’ai déjà programmé des groupes en plein mois de Juillet et c’était blindé. Certains groupes font la moue si je leur donne une date en période de vacances, mais j’ai remarqué que ceux qui ne partent pas en vacances, peut-être parce qu’ils n’en ont pas les moyens, ont alors envie de sortir pour se changer les idées, et assister à un concert. Tu étais présent en Juillet dernier, lors du concert de Baskerville Willy, et en plus c’était le jour de la finale de l’Euro de foot et le public était présent ! Comme quoi, je le répète, c’est totalement aléatoire.

L’emplacement du Pitchtime est stratégique. C’est un atout d’être proche du centre ville, mais suffisamment éloigné pour ne gêner aucun riverain et pouvoir jouir de la musique jusqu’à une heure avancée de la nuit. Et il fait bon dîner le soir en extérieur aux beaux jours.

C’est vrai que nous avons passés de bons moments ensemble autour de la table avec les musiciens, sur la plus belle terrasse de Dourdan. Il faut le dire, car sa surface est de 100 m². Je suis à côté du cinéma et nous profitons du parking de la mairie, donc aucun problème de stationnement pour le public. Les concerts en extérieur pour la fête de la musique, c’est vraiment génial, on a de l’or. Tout sortir, la scène, les lights me prennent la journée, mais quel bonheur d’avoir 300 personnes devant la scène ! Tiens, Alain, je vais faire un peu de pub pour la fête de la musique de cette année au Pitchtime. Elle se déroulera le samedi 17 juin à partir de 16h30, avec les groupes suivants : La vie sur Mars (rock français), DB Circus (un duo Pop/Rock), Red Lotus & The Desperados (excellent tribute Gun & Roses), et Santana Road (tribute Santana). Donc avis aux amateurs de bonnes musiques ! Je rajouterai que la terrasse est sécurisée dans un square et chacun peut venir en famille avec les enfants.

Le message est passé concernant cet évènement, qu’on se le dise! Comment organises-tu la soirée avant concert, l’accueil des musiciens, la mise en place pour que tout se déroule au mieux ?

Il faut bien organiser une soirée, c’est ponctué de tout plein de choses, voire d’imprévus. Il faut suivre un ordre bien établi, sinon c’est le bordel. Je demande aux musiciens d’arriver tôt pour faire les balances, je les fais dîner en premier, avant 20 heures, pour libérer la cuisine et ensuite servir les personnes du public. C’est le bon début pour une soirée réussie.

Très souvent, en fin de concert, tu prends place derrière ta batterie pour accompagner le groupe présent. C’est, je pense, un de tes plaisirs, n’est-ce pas?

Lorsqu’ils m’invitent à venir jouer avec eux, c’est une reconnaissance, celle de faire partie de la famille des musiciens, et j’en suis très heureux. Et jouer avec de très bons musiciens, c’est vraiment super. Ils sont très généreux et te portent dans ta passion, c’est vraiment génial, et j’adore ça. Mais je ne joue seulement qu’avec les groupes de reprises. Je préfère refuser de jouer avec les groupes qui ne font que des compositions, car je ne veux pas qu’ils fassent une reprise uniquement pour moi, car j’ai un profond respect pour leur musique.

Alain, avant de conclure cette interview, un petit retour en arrière, car nous n’avons pas parlé de ton passé de musicien, ou que très brièvement.

Bon, si tu insistes… J’ai monté deux groupes qui n’ont pas beaucoup compté pour moi. Le premier groupe était Agenda. Nous avons tourné durant 7 ou 8 ans, avec une première partie pour Sapho, puis ensuite j’ai eu un deuxième groupe, Les Salles Gosses, avec également 7 ou 8 années de tournées, principalement dans les bars. C’était un groupe de rock français dans un style un peu déconnant, avec des musiciens qui sont restés mes amis, comme Lenine McDonald qui était le bassiste du groupe.

Je te remercie infiniment, Alain, pour tout ce temps que tu as bien voulu consacrer à te dévoiler aux lecteurs de Paris-Move. Je le dis souvent, il est important de côtoyer les gens au plus près, car cela permet de mieux les connaitre et mieux les apprécier. Je te dis à bientôt au Pitchtime, et très sincèrement, des anniversaires comme ton 500ème que nous avons fêté ensemble, je te souhaite d’en célébrer encore bien d’autres !

Message de la Rédaction aux lecteurs de Paris-Move : Chers amis, suivez régulièrement la programmation du Pitchtime et, plus important encore, venez nous y retrouver pour y assister à des concerts, pour que battent nos cœurs à l’unisson et que vive notre passion pour la musique !

Page Facebook et programmation : Le Pitchtime
Site officiel et programmation : Le Pitchtime – Culture Event
ITW : Alain SABBATIER – le Boss du Pitchtime
ITW préparée et réalisée par Alain AJ Blues – Avril 2017
Photos : © Alain AJ-Blues