Mr HARDEARLY au Blues Corner à Versailles le 15 mars 2019
Reportage: Alain AJ-Blues – rédacteur en chef adjoint (Paris-Move)
Photos de Mr HARDEARLY: © Alain AJ-Blues
“La musique saura toujours trouver son chemin vers nous, avec ou sans business, politique, religion ou toutes autres bêtises liées. Chaque fois que vous saisissez votre guitare pour jouer, jouez comme si c’était la dernière fois.” – Eric Clapton
Pour nous, en ce 15 mars 2019, ce n’est ni la première ni la dernière fois que nous nous rendons au Blues Corner à Versailles. Une nouvelle fois, remercions toute l’équipe du lieu pour leur accueil chaleureux et toujours ce choix d’une belle programmation qui, pour nous, est une bénédiction. Si preuve encore en fallait-il une, ce soir Mr Hardearly est à l’affiche de cette belle scène versaillaise dédiée au Blues.
L’occasion est toujours belle ici de retrouver des amis, photographes et autres personnes, pour partager une table sur le devant de la scène pour que soit la vraie complicité, loin d’un monde virtuel.
Cela faisait pas mal de temps que nous n’avions pas retrouvé Mr Hardearly, du moins en concert. Donc ce soir, sincères seront de mise pour ces retrouvailles les accolades des compères!
Place au premier set avec ce titre ‘Before you accuse me’, chanson écrite en 1957 par Bo Diddley. Mr Hardearly nous la joue version Clapton, avec un démarrage en trombe. Les premiers riffs de guitare abondent pour que déjà les bras nous en tombent.
Le Sieur Hardearly, fidèle à cette formation en trio, avec brio, est puissamment accompagné de Jean-Philippe Bernaux à la basse et aux choeurs et de Sylvain Designe à la batterie. Tous les deux, musiciens confirmés, concentrés dans la densité de leur jeu respectif, raffiné et inné, vont également nous étonner et nous fasciner.
Après cette composition ‘You don’t love me’, de l’excellent album ‘White Urban Blues’ de 2013, Mr Hardearly consacrera ce premier set essentiellement à d’autres compositions, celles de son dernier album, ‘I’m a Bluesman’, sorti en septembre de l’année passée.
Les titres s’enchainent… ‘My cradle’, ‘One desire’. Mr Hardearly dégaine, et diluvienne, cette Stratocaster de 1974 d’origine se déchaine.
Un seul titre, ‘I’m a Bluesman’, sera joué en ‘slide’ avec une autre guitare, une Fender Telecaster de 1978 d’origine, et ainsi à l’unisson avec le blues nous ferons communion et le plein d’émotions.
Forte est la complicité sur scène entre les trois artistes membre de ce trio infernal, mais également, belle est la connivence avec l’assistance. Mr Hardearly nous explique ses textes, donnant quelques précisions avec une touche humoristique ponctuée de quelques mimiques, pour présenter ses chansons.
Citons quelques autres compositions de ce dernier opus: ‘Over your shoulder’, ‘Your eyes can’t see’, ainsi que ‘Lazy’, une adaptation d’un titre de Deep Purple revisitée à la sauce Hardearly. Des adaptations que le bougre sait proposer avec une touche personnelle qui, à chaque fois, fait mouche et fait presque sonner cette ‘cover’ comme une compo signée Mr H.
Durant un long moment, assis devant la scène, fasciné et jouissant comme dans un semblant d’enivrement, sur “OFF” j’ai positionné mon reflex Canon.
Sur “ON” j’ai laissé divaguer mes errances émotionnelles, profitant de quelques élans vibrationnels. Heureux, j’ai fermé les yeux. J’avais cette impression, et je vous en fais confession, d’entendre devant moi jouer deux guitaristes qui entre eux conversaient par riffs interposés. Je vous assure que cela n’était pas dû à la bière que j’avais bue, car vous avez ma parole, elle était sans alcool.
Retour à la réalité… Je rouvre les yeux. Sur scène, pas d’imbroglio, sous un halo bleu indigo joue seulement seul… un seul ‘Guitar hero’.
Après ces deux titres, ‘Heart & soul’ et ‘Fever’, puisés dans l’album ‘X-perienced’ de 2016, et avant que ne se consume entièrement à vitesse grand V la mèche s’approchant inexorablement du stock de feux d’artifice, Mr Hardearly se charge lui même de mettre le feu avec quelques riffs incendiaires chargés d’électricité sur ‘Fire’, titre mythique de Jimi Hendrix.
Gares aux étincelles à venir, il est temps pour nous tous de faire une petite pause, d’aller prendre l’air et de reprendre nos esprits.
Durant ce premier set, l’applaudimètre a souvent flirté avec la zone rouge, et il en sera de même dès le début du deuxième set, ici, dans cette belle ville du Roi Soleil, loin de la Louisiane et de Baton Rouge. Naguère musique crépusculaire dans les champs de coton, aujourd’hui loin des bas-fonds, sans aucune différence de couleur de peau, dans la lumière, le Blues se joue sans frontières.
Flash back et petit retour sur la discographie de Mr Hardearly. Deux titres, ‘Sonnie’ et ‘I got news’, de l’album ‘X-perienced’, ainsi que ‘My kind of woman’ et ‘If I was doing the same’, de l’album ‘White Urban Blues’, seront joués.
Ensuite, s’adressant au public, Mr Hardearly annonce: “Maintenant vous allez chanter avec moi, car je vais jouer des standards que vous connaissez tous!”
Debout sur une chaise ou parcourant la salle de long en large, non avare de ses riffs de guitare, Mr Hardearly assure le show. Pour, disons le, un bel acoquinement avec le public. Tour à tour et sans détour, il fera chanter les femmes, il fera chanter les hommes, il fera chanter tout le monde, ensemble, comme sur ‘Superstition’ de Stevie Wonder ou encore ‘Come Together’ des Beatles. Ce titre sera d’ailleurs chanté à deux voix avec celle de son bassiste Jean-Philippe Bernaux.
Ce dernier, aux choeurs sur une majorité des titres, se libère de derrière son micro lorsque l’occasion se présente, pour rejoindre son guitariste et tous deux ensemble, côte à côte ou l’un en face de l’autre, se taillent la part belle pour enflammer la salle.
Sur ce titre ‘I shot the Sheriff’ de Bob Marley, Jean-Philippe se lâche totalement et nous offre un long et sublime solo d’enfer à la basse qui nous collera quelques frissons et qui sera fortement et longuement applaudi. Tout comme Sylvain Designe le sera derrière ses fûts et cymbales, généreux de sa frappe et sa dextérité.
Mr Hardearly respecte et sait rendre hommage à ses musiciens, les valorisant pour que chacun puisse s’exprimer en toute spontanéité et virtuosité dans cette formation en trio qui, humainement et musicalement, n’est pas forcément une évidence. Clapton pourrait vous le confirmer, lui qui fut le guitariste du groupe culte CREAM.
La fin du concert approchant, nous aurons une belle surprise. Mr Hardearly invite Steve Glories, jeune et talentueux guitariste, à le rejoindre sur scène pour deux titres: ‘Cocaine’, un titre signé J.J. Cale mais interprété ce soir en version Clapton, et ‘Since I met you babe’, de Joe Hunter.
Cette complicité entre deux générations et ce respect mutuel est un atout qui se lit dans les yeux de chacun des duettistes improvisés pour, ensemble, partager leur passion commune et ne faire qu’une.
Mr Hardearly fait pleurer de quelques riffs acérés sa Strat de 1974, et Steve, avec sa Strat de 1963, lui répond de son jeu fin et racé. A ce moment, j’étais scotché devant la scène, les yeux grands ouverts. Si je les avais fermer, dans mes délires j’aurais sûrement eu cette impression d’entendre jouer 4 guitaristes devant moi!
Après chaque solo de Steve, Mr Hardearly fera applaudir le public, pour que le jeune ait droit à une ovation méritée. Durant cette soirée nous avons vécu des moments forts, chargés d’émotion, et cette complicité entre ces deux guitariste en fut un. Un grand coup de coeur, parmi tant d’autres…
Deux bonnes heures se sont écoulées. C’est la fin du concert. La mèche s’est totalement consumée. Fusent dans nos coeurs les feux d’artifice aux multiples couleurs et fusent les ovations du public pour un dernier titre en rappel.
Mr Hardearly demande au public de se lever et de venir se regrouper devant la scène pour danser, si certains le souhaitent.
Pour le bouquet final, en apothéose, Mr Hardearly descend de scène et se mêle au public pour quelques facéties et quelques délires avec certains dont nous ferons partie. Tous unis, nous frapperons dans nos mains, sourires aux lèvres, petites larmes de bonheur au coin des yeux, et nous reprendrons tous en choeur les paroles de ‘Another Brick in the Wall’ de Pink Floyd.
Une nouvelle fois, nous avons vécu une soirée exceptionnelle au Blues Corner!
Dans ce domaine de prédilection qu’est le Blues, Mr Hardearly est incontestablement un des meilleurs guitaristes de sa génération. Je sais, même si je me répète, je vous l’ai déjà dit et également écrit, mais rassurez-vous, je ne souffre pas de l’Alzheimer Blues. Mr Hardearly est tout simplement l’un des tous meilleurs guitaristes de Blues de sa génération. Et son dernier album le démontre avec éclat!
Je pense vous avoir tout dit…
Mais non, car j’allais oublier de vous rappeler que vous pouvez (re)découvrir l’interview de Mr Hardearly réalisée en juin dernier pour la sortie de l’album ‘I’m a Bluesman’, ICI, sur le site PARIS-MOVE.
Et profitez-en pour relire également la double chronique de cet excellent album, ICI
Pour commander les albums de Mr Hardearly et suivre ses dates de concerts un peu partout dans l’hexagone, rendez vous sur sa page officielle Facebook, ICI, ainsi que sur son site officiel, ICI
Mr HARDEARLY au Blues Corner à Versailles le 15 mars 2019
Reportage: Alain AJ-Blues – rédacteur en chef adjoint (Paris-Move)
Photos de Mr HARDEARLY: © Alain AJ-Blues