Joe Bonamassa en concert à l’Olympia

Reportage: Dominique Boulay
Photos: © Marc Delavaud
 
Après son superbe Opus ‘The Ballad of John Henry’ on attendait Joe Bonamassa avec d’autant plus d’impatience que le garçon avait rempli à guichets fermés le Royal Albert Hall, avec, excusez du peu, Eric Clapton comme invité surprise. Même si nous savions tous que Sieur Clapton ne serait pas sur Paris ce lundi 23 novembre, on attendait tous un Joe Bonamassa avec la même flamme que celle qui avait brûlé en lui dans l’antre londonien, là même où fut enregistré le fabuleux DVD mis actuellement sur le marché.
 
Nous ne ferons pas de commentaire sur la première partie, mais posons l’inévitable question de la programmation: comment se fait-il, alors que tant d’excellents musiciens de blues courent après quelques dates, que l’on nous propose/impose des artistes qui n’ont rien à voir avec la suite de la soirée? Au moment où les Rolling Stones vont sortir un collector du célébrissime LP ‘Get Yer Ya Yas’Out’ qui va nous restituer en 3 CD et un DVD l’ambiance qui régnait en 1969 au Madison Square Garden, on ne peut que tomber sur son postérieur en voyant qu’à l’époque la première partie de ce concert nous proposait B.B King (hé oui!) ainsi que Ike & Tina Turner Et quand vous saurez qu’ensuite, lors de leur tournée mondiale, ce sont Sony Terry et Brownie Mc Ghee qui chauffaient le public avant que les Stones ne montent sur scène, on est en droit de se demander ce qui peut justifier une telle première partie avant Joe Bonamassa. D’ailleurs pour une bonne partie de la salle, le choix fut vite fait et ce fut le bar. L’avantage, à l’Olympia, c’est qu’il y en a un. Mais ce n’est malheureusement pas le cas partout…

 
Après l’entracte qu’une bonne partie du public avait donc anticipé, le moment tant attendu arrive et là, tout change de registre! Nous entrons dans l’immense. Le cosmos est à nos portes! Un riff et ‘Monsieur’ entre en scène, tout de gris souris vêtu, avec l’intro de son dernier hit, ‘The Ballad of John Henry’. La guitare explose, la rythmique martèle. Les morceaux s’enchaînent, sans laisser le temps de reprendre son souffle. On revisite en live ces morceaux qui nous laissent pantois chaque fois qu’ils passent sur nos chaînes de salon.
 
En ce qui me concerne, c’est la quatrième fois que j’ai la chance de voir le Joe sur une scène parisienne. Les deux premières prestations avaient eu lieu à l’Elysée Montmartre, tandis que la troisième se passait au New Morning. Et cette quatrième à l’Olympia. Gageons que son prochain passage nécessitera, au minimum, le Zénith ou le POPB, tant la renommée du chanteur-guitariste prend de l’ampleur.
 
Côté présence scénique, le Joe a incontestablement maturé et est devenu une véritable bête de scène. Avant, il se ‘contentait’, si l’on peut dire, d’être un immense professionnel qui jouait superbement de la guitare et qui chantait bien. Puis nous l’avons vu se transformer en guitariste talentueux qui chantait de mieux en mieux. Car maintenant, en plus de la voix parfaitement maîtrisée pour chanter ce style de blues et en plus des guitares qu’il torture et manipule tel un chirurgien spécialisé dans les interventions à ‘guitare ouverte’, Joe Bonamassa devient un véritable showman. Désormais il ne laisse plus aucun spectateur seul dans son fauteuil. Il donne l’impression que c’est chacun de nous qu’il regarde, et que c’est pour chaque membre du public en particulier qu’il joue, traversant la scène de par en par et dressant sa guitare vers les balcons.

 
Côté guitares, il en change quasi pour chaque titre: que ce soient de magnifiques Gibson, de rutilantes Fender, une Flying V du meilleur aloi, une guitare acoustique, une superbe guitare bleue six cordes et douze cordes avec double manche, chaque morceau a droit à sa guitare. Et en maître de cérémonie incontesté, le Joe ne se contente pas de se mettre seul en scène pour notre grand plaisir. C’est une belle petite armada qui l’accompagne, et dont la logistique n’est pas des moindres: à la batterie, Bogie Bowles, qui enregistra successivement avec Ozzy Osbourne, Kenny Wayne Shepherd et qui fit la tournée pour les 80 ans de B.B King; aux claviers c’est Rick Melik qui assure, celui que l’on retrouve sur l’album ‘Slow Gin’,et à la guitare basse, Carmine Rojas, qui fût pendant 13 ans le préposé aux fûts de Rod Stewart, David Bowie, Keith Richards, Tina Turner et Stevie Wonder, excusez du peu. Rien que du beau monde, donc, pour une grandiose célébration de la musique bleue. D’ailleurs la foule ne s’était pas trompée sur l’importance de l’événement, l’Olympia affichant salle comble et rappels à mettre le feu.
 
Une soirée dont les murs de la célèbre salle se souviendront longtemps. Et, consolation suprême pour tous ceux qui ont raté l’événement, précipitez-vous sur le DVD du concert au Royal Albert Hall de Londres en attendant le prochain concert du Joe, au Zénith ou au Palais Omnisports de Paris Bercy. Et pas plus tard que l’année prochaine,…espérons-nous.
 
Dominique Boulay
Blues Magazine
 
Remerciements à Olivier Garnier, Marc Delavaud et Frankie Bluesy Pfeiffer