Jazz

Dès la première écoute, le son si caractéristique de l’alto, associé à un phrasé tout aussi réminiscent, accuse son héritage coltranien. Mais si Samy Thiébault n’en dissimule certes pas l’influence déterminante, il n’est nulle part ici question d’un quelconque revivalisme servile. Avec ce sixième album (produit par Eric Legnini), il franchit une nouvelle étape dans sa carrière. Toujours accompagné de ses fidèles Adrien Chicot (claviers), Sylvain Romano (contrebasse) et Philippe Soirat (batterie), il plonge plus que jamais dans ses racines personnelles (“Abidjan”, où il vit le jour, ou encore “Raqsat Fès”, ville natale de sa mère), alternant également flûte alto et sax soprano. L’Afrique traverse cet opus comme le ferait un fleuve nourricier (“Nafassam” ou “Nesfé Jahan”, aux relents de comptine malienne). Guest amical, le grand Avishai Cohen prête le concours de sa trompette inspirée à quelques plages, dont la superbe “Enlightment Suite”, variante sur une trame d’Erik Satie.  Après l’étonnant “Feast Of Friends” (hommage à la musique des Doors paru l’an dernier), Thiébault défriche à présent ses propres terres, dessinant des paysages aux contours mordorés. Suivez le guide !