THE MURLOCS – Rapscallion

ATO Records
Garage indie, Psyché
THE MURLOCS - Rapscallion

Formé en 2011 par Ambrose Kenny-Smith (rejoint en 2013 par Cook Craig) en tant que side-project aux stakhanovistes King Gizzard & The Lizard Wizard (dont ils sont tout deux également issus), The Murlocs sont un autre groupe australien, déjà à la tête de huit albums (dont le “Live At The Teragram Ballroom” paru l’an dernier). Se traduisant par “vaurien“, le titre de cet enregistrement publié il y a trois ans (leur sixième) fait référence au parcours initiatique d’un adolescent. Second “concept-album” de leur discographie (après “Bittersweet Demons”, qui se hissa à la sixième place des charts australiens), il fut réalisé dans les conditions précaires liées au confinement généralisé de 2020, et faisait une fois encore référence au vécu d’Ambrose Kenny-Smith. Expérience initiatique s’il en fut, puisque la set-list s’ouvre sur un “Subsiduary” où la famille et la filiation sont dépeints comme une aliénation dont on ne peut s’émanciper que par la fuite (rejoignant sur ce point notre Edouard Louis national, et son roman autobiographique “En Finir Avec Eddy Bellegueule”). Le fugueur commence par s’échapper de son foyer toxique en auto-stop (“Bellarine Ballerina”), avant de jeter un regard sans complaisance sur son existence d’alors (“Living Under A Rock”). Typiques du son vintage-garage du groupe, ces trois plages se caractérisent par des claviers psychédéliques, une fuzz omniprésente et l’harmonica enfiévré de Kenny-Smith, dont les vocals hurlés se noient quelque peu dans la masse. Pour énergiques qu’ils se révèlent, la structure de ces morceaux n’en demeure pas moins semée de brusques changements de climats et de tempo (marque de fabrique commune avec King Gizzard), et l’on n’y trouve guère d’équivalent lointains qu’avec les tout début de Sparks et de Franz Ferdinand (“Living Under A Rock”, “Farewell To Clemency” et le glam “Bobbing And Weaving”, qui traite des risques et aléas de la fraude au transport). Notre héros connaîtra encore bien des déboires (battu par des machos dans un relais routier sur “Farewell To Clemency”, contraint de dormir à la belle étoile dans une casse de voitures sur le romantique “Compos Mentis”, nimbé de chœurs et de cuivres), ne subsistant que par de menus larcins (“Virgin Criminal”), et ne trouvant d’asile occasionnel que dans de saugrenues pensions de famille (“The Royal Vagabond”). Il finira par s’amouracher d’une jeune SDF aux jambes arquées (“Bowlegged Beautiful”), avec laquelle il zonera dans la fange interlope des toxicomanies (“Wickr Man”, en réponse au “Waiting For My Man” de Lou Reed), où sa dulcinée ne tardera pas à laisser sa peau (“The Ballad Of Peggy Mae”). Des années plus tard, la conclusion de ce périple tient en “Growing Pains”, que l’on peut traduire alternativement par “douleurs de croissance” et “souffrance rémanente“. Moins grandiloquent que “Tommy”, “Quadrophenia” ou “The Lamb Lies Down On Broadway” voici donc un album relatant un pénible passage à l’âge adulte, dont on peut à la rigueur chercher les prémisses chez le “S.F Sorrow” des Pretty Things et “Schoolboys In Disgrace” des Kinks, sans omettre d’y mentionner les rôles essentiels qu’y revêtent guitares (Cal Shortal) et claviers (Tim Karmouche), ainsi que celui d’une section rythmique hautement polyvalente (Cook Craig et Matt Blach). Aussi riche et varié que sa thématique peut s’avérer angoissante, un skeud qui secoue autant qu’il séduit.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, August 25th 2025

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