Blues-Rock, Soul |

Nous avons déjà tressé leurs louanges à deux reprises (ICI et ICI), et ce n’est pas la troisième livraison de ce gang qui nous démentira. Capté “à l’ancienne” (live en studio sur bandes, avec amplis à lampes, claviers 100% analogiques, etc.), cet opus s’ouvre sur le manifeste “I’m Gonna Play The Blues”, aussi heavy que le “Tons Of Sobs” et le “Mr Big” de Free, voici plus d’un demi-siècle. Si le timbre de grande féline de Jessie Houiller n’y a rien à envier à ceux de Beth Hart et de la Joplin de rigueur, les guitares de son fidèle bras droit, Alexis “Mr Al” Didier, ne s’y cantonnent pas non plus à la seule référence au regretté Paul Kossoff, s’auto-doublant en harmonie à la manière des twins de Thin Lizzy et Wishbone Ash. C’est vers le ménage Tedeschi-Trucks que lorgne ensuite “Show Me Your Love”, avec sa slide rappelant aussi le Rossington-Collins Band (formation transitoire post-Skynyrd crash, avec la rugissante Dale Krantz au micro), le piano de Laurian Daire y suppléant allègrement celui du non moins regretté Billy Powell. Entre Gary Moore et le Clapton de “Old Love”, “What I Feel” est la blues-rock ballad de circonstance (avec son crescendo de six cordes lyriques soutenu à l’orgue Hammond), où Jessie Lee démontre une fois encore toute l’étendue de son pouvoir d’émotion. Elle poursuit dans ce registre avec le poignant “The First Man In My Life” (manifestement dédié à son paternel), qui prend une captivante tournure gospel à mi-parcours (chœurs churchy à l’appui). “Good Old Days Are Gone” enchaîne en mode jump-swing, poussé par les claviers d’un Laurian en plein trip Jimmy Smith, et le manche d’un Mr. Al entre T-Bone Walker et Robben Ford, avant que l’adaptation inattendue du “You’re The One That I Want” (qu’interprétaient en duo John Travolta et Olivia Newton-John sur la B.O. de “Grease”!) ne fasse office de surprise du chef. En mode lazy skank, cette version transfigurée offre à l’orgue de Daire l’occasion d’un solo d’anthologie (à la manière du Billy Preston de “Let It Be”), avant que Mr Al n’y porte l’estocade en un chorus lyrique, assorti de quelques heavy breaks bien sentis. La référence à la grande Susan Tedeschi s’impose à nouveau avec “Oh My Love”, où les six cordes d’Alexis s’assortissent d’une slide millésimée early-seventies (si vous mentionnez Duane, on ne vous en tiendra pas rigueur). On n’avait pas encore eu notre ration de funky rhythm n’ blues, et il était temps que “Send Your Soul” nous rassasie en la matière. La rythmique s’y la joue second-line néo-orléanais, tandis que le guitar-hero maison tricote façon Walter Wolfman Washington, et que le piano de Laurian évoque les géants locaux que demeurent Professor Longhair et James Booker. C’est ostensiblement vers le regretté Allman Brothers Band qu’incline le southern-shuffle “Sing For You”, tandis que le non moins funky et roboratif “What I Need” oscille entre Jeff Beck et Hendrix (attention les yeux), et qu’introduit par une slide aussi languide que gouleyante, le “On The Other Side” conclusif ne ferme le ban en mode sudiste assumé… En résumé, quand une vocaliste d’exception rencontre des musiciens lui permettant d’explorer toutes les facettes de son art, s’attendre de leur part à moins qu’un classique relèverait d’une forme de capitulation. Cette fois encore, nous en sommes évidemment loin. Calibré pour l’international, si cet album ne cartonnait pas d’abord chez nous, ce serait vraiment que nous ne le méritions pas.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, June 13th 2025
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En concert le 3 juillet lors du Festival Cognac Blues Passions, et en tournée d’ici là (et ensuite): à choper live d’urgence!!!