Rock |

Quelques mots sur Audrey Shine, déjà… “Tu dansais dans le ventre de ta mère quand je jouais de la guitare”, lui confia son père un jour, avant de lui offrir sa première six cordes pour son onzième anniversaire. Elle assistait alors à ses interminables répétitions sans jamais se lasser, tandis que son oncle (chanteur dans un big band à Cavaillon, et grand amoureux de la chanson française) lui faisait découvrir sa discothèque en chantant avec elle, et l’emmenant à toutes les représentations qu’il assurait ou qu’il présentait. À 25 ans, elle se lance dans la musique à temps plein, après des études de droit à Aix-en-Provence et en Guadeloupe (où elle séjourna huit ans durant). À la fois chanteuse et instrumentiste, elle a également suivi des cours de piano et de basse. Son parcours aux multiples méandres résulte de son désir permanent de suivre ses envies, lesquelles naissent le plus souvent de ses rencontres. Après des passages par la pop, le rock (le groupe Duelle), la chanson française, l’écriture d’une comédie musicale aux couleurs des années 60 (et même un répertoire pour enfants), elle croise en 2014 Clément Garcin, guitariste manouche. Elle lui propose d’enregistrer un album, qu’ils composent ensemble, et dont elle écrit les textes. Nouveau virage à 180° cette fois, avec le tandem qu’elle constitue à présent avec le guitar-hero, collectionneur vintage et producteur Mark Alberts, auprès duquel elle se révèle totalement crédible en panthère rock. Sur le modèle d’autres duos mixtes tels que The Kills, nos deux comparses se la jouent DIY: une guitare, une basse, deux micros chant, une boîte à rythmes et une pédale loop leur suffisent pour débiter une brochette de covers transfigurées, qu’ils agrémentent d’une poignée d’originaux sous influence, mais néanmoins de leur cru. “That Girl Is Killing Me” assume ainsi fièrement son ascendant White Stripes circa “7 Nation Army”, tandis que le “Shots Of Love” introductif en fait autant avec les Detroit Cobras, et le slow crépusculaire “Bad Love Heroes” avec Shannon & The Clams. Leurs adaptations n’en valent pas moins le détour: depuis le “Then He Kissed Me” des Crystals (signé Barry-Greenwich-Spector), qui prend chez eux les atours de train-fantôme forcément hanté que célébraient en leur temps les Cramps de Lux et Ivy, tandis que le “Light My Fire” de Morrison-Krieger se voit relifté façon “Tainted Love” de Soft Cell (saupoudré toutefois d’un soupçon du “Blue Hotel” de Chris Isaak), et l’intouchable “That’s Alright Mama” d’Elvis (via Arthur “Big Boy” Crudup) affublé d’un beat à la Gary Glitter, ainsi que de guitares (et chœurs) à la T-Rex! On ne peut passer non plus sous silence ce “Don’t Go” que l’on attribuerait à tort à Yazoo, mais dont j’avoue ne pas reconnaître l’origine. Toujours est-il que l’on jurerait y ouïr Brian Setzer jammer avec Alan Vega et Cindy Lauper, que l’association synthé-guitares et robotwist s’y avère irrésistible, et les échanges vocaux entre ses deux protagonistes littéralement incendiaires. Passent encore ainsi à leur improbable moulinette “About A Girl” de Nirvana (dans une même veine glam, revampée cette fois “Runaway Boys”), “Rock Me Baby” de B.B. King (via Lil’ Son Jackson), entre Marc Bolan et RL Burnside, ainsi que “I Put A Spell On You” de Screamin’ Jay Hawkins (déjà repris par quasiment tout le monde, de Nina Simone à Creedence, en passant bien entendu par Alan Price, Brian Ferry et Them). Incontournable surprise du semestre, cette bombinette rock se rit des catégories et des tabous, invitant juste à pousser les meubles et les potards pour se déhancher le jerk jusqu’à la rupture du col du fémur!
PS: Sur scène, ils reprennent même le “Can The Can” de Suzi Cointreau!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, May 26th 2025
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