PAUL COWLEY – Stroll Out West

Self-produced
Country Blues
PAUL COWLEY - Stroll Out West

Il est assurément le plus Breton de nos british folk bluesers (à moins que ce ne soit l’inverse). Établi depuis des années avec son épouse dans le Morbihan, le singer-songwriter et guitariste Paul Cowley (natif de Birmingham) y combine avec cette dernière sa carrière de musicien et celle d’hôte en gîte rural. C’est depuis ce refuge qu’il nous adresse son cinquième album solo à ce jour. Dès l’original “My Kinda Girl” d’ouverture, on retrouve, intact, le charme discret qui présidait à sa précédente livraison “Long Time Comin'” (paru en 2021 et chroniqué ICI): ce mix familier de vocals pâteux à la Jorma Kaukonen, et de picking hérité de Mississippi John Hurt. Le tout surfant en l’occurrence sur un swing quasi-jazzy emprunté au meilleur de J.J. Cale. Côté covers, outre l’erratique “Special Rider Blues” de Skip James, le “Stagger Lee” que popularisa John Hurt, le “Catfish Blues” de Robert Petway et le “Preachin’ Blues” qu’il attribue à Robert Johnson (tandis que Son House aurait assurément pu en revendiquer la paternité), Paul nous régale de son adaptation country blues du “Tracks Of My Tears” de Smokey Robinson, dont il ponctue malicieusement sa set list en concert. Et pour ce qui relève de ses propres compositions, le lancinant “On My Way” prolonge ses références au Reverend Gary Davis (via Hot Tuna), tandis que l’autobiographique “Nosey” en fait autant avec Mississippi John Hurt, et que le long “World Gone Crazy” (de plus de 7 minutes) rappelle la facture hypnotique de Lightnin’ Hopkins. Le poignant “Life Is Short” (écrit à propos de son défunt paternel), et même le plus anecdotique (tel ce country boogie acoustique de “Songs Of Love”) parviennent à transmettre l’authenticité de l’expérience vécue pour de vrai. C’est à ce prix que Paul Cowley nous remémore l’essence même du folk-blues, censé atteindre chacune et chacun en son for intérieur le plus intime. À cet égard, voici donc un disque aussi précieux que rare, en ces temps de coups médiatiques et commerciaux se dégonflant souvent comme autant de baudruches.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 17th 2023

::::::::::::::::::::::::::::::