PAUL COWLEY – Long Time Comin’

Autoproduction
Folk-Blues
PAUL COWLEY - Long Time Comin'

Tous ceux qui comprirent où voulaient en venir Jorma Kaukonen et Jack Casady, quand ils désertèrent la machine à cash qu’était devenu Jefferson Airplane voici un demi-siècle, pour revenir à leurs racines country-blues via le premier (et mythique) album live de Hot Tuna, sauront apprécier à sa juste valeur la démarche du bluesman britannique Paul Cowley. Si ce n’est que ce dernier n’eut pas besoin de se soumettre aux mêmes compromissions initiales pour embrasser l’art du picking de Mississippi John Hurt et du révérend Gary Davis, jusqu’à les assimiler à ses propres compositions. Slide et arpèges s’y harmonisent avec la délicate virtuosité d’un Harry Manx (cf. les splendides “Simple Life”, “Rainin'” et “Lightnins Train”, pièces maîtresses de cette collection, voire la plage titulaire), et ses adaptations du “Screamin’ & Hollerin’ The Blues” de Charley “Charlie” Patton (auquel il applique les styles conjoints de Big Joe Williams, Jesse Fuller et Bukka White), “Lost Lover Blues” (Blind Boy Fuller), “Love Changin’ Blues” (Blind Willie McTell) et “Louis Collins” (Mississippi John Hurt) tutoient ce dont bien peu de musiciens blancs s’avérèrent capables avant lui (on songe à Ry Cooder et Kaukonen, voire à certaines plages du Dylan de “Blood On The Tracks”). Il suffit d’écouter ce qu’il fait ici du “Confession Blues” de Ray Charles pour saisir que l’on se trouve en présence d’un talent des plus personnels, en dépit de l’apparent classicisme de son art. On le sait bien : il faut être un funambule accompli pour s’en sortir seul avec une simple guitare acoustique, un tube d’acier à l’auriculaire et un micro chant. C’est précisément ce à quoi parvient ici Paul Cowley (hormis le drumming swinguant et la lead guitar électrique de Paul Ferrari sur “Don’t Need Too Much”). Aussi poignants que pénétrés, les douze titres qui composent son quatrième album à ce jour le rangent, en dépit de sa modestie, parmi les plus grands dans le registre qu’il s’est choisi.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 27th 2021

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Paul Cowley – Long Time Comin’ (teaser video):
https://www.youtube.com/watch?v=_-Iv5t-vZoo