Blues |
ZU, vous connaissez? Si la réponse est non, il serait grand temps pour vous de consulter l’annuaire des artistes du blues pour combler cette lacune. Je sais, me direz vous, Z n’est pas la première lettre de l’alphabet, mais ne cherchez pas d’excuses car rien ne vous empêche de bousculer quelques habitudes et de commencer par la fin! Alors lettre Z, nous y sommes. ZU, guitariste, auteur, compositeur, interprète, sort son quatrième album solo en ce mois de février ‘Mûr pour le Blues’ (hors duo Les Blouzayeurs dont il est également chanteur et guitariste) sous le label Bluesiac.
Excellent guitariste au jeu fin et subtil, héritage des grands qui l’ont précédé, l’artiste puise son inspiration aux racines de cette discipline, le blues rural des pionniers, revendiquant ses origines, son vécu et ses errances, son blues passion à dominance urbaine.
Poète de l’extrême, fervent défenseur de sa langue natale, ZU nous offre une dizaine de compositions de son cru, façonnant la langue de Molière tel un orfèvre, il sculpte les mots et jongle avec de façon malicieuse et jouissive.
Pour ce nouvel opus, ZU est accompagné des Schizuphrènes, Guy Vassano aux claviers, Eric ‘4001’ Haenbecker à la basse et contrebasse, et Louis ‘La Tocante’ Phin à la batterie et percussions et…et..surprise, d’une belle brochette d’invités de marque liés par l’amitié, comme Alain Ganne (souvenez-vous, c’était le saxophoniste sur le tube ‘Joe le Taxi’, avec la jeune Vanessa) marquant son emprunte d’un incisif solo de sax sur ce premier titre ‘Je parle mal’, un Chicago blues identitaire, non pas celui du West Side, ça se saurait, mais plutôt banlieue, personne n’est parfait.
Indissociable du blues, l’harmonica est à l’honneur sur cet album, et quand Monsieur Benoit Blue Boy en personne s’y colle sur ‘Mûr pour le blues’, c’est le frisson garanti, il y a comme de l’orgasme dans l’air!
Après ‘Ce toit sera le nôtre’, savoureux blues lent diaboliquement acoustique, place au ‘Flouze blues’ avec Buzz Harpo à l’harmo, coup de gueule bien pensé concernant ce pognon qui fait la finance et le crime en toute innocence. Comme si elle avait trouvé l’amour sur ‘ l’autre rive’, sublime est la guitare de ZU, contestataire, elle se la joue sur ‘la môme et les salauds’ pour mieux contraster sur un vent de révolte naviguant entre dure réalité et innocence. Evitant les clichés, ZU affiche sa créativité, tant au niveau des textes jubilatoires à souhait tel ‘Santé’, sublimé par la présence de Philippe Gilbert au saxophone alto, tant par la mixité instrumentale sur le titre ‘Yoyo’ ou les accords de la guitare lap steel de Jeff Parade et les notes d’accordéon de Pascal Rosiak nous bluffent en surfant sur les montagnes russes de la vie. C’est la ‘Chasse au naturel’ et même cette complicité aux harmonicas avec Olivier Poumay et Buzz Harpo n’y fait rien, il revient au galop.
Après le dernier titre ‘Le corps est un passeport’ comme un homme à la mer, il faut mouiller au port et sécher en enfer. Patientez quelques minutes, même si vous n’avez rien à déclarer, pour découvrir ce bonus track instrumental ‘Boogaloo panard’ cuivré aux sax d’Alain Ganne et à la trompette de Didier Melck.
ZU est donc mûr pour le blues, il était temps, on aurait pu encore attendre longtemps et rater l’essentiel…!
Notons une double actualité pour l’artiste, car dernièrement est paru un recueil de ses textes intitulé ‘Le blues dans tous mes états’, préfacé par Benoit Blue Boy, édité chez le Pédalo Ivre. Depuis une trentaine d’années, ZU écrit sans répit sur les thèmes qui lui sont chers, injustice, humour, labeur, mort, sexe, poésie, amour et ivresse, puisés à l’essence même du Blues. Il vous est donc fortement recommandé d’aller pointer à Zuzine ( www.zuzine.com ), faire d’une pierre deux coups pour vous procurer ces deux indispensables que sont le CD et le livre.
Paris-Move